Rechercher dans ce blog

lundi 27 décembre 2010

Francisco Agenjo, Biblioteca de los sueños

Las horas pasaron, y el candil iba perdiendo el combustible que le quedaba. El frío iba calando en sus huesos, hasta el punto de que Fraimundo ya comenzaba a sentir escalofríos. El sonido del viento golpeando las contraventanas tampoco ayudaba en lo más mínimo a serenar sus ánimos. Otras referencias al diablo y a hechos sobrenaturales no le dieron ninguna pista del origen de la Rosa Negra ni de los hechos referentes a la Hermana Saura. Sin embargo, sí encontró una entrada en un texto, escrita a mano por lo que parecía la letra de un hombre, que hacía hincapié en un cubículo oculto tras una estantería. Más picado por la curiosidad que por poder descubrir algo, Fraimundo corrió lo más silenciosamente que pudo la estantería cargada de libros y dejó al descubierto un mapa antiguo de Xatafi de aspecto medieval. Tras él, un hueco en la pared ocultaba varios pergaminos y misivas de los monjes y hermanas del Cerro. Algunos libros compartían el oscuro espacio con ellos, ero la mayor sorpresa fue encontrar una carta de la hermana Saura enviada al prior de la orden. En ella decía que había descubierto una extraña rosa negra que, leyendo algunos textos antiguos, parecía estar relacionada con asesinatos y hechos misteriosos durante varios períodos a lo largo de la historia del Cerro de los Ángeles. Detrás de esta carta, unidas por un clip, había otra de respuesta del prior que decía que semejante muestra de temor sobrenatural y antirreligioso no debía repetirse, y la reprendía por dejarse llevar por miedos impuros. Por último, también dentro del paquete, había una segunda carta de la Hermana Saura. El texto que en ella había escrito le puso los pelos de punta. “He seguido investigando. A quien lea esto, espero que le sirva de justificación por lo que voy a hacer, aunque ahora mismo sólo espero poder librar a mis hermanas del fin que el destino les ha impuesto. No he podido encontrar referencias al Diablo en ninguno de los textos que he consultado, sólo a poderes que van más allá de lo humano, lo divino o lo demoníaco. La oscuridad misma parece haber puesto un pie aquí, y cada cierto tiempo, reclama el precio del peaje que todos pagamos en la vida. Creo que todos hemos perdido ya nuestra alma, y la única forma de que mis hermanas la recuperen es que yo entregue mi vida por ellas. La primera persona que la vio.

***

Les heures passaient, et, au fur et à mesure, la lampe à huile perdait le combustible qu’il lui restait. Le froid pénétrait petit à petit dans ses os, jusqu’à ce que Fraimundo commence à avoir des frissons. Le bruit du vent frappant contre les volets ne l’aidait pas non plus le moins du monde à calmer ses esprits. D’autres références au Diable et à des évènements surnaturels ne lui fournirent aucune piste sur l’origine de la Rose Noire ni sur les faits en rapport avec Sœur Saura. En revanche, il trouva une note dans un texte, rédigée à la main par ce qui avait l’air d’être l’écriture d’un homme, et qui mettait l’accent sur une chambre cachée derrière une étagère. Plus guidé par sa curiosité que par la possibilité de découvrir quelque chose, Fraimundo tira le plus silencieusement possible l’étagère chargée de livres et découvrit une vieille carte de Xatafi à l’aspect médiéval. Derrière, un trou dans le mur cachait plusieurs parchemins ainsi que des missives des moines et des sœurs du Cerro. Certains livres partageaient l’obscur espace avec eux, mais sa plus grande surprise fut de trouver une lettre de la sœur Saura envoyée au prieur de l’ordre. Elle y disait qu’elle avait découvert une étrange rose noire et que, après avoir lu quelques textes anciens, celle-ci semblait être liée à des assassinats et à des évènements mystérieux durant de nombreuses années tout au long de l’histoire du Cerro de los Ángeles. Derrière cette lettre, attachée avec un trombone, il y en avait une autre : une réponse du prieur qui disait qu’une telle démonstration de crainte surnaturelle et blasphématoire ne devait pas se reproduire, et il lui reprochait de se laisser mener par des frayeurs impures. Enfin, dans le paquet, il y avait également une seconde lettre de Sœur Saura. Le texte qu’elle y avait écrit lui fit se dresser les cheveux sur la tête. « J’ai poursuivi mes recherches. À celui qui lira ces mots, j’espère que ceci justifiera ce que je vais faire, bien que, en ce moment même, j’espère seulement pouvoir libérer mes sœurs de la fin que le destin leur a imposé. Je n’ai pas pu trouver de références au Diable dans aucun des textes que j’ai consultés, mais uniquement à des pouvoirs qui vont au-delà de l’humain, du divin ou du démoniaque. L’obscurité elle-même a l’air d’avoir mis un pied ici, et régulièrement, elle réclame le prix du péage que nous payons tous dans notre vie. Je crois que nous avons déjà tous perdu notre âme, et le seul moyen que mes sœurs ont de la récupérer est que je donne ma vie pour elle. La première personne qui l’a vue.

jeudi 23 décembre 2010

Pied de tomate

Tomato in a bottle par amwtm
Un petit exercice qui était pour le 25 décembre.

Très bonnes fêtes à tous!!



La grand-mère de Clément est écolo. Elle a même participé aux meetings de son parti pendant les élections européennes, c’est pour dire !
Cette année, Clément et sa famille passent Noël tous ensemble, chez elle.
Quelle ne fut pas leur surprise lorsque, en arrivant chez elle, ils découvrirent son « sapin » ! Il s’agissait en fait d’un pied de tomate. Un tout petit pied de tomate qui trônait fièrement dans le salon de sa grande maison. Sous ses feuilles odorantes, des cadeaux étaient empilés. Il y en avait tant que le pied avait l’air encore plus ridicule. Il n’était pas nu : pour fêter dignement Noël, la grand-mère de Clément l’avait paré de belles boules d’un rouge profond et de petites guirlandes dorées. Les boules étaient comme des tomates charnues et bien mûres.
Clément était intrigué par le choix de sa grand-mère pour cet arbuste. Il lui demanda où était passé l’immense sapin qu’elle achetait chaque année.
— Tu sais Clément, mon jardin est petit et je ne peux pas replanter tous ces sapins. Ça me fend le cœur de les jeter ensuite… Et puis toutes ces aiguilles qui se faufilent sous les meubles… C’est trop d’entretien. Je n’ai plus l’âge.
— Mamie, tu n’as qu’à en prendre un en plastique. Il durera longtemps ! Regarde ton pied. Il est tout maigrichon. On dirait que les boules vont casser ses petites branches…
— Un sapin en plastique – répondit la grand-mère en faisant la moue –, tu n’y penses pas ! Ca ne sent rien le plastique ! Quitte à changer, je préfère avoir une autre plante !
— Mais Mamie, à Noël, l’arbre à avoir c’est un sapin et pas autre chose !! C’est même pas la saison des tomates. Tu sais, tu aurais pu m’appeler, on en aurait fait un avec des planches peintes en blanc et en rouge.
— Mais je ne veux pas de planches ! Mon pied de tomates me convient très bien. Je les mets où après les planches, moi ? Je n’ai même pas de cheminée… Dis, donc, tu m’ennuies avec tes questions. C’est Noël, tu ne veux pas vexer ta pauvre grand-mère, tout de même ?
— Non, non. C’était juste pour savoir. Un pied de tomate, c’est une drôle d’idée.
— Oui mais c’est mon idée. Et c’est mon arbre, enfin mon pied. Cet été, tu seras bien content quand tu viendras grignoter ses jolis fruits ! Allez, zou ! File rejoindre tes cousins ! On va bientôt passer à table…
Clément se dit que parfois, sa grand-mère avait des manies un peu bizarres. Mais qu’importe. Ce Noël en famille s’annonçait plutôt bien.

