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mercredi 6 avril 2011

Dernière version de ma nouvelle

Stéphanie Benson a revu nos nouvelles une par une et a noté ses remarques.
Celles que j'ai eu m'ont été très bénéfiques. J'ai compris que certains passages n'apportaient pas grand chose au texte, que certains adjectifs plutôt plats ne servaient pas à grand chose.
Je la remercie pour ses conseils et sa présence lors des ateliers d'écriture. 
Ce fut un de mes ateliers préférés cette année. 
Il ne nous reste d'ailleurs plus qu'une semaine et demi de cours... Je commence à être nostalgique et à me dire que tout est passé trop vite.
Mais bon, l'aventure n'est pas terminée. Ma traduction est loin d'être parfaite, le stage n'est pas encore commencé... Que de choses à vivre cet été!!

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture de ma nouvelle enfin achevée. Elle s'appelle Lune.
Pas très original. Mais il faut dire que trouver un titre n'est pas une mince affaire!!

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle n’arrivait pas à croire que malgré tout, son avenir serait heureux. Pourtant ravissante du haut de ses quinze ans, elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir de jais aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait jolie. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée, qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. Elle percevait des voix éloignées qui répétaient, à la fois douces et angoissantes : « C’est le plus beau jour de ta vie ! ».
— Lune, que fais-tu encore ici ? , lui lança une petite femme ronde avec un sourire réconfortant.
— Je me demandais où était mon collier en or. Je crois l’avoir perdu…
— Voyons, ma petite Lune, ne pleure pas pour ça ! Lève-toi, nous allons le chercher, dit la femme en se penchant de tous côtés et en défaisant les draps du lit.
Lune ne bougeait pas. Elle observait sa marraine qui s’agitait autour d’elle sans vraiment la voir. Les voix revenaient, lancinantes : « C’est le plus beau jour de ta vie ! ». Un petit cri aigu lui fit retrouver ses esprits.
— Je m’en doutais ! Il a dû tomber quand tu dormais ! Tiens ma chérie, mets-le. Comme tu as grandi…, murmura la marraine avec une pointe de nostalgie.
— Anne, aide-moi à l’attacher, s’il te plaît, demanda Lune. Puis elle se mit à pleurer de plus belle.
Anne la prit dans ses bras. Une lumière dorée auréolait les deux femmes. Le lit à baldaquins, majestueux, donnait l’impression que Lune était encore toute petite. Le soleil se reflétait sur les draps délicats en créant des reflets moirés. Tout autour d’elle était sublimé. Parfois, l’ombre d’un oiseau dansait sur les murs de pierre, glissant à travers les barreaux de la fenêtre. Il se retrouvait ainsi piégé, malgré lui, dans une petite cage faite de dorures, de pierres froides et de tissus raffinés. Lune se sentait comme ces ombres fuyantes. Depuis un mois, elle errait dans la grande maison familiale, sans appétit, absente, presque invisible. Sa chambre était devenue son seul refuge.
Un bruissement d’ailes la fit se retourner vers la fenêtre. Un corbeau se trouvait sur le rebord et avait passé sa tête à travers les barreaux. La marraine se précipita vers lui pour l’effrayer.
— Va-t’en oiseau de malheur !
Anne faisait de grands gestes désordonnés. Elle avait beau s’égosiller et remuer comme une démente, elle ne parvenait pas à faire fuir le corbeau. Celui-ci, stoïque, l’observait.
Lune ne put réprimer un petit rire au spectacle de sa marraine échevelée et du corbeau indifférent.
— Va-t’en ! Va-t’en ! Et toi Lune, ne ris pas ! Je suis toute décoiffée et cet imbécile d’animal me regarde sans bouger.
— Laisse-le donc, nous avons autre chose à faire. On nous attend.
Lune sentait un nœud se former dans sa gorge à mesure qu’elle prononçait ces paroles. Son sourire s’effaça.
Anne trottina jusqu’au miroir pour tenter de redonner un peu d’allure à son chignon. Le corbeau croassa et s’envola dans le ciel bleu. Une petite brise pénétra dans la pièce. Lune respira profondément pour s’imprégner de l’air pur chargé de l’odeur subtile et rassurante de l’herbe fraîchement coupée. Elle regarda par la fenêtre et sa marraine vint se placer derrière elle. « C’est une belle journée, une fête grandiose nous attend ».
À ces mots, la gorge de Lune devint plus étroite encore et ses mains moites cherchèrent un support sur lequel s’appuyer. Elle ne pouvait rien dire. Il était trop tard.
Anne savait. Depuis toujours. Mais elle non plus ne dirait rien.
La vie était faite ainsi. Des promesses, des compromis, des engagements…
Pour les hommes de haut rang, l’amour était une chose futile et il ne devait, en aucun cas, venir à l’encontre de leurs intérêts.
Après une dernière étreinte, sa marraine proposa à Lune de la suivre jusqu’au jardin. Les invités étaient arrivés et il ne manquait plus qu’elle à la fête.
Lune descendit les escaliers en s’agrippant au bras de celle qui l’avait vue grandir. Elle se dirigea ensuite vers le jardin, faisant abstraction de tout ce qui l’entourait. La douleur viendrait bien assez vite.

Au bout d’un petit chemin parsemé de roses, un jeune homme de dos attendait sa promise. Lune avança, fébrile. Les musiciens avaient déjà commencé à jouer. Tout le monde avait l’air heureux mais la jeune femme était de plus en plus angoissée. Cela se voyait-il ? Le futur marié se retourna et fit un sourire dans sa direction. Rougissant, elle le lui rendit et alla se placer à sa gauche. Ensemble, ils regardèrent la mariée qui avançait en rythme. Vêtue d’une magnifique robe blanche, ses cheveux blonds tressés et ornés d’une couronne de fleurs d’oranger, Amandine, la sœur de Lune, était rayonnante. Elle s’arrêta devant l’autel aux côtés de l’homme qu’elle allait épouser.


Assise sur son lit dans sa robe d’un noir profond, Lune pleurait. Elle tentait de se persuader que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses vingt ans et désormais, elle était une femme. Cela faisait cinq ans qu’elle était entrée au couvent des Capucines. Parfois, l’ombre d’un oiseau passait entre les barreaux de sa cellule et semblait voltiger sur les murs de pierre. Pour oublier que l’homme dont elle était éprise avait épousé sa sœur, Lune entonnait une prière au nom de son nouvel Amour.

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