Voici un petit post à propos de ce rapport sur la traduction et la condition des traducteurs en France.
Je tiens aussi à passer un petit coup de gueule car notre formation en espagnol risque d'être fermée (ou bien ouverte un an sur deux) pour raisons financières.
Je suis révoltée et j'espère que nous réussirons à faire changer les mentalités avant qu'il ne soit trop tard...
Bonne lecture!
Samedi 19 mars 2011, Porte de Versailles, Salon du Livre.
Cher tous,
Aujourd’hui est un grand jour. Je suis au Salon du Livre et – ô joie ! – j’ai remarqué qu’une conférence avait lieu à 18h.
Intitulée Traducteurs et Traduction, le rapport Pierre Assouline, je me dis que je ne peux pas la rater. Si je ne dois en voir qu’une, ce sera celle-là !
Chose dite, chose faite.
Je traîne mon petit ami à travers la foule « Mais si, tu vas voir, ça va être bien ! Et puis comme ça tu vas connaître un peu plus ce milieu ! ». Le pauvre a l’air dubitatif mais me suit. Nous sommes restés deux heures debout mais ce que nous avons pu voir et entendre a été très instructif.
Étaient présents Pierre Assouline, journaliste et écrivain, l’éditrice Dominique Bourgois, l’éditeur Antoine Gallimard, président du Syndicat National de l’Edition, et Olivier Mannoni, traducteur de l’allemand, président de l’ATLF.
Je laisse la vidéo ci-joint pour que vous puissiez voir intégralement la conférence. Une vidéo à voir même pour les non-traducteurs. Si vous lisez des traductions, c'est toujours intéressant de savoir...
Pierre Assouline a rencontré des éditeurs, des traducteurs et aborde dans son rapport les critères de sélection, la formation, la rémunération, la mauvaise fois des éditeurs et des traducteurs (comment ça une mauvaise foi des traducteurs ??) ainsi que d’autres thèmes.
Un rapport qui s’annonce varié et très intéressant pour nous tous.
Il sera disponible d’ici quelques jours sur le site du CNL et en version imprimée d’ici un mois. Lorsque j’aurai trouvé le lien internet pour le télécharger, je l’enverrai à Caroline.
Concernant les formations, j’ai été choquée d’entendre ce qui a été dit durant la conférence. Le thème a été abordé très rapidement et j’ai hâte de voir ce que dit le rapport.
En résumé, il paraît que les formations ne sont pas aussi bonnes qu’elles devraient l’être, que nos professeurs ne sont pas des professionnels, que nous en sortons avec un niveau de français insuffisant ou encore que nous ne rencontrons pas d’éditeurs, de libraires ou de traducteurs. Je vous laisse voir la vidéo pour vous faire une idée.
J’ai eu très envie de prendre le micro mais le temps de parole accordé au public a été bref et ce sont surtout des traducteurs qui ont pu s’exprimer.
J’aurais aimé faire entendre ma voix et expliquer qu’à Bordeaux 3, notre master sort apparemment du lot, que nos tuteurs sont des traducteurs qui publient, que notre niveau de français est plutôt bon (la preuve sur ce blog !), que nous apprenons à aiguiser notre plume, que nous rencontrons des professionnels ou encore que nous avons un stage à exécuter en maison d’édition…
La liste est longue et j’aimerais voir si dans le rapport de Pierre Assouline il y a une référence à notre master et à notre formation d’hispanistes. Les anglicistes semblent nous envier et je ne peux que remercier Caroline pour tout ce qu’elle nous apporte depuis ce début d’année.
Merci de nous pousser, de nous ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure (la culture est partout !), de nous apprendre tant de choses et de nous faire voir la traduction autrement.
Je ne sais pas si je pourrai publier une traduction un jour mais cette formation me fait grandir chaque jour et m’oblige à donner le meilleur de moi-même.
En apprenant que notre formation allait sans doute être fermée pour des raisons financières j’ai envie de demander à tout le monde de réfléchir un instant…
Une formation professionnelle coûte cher mais cela n’en vaut-il pas la peine ?
Sachez que la France est le pays qui traduit le plus au monde, que les gens lisent et que la traduction a encore de beaux jours devant elle.
Sachez que dans ce rapport, Pierre Assouline aborde le problème du trop grand nombre d’anglicistes dans les formations.
Quand j’entends dire que c’est une formation d’hispanistes que l’ont veut fermer, je suis affligée. Où est la logique là dedans ?
Je n’ai rien contre les anglicistes. Je ne souhaite pas fermer leur formation au lieu de la notre.