mercredi 22 décembre 2010

Le film d'aujourd'hui est... Salsa

Pas mal du tout!
La musique, l'ambiance... Les amateurs de salsa, son, timba (etc) seront ravis!
Réalisé par Joyce Sherman Bunuel, il a obtenu le prix "Dos gardenias" au Festival de la Havane en 1999.
A noter : la présence du groupe Sierra Maestra (il faut le voir je vous dis!!!)

Synopsis : Rémi Bonnet, pianiste, décide soudain d'abandonner ses études de musique classique pour se consacrer à la musique à laquelle il aspire: la salsa. Le virtuose tente au plus vite d'intégrer un groupe cubain, mais se rend compte qu'il est trop clair de peau pour être crédible. Décidé, il se transforme et de fait passer pour un Cubain. Mais la supercherie tourne mal lorsqu'il rencontre Nathalie, qui pense avoir trouvé le grand amour dans les bras d'un véritable havanais...

La bande-annonce est sur Allo-Ciné mais je voudrais plutôt vous faire partager le tout début du film :

mardi 21 décembre 2010

Calle Real

La première fois que je les ai entendus, je n'ai pas du tout pensé qu'ils étaient suédois!
Et pourtant... quand on les voit ça paraît logique ^^ (grands, blonds... cliché peut-être mais ils sont comme ça!)
Ce groupe de timba (12 musiciens) a été fondé en 1999.
Rickard Valdés (fils du légendraire pianiste cubain Bebo Valdès et d'une suédoise) est le seul qui soit d'origine cubaine. Patricio Sobrado est originaire du Chili et Jacek Onuskiewicz et Cezary Tomaszewski sont originaires de Pologne, mais tous ont grandi en Suède. Cependant la plupart des musiciens ont étudié la musique à Cuba.
Leur premier album Con Fuerza est sorti en 2006. En 2009, c'est au tour de l'album Me lo gané de voir le jour.

Voici un morceau de Con Fuerza, Princesa.

Le film d'aujourd'hui est... Yo También (de Alvaro Pastor, 2009)

Pourquoi?
D'abord parce qu'il est drôle.
Certes les thèmes abordés ne sont pas joyeux, mais on ne tombe jamais dans le mélodrame.
Ensuite parce qu'on a jamais pitié et que quand on a les larmes aux yeux, c'est parce que ce film est beau tout simplement...

Petit résumé : Daniel, 34 ans, travaille dans un centre social à Séville où il fait la rencontre de la jeune et indépendante Laura. Leur amitié se fait instantanément. Mais Daniel est différent, et cette amitié devient l’objet de toutes les attentions au travail...


 Une des chansons du film : Yo también - La Casa Azul

A voir!!!

samedi 18 décembre 2010

Entretien avec Fernando Tabernero Estévez et Laurent Béreau, libraires à Contraportada, Bordeaux


Aujourd'hui, je publie l'entretien que j'ai eu avec les libraires de Contraportada, librairie espagnole et latino-américaine de Bordeaux.
Cette récente librairie est située dans la Rue St-James. 
Merci encore d'avoir répondu à mes questions! 

1) Comment êtes-vous devenus libraires?
Les deux associés (Fernando Tabernero Estévez et Laurent Béreau) viennent à la fois du monde de l’éducation (E/LE : Espagnol Langue Etrangère) et du monde de l’édition, en Espagne. Nous n’avons pas reçu de formation théorique particulière aux métiers du livre en général, ni au métier de libraire en particulier.
Dans notre ancien emploi, nous étions appelés à voyager très souvent dans le monde entier. C’est un métier passionnant mais aussi physiquement épuisant. Lors de nombreux voyages, nous avons eu l’occasion de visiter des librairies espagnoles et de rencontrer les libraires (en Pologne, en Suisse, au Canada, etc.). L’idée pour nous est devenue « évidente » suite à plusieurs de ces rencontres…
2) Comment est née cette librairie?
Elle est née tout d’abord d’un vieux rêve commun aux deus associés, le typique « rêve d’enfant » : certain veulent être plus tard pompier, médecin, infirmière, etc. Nous nous voulions être… libraire !!!
L’idée de la librairie Contraportada est née de l’idée d’offrir et diffuser toute la richesse de la culture en espagnol, dans un espace non seulement de vente mais aussi d’échange et de rencontre autour de la langue espagnole.

3) Nous n'avions plus de librairie espagnole à Bordeaux. Est-ce pour cela que vous avez décidé de vous implanter ici? Y a t-il d'autres raisons?
Nous avions décidé d’ouvrir une librairie spécialisée dans la langue espagnole (secteur que nous connaissions mieux que d’autres littératures, langues, etc.). Dès lors, pour nous installer, nous devions quitter l’Espagne et «éviter» les pays hispanophones… Après avoir pensé à Lisbonne (Portugal) nous nous sommes décantés pour la France. Pour différents motifs (pécuniaires, de faisabilité, mais aussi de motivation…), nous avons écarté Paris.

Après une étude de marché, nous nous sommes orientés, notamment, vers les Académies de l’Education Nationale qui comptaient le plus d’ «apprenants» d’espagnol.
Finalement nous avons du choisir entre Toulouse et Bordeaux.

Là, le tissu économique local et les caractéristiques spécifiques du secteur des librairies, le fait qu’effectivement Bordeaux avait eu pendant 40 ans une librairie espagnole et que beaucoup de gens se sentaient «orphelins» depuis sa fermeture en 2005/2006, ont fait la différence. Le choix définitif a donc été Bordeaux

4) Quel type d'ouvrages proposez-vous aux lecteurs? Avez-vous ciblé un type en particulier?
Contraportada propose d’une part, les ouvrages de tous les auteurs espagnols et latino-américains.
-         Romans, nouvelles et essais récemment publiés
-         Les classiques de la littérature espagnole
-         Bandes dessinées
-         Histoire, culture, politique
-         Livres pour enfants
-         Etc.
Certains titres sont aussi proposés en français, mais toujours d’auteurs hispanophones.

Nous présentons également les méthodes et matériels pédagogiques complémentaires les plus actuels pour l’enseignement de l’espagnol (E/LE).

Enfin, nous offrons un éventail de guides touristiques sur les pays d’Amérique Latine et l’Espagne, de DVD en VO, dictionnaires, revues littéraires et magazines culturels en langue espagnole.

Trois grands groupes de clients :
-         Personnes d’origine espagnole ; espagnols et latino-américains.
-         Professeurs et étudiants d’espagnol (université, Sections Internationales, etc.) à titre individuels ;
-         Etablissements d’enseignement (lycées, collèges, écoles, facultés), associations et/ou institution culturelles ayant un lien avec la langue, son enseignement et la diffusion de sa culture.

5) Comment travaillez-vous avec les éditeurs?

Nous travaillons principalement avec des éditeurs espagnols ou latino-américains, soit directement avec eux (quand le volume de commandes est suffisant pour qu’ils nous ouvrent un compte), soit à travers de distributeurs (espagnols, mexicain, etc.).

Pour les titres en français, nous passons par les principaux distributeurs/diffuseurs (Sodis, UD, Interforum, etc.).

6) Quels sont vos rapports avec eux?
Ce sont principalement des rapports fournisseurs/clients, qui sont bons dans l’ensemble. Certains éditeurs espagnols ont su faire un effort particulier pour nous aider dans notre lancement (au niveau des remises accordées, des délais de paiement…).
7) Plus généralement, comment travaillez-vous?
Nous sommes deux associés à part égale. Nous avons le statut de travailleurs non salariés (TNS) et n’avons pas de personnel. Cela veut dire que nous faisons tout nous même J
8) Comment choisissez-vous les livres que vous vendez?
A partir de plusieurs critères :
-         commerciaux : auteurs les plus vendus, best-sellers, modes, etc.
-         les classiques de la littérature, les lectures obligatoires de la fac, des établissements scolaires, pour la préparation des concours, etc.
-         des critères personnels (goûts et coup de cœurs personnels), d’éthique, etc.

9) Quel genre de lecteurs êtes-vous?
De grands lecteurs en quantité et, autant que faire se peut, en qualité !!! Nous sommes, en plus, assez complémentaires, chacun avec ses goûts : l’un très orienté vers la poésie, l’autre plus vers l’histoire, la politique, les biographies… Dans les deux cas, nous « faisons nos devoirs de libraire » en lisant notamment les nouvelles publications, (romans, essais, etc.), pour pouvoir en parler à nos clients et les conseiller le mieux possible.
10) Pour vous, qu'est ce qu'un traducteur?
Un professionnel ayant reçu une formation linguistique mais aussi une formation technique particulière à ce métier.
11) Travaillant dans un milieu bilingue, avez-vous déjà été tenté par la traduction?
Non, pour les raisons évoquées ci-dessus. Etre bilingue est une (bonne) chose, être un professionnel de la traduction ou de l’interprétariat en est une autre…
12) Si vous deviez nous conseiller trois livres, quels seraient-ils?
Très dur…. Disons :
- Don Quichotte    ¡por supuesto !
- n’importe quel titre de F. Garcia Lorca ou Miguel Hernandez
- un recueil de poésies d’Alejandra Pizarnik…

13) Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à des apprentis traducteurs (qui peuvent ensuite se diriger vers les métiers du livre)?

Travailler dur non seulement les compétences linguistiques, mais aussi les techniques de traduction.
Etre curieux de tous les types de publication, romans, poésie, etc.
Etre curieux !!!!

mercredi 15 décembre 2010

Gros coups de coeur de l'année 2008

Voici trois films que je voudrais vous faire partager.
Je les ai découverts lors de mon séjour au Chili en 2008.
A voir absolument!!
Et rien que pour écouter l'accent chilien (personnellement, je ne m'en lasse pas <3), ça vaut le coup!

Voici la première perle : Sexo con Amor de Boris Quercia (2003).
Il s'agit d'une comédie érotique. Je ne mettrai pas de lien sur ce blog (même si ce n'est pas un film pornographique, je tiens à le préciser!!).
Ce film parle de la sexualité et des relations amoureuses : 
Un groupe de parents d'enfants de quatrième année tiennent avec une professeure des rencontres pour discuter de l'éducation sexuelle à l'école. Toutefois, la sexualité demeure problématique et énigmatique pour ces parents qui, comme leurs enfants, ont encore à apprendre sur le sexe, l'amour et la relation entre les deux. Ils exploreront ces questions autant par des aventures avec d'autres que des rapprochements avec leurs conjoints.

Deuxième petit bijou. Moins drôle (selon la partie du film) mais à ne pas louper! El chacotero sentimental de Cristián Galaz (1999). Un grand film chilien!!
A la base, il s'agit d'une émission de radio. Les gens appellent et racontent leur vie, un épisode marquant, drôle ou tragique. Un film a été fait à partir de trois histoires (vraies). Ce film est drôle, émouvant, choquant et nous rappelle que la vie n'est pas toujours facile mais qu'elle reste belle malgré tout. Ce film a déjà 11 ans mais il reste très actuel. A mon avis, il ne sera jamais passé de mode. En tout temps, dans tous les milieux sociaux, dans tous les pays, on peut trouver ce genre d'histoires.
Je vous le conseille donc vivement, vous l'aurez compris!
A voir en sous-titré si on n'est pas habitué à l'accent chilien et à son espagnol particulier.