Mais pourquoi ne pas laisser les deux ouvertes ? Il y a trop de futurs traducteurs anglicistes mais personne ne parle des hispanistes. Ce que j’ai entendu (et ce que je pense lire d’ici peu), c’est que les langues rares sont un marché qui se développe mais que le marché de l’espagnol ne faiblit pas. Pour l’instant le nombre de traducteurs d’espagnol n’est pas trop élevé et la situation n’est pas bloquée, au contraire.
Cette formation n’a pas à être fermée. Pour l’amour de la culture, de la traduction, des livres… Pour une question de logique… Pour l’avenir des étudiants qui ont accès, grâce à ce master, à un milieu trop peu connu ainsi qu’à un contact avec la vie professionnelle…
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'espère de tout cœur que votre formation de traduction littéraire sera maintenue. Car une formation de qualité est toujours nécessaire. Il est faux de dire, ou de laisser entendre que le master de traduction littéraire ne sert à rien. Il faut prendre un peu de recul et porter un jugement plus réfléchi, plus vaste, sur ce que peut être notre métier, comme bien d'autres métiers : combien d'agrégatifs deviennent des agrégés de lettres, combien d'étudiants de sciences-po deviennent des journalistes,combien d'élèves des Beaux-Arts deviennent des artistes peintres, etc ? Ils ont pourtant bien, eux aussi, fréquenté une école pour se former à leur futur métier. On ne saurait remettre en question le bien-fondé d'une école de journalisme, alors pourquoi vouloir faire disparaître un master de traduction ?
Certes, dans cette profession, la concurrence est rude. Et les critères de réussite sont variables et aléatoires : la chance, le talent, les relations... L'un ou l'autre ? Une combinaison qui s'éloigne parfois des compétences requises ?
Mieux vaut travailler, persévérer, et se dire que si l'on veut vraiment faire ce métier, il faut s'en donner le temps, et mettre toutes les chances de son côté. Sortir de l'impatience et ne pas oublier que le métier d'écrire est difficile, exigeant, chaque jour davantage...On peut apprendre cela aussi, dans le cadre d'un master de traduction. Les réalités professionnelles font partie de cet apprentissage.
Pour devenir traducteur littéraire, et avant de pouvoir consacrer tout son temps à l'écriture, il faut être un excellent hispaniste, angliciste, germaniste... Il faut donc avoir fait de solides études à l'université, avoir séjourné à l'étranger, et le master de traduction est une formation qui peaufine ce long cursus. Certains étudiants n'ont pas eu la chance de suivre cette formation qui n'existait pas encore, mais la plupart des traducteurs ont suivi des études universitaires dans leur domaine de prédilection. Ce sont des conditions sine qua non. Bien sûr, il faut être cultivé et curieux, il faut être un lecteur attentif,être doué etc.
Mais sans cette alchimie, les livres traduits peuvent vite devenir des élucubrations plus ou moins réussies...
Souhaitons donc longue vie à tous nos master(s) ! Et courage à vous tous !
Irena
Irena,
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire. Ce que vous dites est tellement vrai...
Notre master a malheureusement été fermé pour la rentrée à venir.
Nous continuerons donc chacun notre chemin avec une pensée pour les élèves de Master 1 de Bordeaux 3 qui s'étaient préparés mais qui n'auront pas la chance de connaître cette formation exceptionnelle (ce fut une de mes meilleures années d'études pour ce que j'ai appris et ce que les enseignants m'ont apporté).
Merci encore pour votre message.
Le rapport de Pierre Assouline n'est toujours pas disponible il me semble...
En cours de relecture apparemment.
Je trouve tout ceci un peu bizarre mais j'attends sa sortie avec impatience (si sortie il y a...).
Très bonne soirée.
Julie
Julie,
RépondreSupprimerLe rapport Assouline devrait être disponible très prochainement, semble-t-il. Je me demande, tout comme vous, pourquoi il a été présenté "en avant-première", pour être publié après une "relecture" quelques mois plus tard. Mais nous l'attendons depuis plusieurs années,par conséquent, nous nous réjouissons de pouvoir lire bientôt ce que l'on dit de nous...
D'autant que nous sommes curieux de savoir sur quelles bases ce rapport a été établi, dans quelles conditions cette "enquête" a été menée, quels sont les collègues qui ont été sollicités...
A suivre, et à bientôt !
Avec une bonne pensée pour vos camarades de Master 1, et pour toutes celles et ceux qui entrent cette année dans la profession.
Au plaisir de vous lire,
Irena