Troisième film à voir! Machuca de Andrès Wood (2004) en français : Mon ami Machuca.
Magnifique, il nous transporte dans une époque marquante de l'Histoire du Chili. 
Depuis 1970, Le Chili est dirigé par le président socialiste Salvador Allende et le gouvernement de gauche issu de l'Unidad Popular.
En 1973, Gonzalo Infante, enfant de onze ans issu des beaux quartiers de Santiago, étudie au collège catholique de Saint-Patrick sous la tutelle du père Mc Enroe. Ce dernier lance une expérience : intégrer des enfants issus des bidonvilles voisins parmi les élèves issus de milieux nettement plus favorisés. Il pense, de cette façon, encourager le respect, la tolérance et le partage du savoir.
Gonzalo se lie d'amitié avec l'un des nouveaux, Pedro Machuca. À son contact, il va découvrir les profondes inégalités du pays, une autre manière de vivre, dure mais chaleureuse. Nous sommes à la veille du coup d'État et les efforts des classes possédantes pour déstabiliser le régime en place sont palpables. Machuca pénètre dans l'univers bourgeois de Gonzalo : là non plus rien n'est facile.
Le 11 septembre 1973, après un ultime discours où il marque sa profonde déception, le président Salvador Allende se suicide dans le palais présidentiel pour ne pas tomber aux mains des militaires. Augusto Pinochet, arrivé au pouvoir, lance l'armée dans la répression aveugle et sanglante de toute forme d'opposition. L'amitié qui liait Gonzalo à Pedro Machuca ne va pas résister à cette violence...

Bande-annonce!

(source Wikipédia pour le film Machuca)

Petit coup de coeur du week-end!

 Ce week-end, j'ai découvert le film Chuecatown de Juan Flahn (merci El Oli! :) )
Un film drôle (et touchant) à ne pas louper!

En français il s'appelle Boystown (sorti en 2007).

Je l'ai vu en V.O et je vous conseille d'en faire de même! En sous-titré bien sûr pour ceux qui ne comprennent pas l'espagnol. Mais à mon avis c'est la langue qui donne beaucoup de saveur au film.

Voici la synopsis : Leo et Rey, en couple depuis un petit moment, vivent à Chueca, dans le quartier gay de Madrid. Mais Victor, un agent immobilier peu scrupuleux, va venir troubler leur tranquilité. Bien décidé à faire de Chueca le nouveau quartier branché de la ville, il supprime toutes les personnes âgées. Son objectif: le peupler de jeunes et beaux mecs. Jusqu'au jour où il profite d'une crise entre Leo et Rey pour tenter de supprimer Antonia, la mère de Rey...


¡¡Navidad!!

Ho, Ho, Ho! par Julie Sanchez
 A quelques jours des fêtes de fin d'année, j'ai envie de vous faire partager quelques traditions typiquement espagnoles (et américaines por supuesto!) autour de Noël.


Pour commencer, voici cinq chansons typiques :
Hacia Belén va una burra, rin, rin 
El tamborilero
Los peces en el río
Noche de paz
Mi burrito sabanero


Comment fête-t-on Noël dans les différentes régions d'Espagne?
Navidad en España

Et en Amérique Latine?
Navidad en América Latina

Et pour tous les amateurs de cuisine, un petit lien fort utile :)  ¡ñam, ñam!

(les liens sont en espagnol mais n'hésitez pas à y jeter un coup d'œil!)

mardi 7 décembre 2010

A travers les yeux de mon chat

Chamarionnette par Julie Sanchez
Je suis fatiguée. Qu’est ce que je suis fatiguée !
J’aimerais bien voir le monde autrement, ne serait-ce qu’une journée, pouvoir paresser sans que cela ne pose de problèmes à personne.
Ne pas avoir à répondre au téléphone, ni aux mails…
Mon chat par exemple, il a la belle vie ! Comme j’aimerais passer mes journées à dormir au soleil, à courir, à manger, à me faire câliner quand j’en ai envie, à ne pas recevoir de reproches de la part de mon patron et juste entendre que je suis douce et mignonne.
Mais en y pensant bien, voir le monde à travers les yeux de mon chat serait sans doute déroutant. D’abord, il n’y aurait plus de couleurs. Quelle tristesse… Les fleurs seraient grises, le bois paraîtrait si sombre… Bon, j’y verrais dans le noir mais quel intérêt ?
Et en ce qui concerne la nourriture, n’en parlons pas ! Pâtée ou croquettes ? Berk. Moi qui ne peux pas avaler de gelée, je serais bien malheureuse. Et sentir le poisson du museau, quelle barbe ! Toutefois, les chats ont l’air d’apprécier…
Oh… Il faudrait toujours lever la tête pour voir les gens qui s’adresseraient à moi. C’est un coup à attraper un torticolis ça ! Ou alors, je pourrais peut-être la détourner comme le font très souvent les chats. C’est donc ça… Ils ne sont pas hautains, ils se ménagent tout simplement !
Et j’imagine déjà une petite fille devenir ma tortionnaire. Elle me tirerait la queue pendant ma sieste, me mettrait des vêtements pour que je sois « encore plus a-do-ra-ble ! » et m’enfilerait des chaussettes pour que je cesse enfin de griffer les murs et le canapé « parce que maman elle se fâche alors ça suffit ! ». Elle me prendrait en photo et râlerait parce qu’avec le flash « elle les yeux comme un estraterreste maman, elle est bizarre ! ».
Ma maîtresse n’apprécierait pas les cadeaux que je lui ferais… Souris, mulots, merles et autres rongeurs ou volatiles en tout genre. De toute façon, je n’aime pas ça les petites bestioles. Alors les prendre à la bouche !
En tout cas, ce qui serait merveilleux, c’est que je serais réellement libre ! Je pourrais grimper aux arbres, faire de grands bonds, monter sur les meubles, sur les lits, me faufiler un peu partout, aller où bon me semble. Bon, pour les arbres il faudrait régler un petit problème de vertige et je devrais m’assouplir encore un peu avant de pouvoir me glisser à travers le grillage du voisin… Mais quelle importance !
La vie serait si belle…

Ah, tiens, le téléphone sonne…

Oui, oui, j’arrive !!

dimanche 5 décembre 2010

César Aira, Cómo me reí

Deploro a los lectores que vienen a decirme que "se rieron" con mis libros, y me quejo amargamente de ellos. Lo he hecho en forma oral o por escrito cuantas veces se ha presentado la ocasión. Es un lamento constante en mí; puedo decir sin exagerar que esos comentarios han envenenado mi vida de escritor. Me repito, es inevitable, pero se debe a que la causa también se repite, me lo dicen de cada libro que publico: cómo me reí, cómo me reí. Todos mis libros, todos mis lectores. No voy a extenderme en los motivos por los que aborrezco del humor en la literatura (eso es cosa mía), porque creo que aunque mis ideas al respecto fueran distintas, y hasta opuestas, la reincidencia, ya tan previsible, de ese "elogio", seguiría siendo un gesto descortés, con un matiz paternalista, desdeñoso, y, conociendo mis sentimientos, directamente agresivo. Cuando lo comento con amigos o colegas, siempre me responden que mis novelas contienen efectivamente elementos humorísticos, incluso chistes, y que es inevitable reírse porque funcionan, son eficaces, ingeniosos, originales. Me dan ejemplos, con los que ellos mismos se rieron en su momento, y cuando me los cuentan a veces yo también me río, ya que estoy. Pero ahí no está el problema. Me molesta que me lo digan, y que sea lo único que me dicen. Si se quedaron ahí, es porque no encontraron nada más. La risa es la única reacción que me mencionan. Nunca me dicen que se conmovieron, o que se interesaron, o que los hizo pensar o soñar. "Leí tu último libro: ¡cómo me reí!" Ahí se termina todo. Y si advierten, por mi silencio o mi cara de disgusto, que el elogio cayó mal, y quieren explayarse para arreglarlo, me cuentan "cómo" se rieron: a carcajadas, con lágrimas que les impedían seguir la lectura, hasta que les dolían las costillas, hasta que la esposa venía a preguntarles qué les pasaba, etc. Una vez o dos o tres yo lo habría aceptado de buena gana; no soy un maniático. ¿Pero treinta años de oír lo mismo? ¿Decenas de libros de risas y nada más que risas? No puedo concebir que a un escritor de verdad, a cualquiera de mis ídolos o modelos, se le acercaran los lectores a decirles cuánto se habían reído con sus libros. Los que tratan de consolarme me dicen que no hay mala intención: el libro les ha gustado, quieren decírmelo rápido y sin entrar en análisis que podrían parecer pedantes o fuera de lugar, y lo que encuentran más a mano es eso. Después de todo, la risa es un valor positivo; se asocia con la felicidad, con la alegría, con la satisfacción. No me convencen. Lo peor es cuando recurren a esa estúpida distinción: no se ríen "de" vos, se ríen "con" vos. ¿Ah sí? ¡Pero sucede que yo no me río cuando escribo! No podría decir por qué escribo (mucho menos podría decir por qué sigo escribiendo, después de tanta risa) pero puedo asegurar que no lo hago para provocarme, ni provocarle a nadie, una reacción visceral, irracional, animal, como es la risa, como no escribo para provocar ladridos o relinchos. Si es todo lo que tienen que decirme, prefiero que no me digan nada. Además, he dicho muchas veces que me molesta, que me deprime, ¿entonces por qué siguen haciéndolo? Y aunque no lo hubiera dicho, basta pensarlo un momento, basta tener el más leve conocimiento del trabajo solitario y difícil de un escritor, para darse cuenta de que es una grosería. Sólo estaría justificado con el autor de uno de esos libros que se llaman "Nuevos Chistes de Gallegos" o cosas por el estilo.

***

Je déplore que des lecteurs viennent me dire qu’ils « ont ri » avec mes livres, et je me plains amèrement d’eux. Je l’ai fait à l’oral ou par écrit chaque fois que l’occasion s’est présentée. C’est un regret constant en moi ; je peux dire sans exagérer que ces commentaires ont envenimé ma vie d’écrivain. Je me répète, c’est inévitable, mais c’est du fait de la cause elle-même qui se répète, on me le dit de chaque livre que je publie : comme j’ai ri, comme j’ai ri ! Tous mes livres, tous mes lecteurs. Je ne vais pas m’étendre sur les raisons qui font que je déteste l’humour en littérature (cela me regarde), parce que je crois que même si mes idées à ce sujet sont différentes, voire opposées, la répétition, déjà si prévisible, de cet « éloge », continuerait d’être un geste impoli, teinté d’une nuance paternaliste, dédaigneux, et, connaissant mes sentiments, directement agressif. Lorsque je commente cela avec mes amis ou mes collègues, ils me répondent toujours que mes romans contiennent effectivement des éléments humoristiques, y compris des blagues, et qu’il est inévitable de rire car elles fonctionnent, sont efficaces, intelligentes et originales. Ils me donnent des exemples, grâce auxquels eux-mêmes ont ri sur le moment, et quand ils me les racontent, parfois, je ris moi aussi, tant que j’y suis. Mais là n’est pas le problème. Cela me dérange qu’ils me le disent et que ce soit la seule chose qu’ils me disent. S’ils en sont restés là, c’est parce qu’ils n’ont rien trouvé d’autre. Le rire est la seule réaction qu’ils mentionnent. Ils ne me disent jamais qu’ils ont été émus, ou qu’ils ont été intéressés, ou que ça les a fait réfléchir ou rêver. « J’ai lu ton dernier livre : comme j’ai ri ! » Ça ne va pas plus loin. Et s’ils se rendent compte, à cause de mon silence ou de mon expression de mécontentement, que je n’ai pas aimé l’éloge, et s’ils veulent alors développer pour rattraper le coup, ils me racontent « comment » ils ont ri : aux éclats, aux larmes qui les empêchaient de poursuivre leur lecture, jusqu’à ce qu’ils aient mal aux côtes, jusqu’à ce que leur femme vienne leur demander ce qui leur arrivait, etc. Une fois, ou deux, ou trois, je l’aurais accepté de bon cœur ; je ne suis pas un maniaque. Mais trente ans à entendre la même chose ? Des dizaines de livres de rires et rien d’autre que des rires ? Je n’arrive pas à concevoir qu’un véritable écrivain, que n’importe lequel de mes idoles ou modèles, soient approchés par les lecteurs qui leur disent combien ils ont ri avec leurs livres. Ceux qui tentent de me consoler me disent qu’il n’y a aucune mauvaise intention : le livre leur a plu, ils souhaitent me le dire rapidement et sans entrer dans des analyses qui pourraient paraître pédantes ou hors de propos, et tout ce qu’ils ont sous la main, c’est cela. Après tout, le rire est une valeur positive ; on l’associe au bonheur, à la joie, à la satisfaction. Ils ne me convainquent pas. Le pire, c’est quand ils ont recours à cette stupide distinction : ils ne rient pas « de » toi, ils rient « avec » toi. Ah oui ? Mais le fait est que moi, je ne ris pas quand j’écris ! Je ne pourrais pas expliquer pourquoi j’écris (je pourrais encore moins expliquer pourquoi je continue d’écrire, après tant de rires) mais je peux assurer que je ne le fais pas pour provoquer en moi, ni pour provoquer chez qui que ce soit, une réaction viscérale, irrationnelle, animale, telle que le rire, comme je n’écris pas pour provoquer des aboiements ou des hennissements. Si c’est tout ce qu’ils ont à me dire, je préfère qu’ils ne me disent rien. De plus, j’ai dis à plusieurs reprises que cela me dérange, que cela me déprime, alors, pourquoi persistent-ils à le faire ? Et même si je ne l’avais pas dit, il suffit d’y penser un moment, il suffit d’avoir la moindre connaissance du travail solitaire et difficile d’un écrivain, pour se rendre compte que c’est une grossièreté. Ce serait seulement justifié avec l’auteur d’un de ces livres intitulés « Nouvelles Histoire drôles de Galiciens » ou quelque chose dans le genre. 

Version du Capes 2010. Antonio Soler, Lausana

Voici la version que les étudiants préparant le concours du Capes ont eue en novembre.
Et juste en dessous, ma traduction.


Papa me contó que el Fresador Vila había salido de Málaga en 1937. Su padre era un fotógrafo comunista que, asustado por las barbaridades que pudieran cometer las tropas africanas al entrar en la ciudad, había montado en un carro, del que él mismo iba a tirar, un par de colchones enrollados, varios atillos de ropa, una caja de hierro con su material fotográfico, y a su hijo Jesús, que apenas tendría unos cinco o seis años y que salió de Málaga con los ojos abiertos de par en par, cubierto por una especie de abrigo de astracán y una misteriosa gorra de plato demasiado grande y que podría abarcar dos cabezas como la suya. Así lo fotografió su padre frente a las playas de El Palo el día que salían de la ciudad.
Despavorido pero serio, con un cierto aire soviético. Le Petit Bolchevique.
Todavía conservamos esa foto que desde que la vi por primera vez ya era de color sepia y tenía los bordes comidos. A mí, ni entonces ni nunca después, me habló Jesús de aquel éxodo por la costa mediterránea, desde Málaga hasta Almería, su padre tirando del carro, volcado hacia delante, y su madre agarrada a una cuerda que colgaba de la parte trasera, como si de pronto se hubiera quedado ciega. (...)
Era a Papa a quien le contaba sus recuerdos difusos de entre los que sobresalían algunas imágenes nítidas, como su padre avanzaba entre una multitud cargada con las cosas más extrañas y que caminaba con las tropas republicanas, y como aquella gente se convertía en un hormiguero alocado, roto por el zapato de un niño, cuando a lo lejos se oía el zumbido de los aviones franquistas.

***

Papa m’a raconté que Fresador Vila était parti de Malaga en 1937. Son père était un photographe communiste qui, effrayé par les atrocités qu’avaient pu commettre les troupes africaines en entrant dans la ville, avait mis dans une voiture, qu’il allait lui-même conduire, une paire de matelas enroulés, plusieurs balluchons de vêtements, une boîte en fer contenant son matériel photographique et son fils Jesús, qui devait avoir à peine cinq ou six ans et qui partit de Malaga les yeux grand-ouverts, couvert d’une espèce de manteau d’astrakan et d’une mystérieuse casquette officier trop grande, pouvant accueillir deux têtes comme la sienne. C’est ainsi que son père le prit en photo devant les plages d’El Palo, le jour où ils quittaient la ville. Épouvanté mais sérieux, avec un petit air soviétique. Le Petit Bolchevique. Nous avons encore cette photo qui, quand je l’ai vue pour la première fois, était déjà couleur sépia et avait les coins rognés. Jesús ne parla jamais avec moi, ni à cette époque ni après, de cet exode par la côte méditerranéenne, de Malaga à Almeria, avec son père conduisant la voiture, courbé en avant, et sa mère agrippée à une corde qui pendait de l’arrière, comme si tout à coup, elle était devenue aveugle. (…)
C’est à papa qu’il racontait ses souvenirs diffus d’entre lesquels ressortaient quelques images nettes, comme celle de son père qui avançait au milieu d’une foule chargée des objets les plus étranges et qui marchait avec les troupes républicaines, ou comme ces gens qui devenaient une fourmilière étourdie, écrasée par la chaussure d’un enfant, quand au loin, on entendait le bourdonnement des avions franquistes.

samedi 4 décembre 2010

Mon CV

Pour me contacter : sanchezjulie33@gmail.com
Julie Sanchez, née à Bordeaux en 1988

Études :
2010-2011 : Master 2 professionnel Métiers de la traduction littéraire (Bordeaux 3).
Projet de traduction : El maquillador de cadáveres de Jaime Casas (Chili).

2010 : Master 1 Études Hispano-américaines (Bordeaux 3) Mention AB.

2009 : Licence LLCE espagnol (Bordeaux 3) Mention AB.

2006 : Baccalauréat ES (Lycée Sud-Médoc la Boétie) Mention AB.

Stages :
2011 : Stage aux éditions de La Compagnie Littéraire (mai/juillet)

2010 : Stage dans l’entreprise 001 Traduction (avril/juin).

Expérience professionnelle :
2009/2010 : Poste d’hôtesse de caisse Auchan (octobre/septembre).

2008/2011 : Missions intérim (manutention, inventaires).

2008 : Assistanat à l’Alliance Française de Concepción, Chili (juillet/août).

2007 : Animation enfants et adultes dans un centre de vacances Vacanciel, St Raphaël (juin/août).

Cours d’espagnol, soutien en espagnol, animation, garde d’enfants.

Séjours prolongés à l’étranger :
2009 : séjour à Abomey-Calavi, Bénin dans le cadre d’une mission avec l’association Karavan Bordelaise (juillet/août).

2008 : séjour au Chili (juin/août).

Renseignements complémentaires :
Espagnol : bilingue.
Anglais : intermédiaire.
Italien : notions.
Informatique : traitement de texte Word, Excel, Photoshop, Indesign.
Permis de conduire et véhicule personnel.
AFPS, BAFA.

jeudi 25 novembre 2010

Il n'a pas deux sous d'idée

Beer at grandma's par DeufDeuf

Jacques Robert était l’heureux propriétaire de la brasserie du village.
Tout le monde l’appréciait et le surnommait affectueusement « Jacky le brave ». Mais, malgré sa popularité, Jacky n’était pas très futé -ce qui expliquait la deuxième partie de son surnom-.
En réalité, il ne réfléchissait pas beaucoup avant d’agir. Comme aurait dit mon grand-père : « Il n’a pas deux sous d’idée, çui-là ! ».
Presque chaque semaine, Jacky faisait quelque chose de travers. Le mois dernier par exemple, la télévision de la brasserie reçut un projectile lancé par un des spectateurs du match de foot qui n’avait pas apprécié que l’équipe adverse marque un but. L’écran avait une énorme fissure sur le côté droit. Cela n’était pas tellement gênant, mais Jacky décida de le réparer. Il sortit son plus beau ruban adhésif marron (sa femme n’en avait plus de transparent) et recouvrit la fissure. Il descendit de son escabeau, satisfait, et personne n’osa rien dire de peur de le vexer.
Jacky était aussi un amoureux du tuning. Il avait une grosse voiture bleue et argent qu’il avait ornée d’ailerons à l’arrière et d’énormes jantes lustrées. Il avait également mis en place de grosses enceintes dans son coffre. Sa dernière idée lui semblait lumineuse : placer des néons bleus sous la voiture pour ne pas passer inaperçu. N’ayant pas trouvé de néons convenables, Jacky décida d’acheter des néons standards et de les peindre en bleu avant de les fixer sous son petit bijou. Seulement, ces néons n’étaient pas conçus à cet effet. Mais le brave homme ne perdit pas espoir. Il attacha le tout tant bien que mal, fit un tas de branchements compliqués et finalement, les néons furent installés le soir même. Le lendemain, Jacky, fier comme un coq montra sa voiture à tous les clients de la brasserie. En fin d’après-midi, il alla faire un tour dans l’avenue principale du village. Au bout de deux allers-retours, un des néons tomba sur le sol, se brisa et emporta les autres dans sa course folle derrière le bolide. Jacky, qui avait mis la musique à fond, n’avait rien entendu. C’est sa femme qui, en courant vers lui et en lui faisant de grands signes au milieu du chemin, l’alerta.
Le brasseur, déçu que son bricolage n’ait pas tenu, se remit à l’ouvrage trois jours après avec de nouveaux néons et une nouvelle idée. Il n’y a pas besoin de préciser que cette idée fut tout aussi folle que la première et que les néons se brisèrent une fois de plus…
Dernièrement, la femme de Jacky l’appela pour un problème de fuite de la poire de douche. Celle-ci s’était dévissée et le calcaire l’avait bloquée. Jacky n’arrivait pas à revisser la poire et il se dit qu’avec l’aide d’un objet, ce serait beaucoup plus simple. Il envoya sa femme chercher la paire de ciseaux dont il se servait à la brasserie. Celle-ci revint en trottinant et elle lui demanda s’il était sûr de lui. Sans répondre, Jacky tenta de gratter le calcaire avec les lames. Ceci lui prit une bonne heure et quand il eut fini, il essaya de remettre le pommeau tant bien que mal. Je dirais plutôt mal d’ailleurs, au vu de ce que nous a raconté sa femme, très inquiète : les ciseaux ont dérapé et ont entaillé les doigts de son pauvre mari. Jacky servait désormais ses bières avec un bandage peu esthétique sur la main gauche qui, en fin de journée, était tout imprégné du liquide collant.
Je vais arrêter là ma liste des aventures de ce drôle de personnage car nous en aurions pour un moment… Je me demande tout de même comment le brave Jacky a fait pour ne pas se tuer, depuis le temps !

Traduction longue... Verdict!

Bon, bon, bon...
Sur les trois livres choisis, seul un conviendrait pour la traduction longue que nous devons faire.
Post Humo de Mario Valdovinos est vraiment intéressant, il y a des passages difficiles à traduire, des jeux de mots, des références culturelles à foison...mais il est trop court. La mise en page est assez aérée et après avoir compté deux ou trois fois le nombre de signes, je n'en atteins même pas 100.000 :/ (il nous en faut 150.000)
Y tú no me respondes de Poli Délano est un bon livre mais je n'y ai pas trouvé de grand intérêt pour la traduction. Je m'explique : étant donné que nous serons noté sur notre travail de traduction, il faut qu'il y ait tout de même des défis.
Le livre qui a retenu mon attention est donc le troisième : El maquillador de cadáveres de Jaime Casas. Je me suis rendu compte que ce livre a été édité quatre fois depuis sa première publication en 1996! Mais peu importe. Si je me concentre sur le travail universitaire, ce livre est plein d'humour, de références culturelles, il y a un changement de narrateur assez régulièrement (un narrateur extradigétique c'est à dire extérieur à l'histoire et un autre qui est le personnage principal). Ce changement de narrateur signifie un changement de ton très intéressant.
Je vais lire un autre livre plus récent du même auteur (de 2006 : Un actor sin escenario) mais je pense que mon choix est déjà fait...

Affaire à suivre...

jeudi 18 novembre 2010

Les aventures de Monsieur A et de Mémé Paulette.

Granny and Dog par Miro42
Voici un texte que j'ai du écrire en partant de mots que nous avons prononcés en cours cette après-midi.
Les mots étaient : 
- aisselles, 
- Médor, 
- oeil, 
- effroyant (oui, oui, effroyant et non effrayant),
- Monsieur A,
- banquet, 
- Montoise (les délicieux gâteaux de Mont-de-Marsan que nous avons eu le plaisir de découvrir aujourd'hui),
- cendrier, 
- Mémé Paulette, 
- pipe,
- le dernier des mohicans, 
- merci,
- foutre là,
- géniteur,
- plein aux as,
- papillonneur (honte à moi. J'ai créé ce mot à partir du verbe papillonner),
- brousse,
- Tabaski (prénom sénégalais),
- volage.

La liste est longue... Chaque apprenti traducteur passe par cet exercice toutes les semaines. Vous trouverez les textes de mes camarades sur le blog de notre formation Tradabordo!
En attendant, je vous souhaite une bonne lecture (n'hésitez pas à dire ce que vous en pensez!)


Monsieur A. était un homme d’origine polonaise. Il avait fait fortune dans sa jeunesse et vivait dans une immense villa avec piscine et majordome.
Monsieur A. n’avait pas encore rencontré la femme de sa vie. Il parcourait le monde et les trente-six pièces de sa demeure tout seul. Enfin, pas tout à fait. Médor, le chien de sa grand-mère le suivait où qu’il aille. Médor était un pékinois qui avait été recueilli par Mémé Paulette il y avait cinq ans. D’ailleurs, Mémé Paulette avait elle aussi été recueillie par son petit fils Monsieur A. Elle perdait un peu la tête mais c’était une brave femme. Monsieur A. pensait toutefois que s’il était encore seul à son âge, ça devait être à cause d’elle.
Pour en revenir à Médor, il fut adopté par cette riche héritière polonaise dans un aéroport. Ses parents, Brutus et Lady Froufrou avaient péri écrabouillés par un escalator. Ce terrible drame bouleversa à tout jamais le pauvre petit chien qu’on ne pouvait consoler qu’avec des Montoises, ses gâteaux préférés.
Un jour, Monsieur A. organisa un grand banquet pour son anniversaire. Il demanda gentiment à Mémé Paulette de ne pas trop se faire remarquer. Avant que les invités n’arrivent, Monsieur A se lava consciencieusement les aisselles et se fit une raie bien droite. Il se prépara ensuite une pipe qu’il avait achetée au cours d’un de ses nombreux voyages en Afrique. Un homme l’avait taillée dans une des défenses d’un éléphant de la brousse. Monsieur A. avait même eu le cendrier assorti, une aubaine !
Tout était fin prêt. La cloche sonna et Monsieur A. fit un clin d’œil à son majordome qui ouvrit grand les portes de la villa. Les convives entrèrent et vinrent saluer leur hôte.
Quand ils furent tous là, ils s’écrièrent en cœur : Joyeux Anniversaiiiire !
— Merci, répondit simplement Monsieur A. Et, après avoir porté un toast, il les invita à se diriger vers le buffet.
Mémé Paulette et Médor étaient sagement assis à une table et Mémé parlait avec un jeune couple. Monsieur A. les rejoignit et s’assit en faisant un léger pet.
— Pardon, dit-il tout bas en pensant que personne n’avait entendu.
— Mon petit, tu pourrais être plus délicat ! C’est effroyant ces manières !
— Voici Mémé Paulette, je ne vous l’ai pas présentée ? – dit Monsieur A. pour tenter de changer de sujet – Ah ! Un moustique ! Je vais l’avoir ce… Qu’est ce qu’il vient foutre là ?
— Tu sais mon chéri, je disais à ces charmantes personnes que mon film préféré était Le dernier des Mohicans. Vous ai-je dis que la petite sauce au tabaski était dé-li-cieuse ?
— Tabasco, Mémé, tabasco…
— Oui, bon, tabasco, tabaski, c’est pareil non ? Je vous laisse, Médor réclame ses Montoises. Allez Médor, viens voir maman !
Monsieur A. s’excusa auprès du couple et s’aperçut qu’il ne les avait jamais vus auparavant.
— Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?
— Je m’appelle Yousténa et voici mon frère Maciej. Notre géniteur était un plombier polonais plein aux as. Un papillonneur…
— Un homme volage, vous voulez dire…
— Oui, exactement.
— Que puis-je faire pour vous ?
— À vrai dire, c’est un peu gênant… Votre grand-mère a recueilli Médor il y a maintenant cinq ans. À cette époque, notre père était en parfaite santé mais aujourd’hui, il est mourant. Sa dernière volonté serait de voir Médor une dernière fois.
— Oh, je comprends. Il n’y a aucun problème…
— Il faudrait que votre grand-mère accepte de… de venir avec nous à Varsovie.
— Ne vous en faites pas, je vais lui en parler.
N’hésitant pas une seconde, Monsieur A. appela sa grand-mère et en profita pour toucher le derrière (mou comme du pot-au-feu en gelée, quelle déception !) de Yousténa.
— Hé, Mémé ! Prépare ton sac et ton toutou ! Tu repars dans ton pays demain matin !

Mystère

years_keeping par darquekiddquinn12
 Voici mon texte sur le thème Mystère.
 J'ai eu beaucoup de mal à clore ce récit. Et vous, quelle fin auriez-vous imaginée?...



Il était une fois, il y a fort longtemps,  tout en haut d’une montagne enneigée, un petit village dont plus personne ne se rappelle le nom.
Ce village avait l’air tout à fait ordinaire. Il comptait peu d’habitants et ceux-ci étaient toujours d’humeur joyeuse. Les rares voyageurs qui faisaient escale en ce lieu alpestre étaient chaleureusement accueillis : le boulanger leur préparait ses fameux petits pains à la cannelle et les femmes confectionnaient de délicieuses tartes aux pommes.
Mais un jour, un étranger peu avenant arriva. Il n’adressa la parole à personne, sauf à l’aubergiste à qui il demanda une chambre. Il ne dîna même pas et alla se coucher immédiatement. Les habitants se dirent qu’il devait être exténué car l’accès au village était périlleux. Le lendemain matin, le boulanger lui apporta des petits pains directement à l’auberge. Mais l’étranger maugréa et n’y jeta pas un regard. Le boulanger s’empressa de raconter cet épisode à ses voisins et chacun se fit son opinion. L’homme rentra le soir à l’auberge et n’en sortit pas avant le lendemain matin.
Ceci dura plusieurs semaines. L’homme sortait le matin et rentrait la nuit. Les femmes se rassuraient en disant : « Au moins, il ne rode pas devant chez nous ! Et il ne fait de tort à personne. Laissons le tranquille… ».
Toutefois, leurs maris n’étaient pas du même avis. Ils se gardèrent pourtant de le dire jusqu’à ce qu’un beau jour, chaque habitant trouve une lettre cachetée sur le pas de sa porte.
Les lettres ne comportaient aucun nom. Il n’y avait aucun moyen de savoir d’où elles provenaient. En les ouvrant, tous furent surpris de ne rien lire : une figure était simplement dessinée au crayon. Une sorte d’animal inquiétant, comme un loup, entouré de volutes.
Tout les villageois restèrent perplexes. À la nuit tombée, certains ne purent dormir sur leurs deux oreilles car ce dessin les avait inquiétés. Qui était à l’origine de ce courrier mystérieux ? Les hommes pensaient à leur hôte.
Deux jours plus tard, le curieux postier passa à nouveau sans que personne ne pût le voir. Sur le palier de chaque maison se trouvait une seconde lettre. Cachetée elle aussi et contenant un dessin qui fit beaucoup réfléchir les pauvres gens. Cette fois, on pouvait deviner un cheval à l’orée d’un bois.
Celui qu’on appelait l’idiot du village, car lui-même ne savait plus comment il se nommait, avait été désigné pour passer la nuit sous le porche et surveiller les environs.
Mais cette nuit-là, le postier ne passa pas.
L’idiot passa une semaine entière dehors, et il ne vit rien. Les villageois décidèrent donc de laisser cette histoire de côté. L’un d’eux fit néanmoins remarquer que le voyageur arrivé quelques temps auparavant n’avait pas reparu depuis plusieurs jours. Les femmes et les enfants commencèrent à s’affoler et les hommes durent rassurer tout ce petit monde.
Un matin, tous tombèrent sur une troisième lettre mais celle-ci était blanche. Blanche oui, mais un tout petit oiseau, un pigeon ou une colombe, était esquissé dans un coin.
Tous les habitants du paisible village se rassemblèrent et se creusèrent la tête pour comprendre ces messages codés. Le voyageur n’avait toujours pas refait surface et l’aubergiste assurait qu’il n’avait pas récupéré la clé de la chambre.
Le charpentier, un homme rustre et sans manières, décida de faire irruption, la nuit venue, dans la chambre de l’inconnu.
Les hommes s’armèrent de patience et lorsque le soleil se fût couché, ils se dirigèrent vers l’auberge. En guise de salut, on leur ordonna de ne pas faire de bruit. L’aubergiste frappa mais personne ne répondit… Il força alors la porte et…

L’étranger n’était pas là.
Sur le mur, un dessin. Un dessin magnifique qui était tâché par de la cire rouge.
Les hommes, époustouflés par tant de beauté et de délicatesse furent comme obnubilés par les traits fins du visage qu’on avait représenté. Ils décidèrent de rentrer chez eux, à demi rassurés et en ayant, pensaient-ils, résolu le mystère des enveloppes : l’étranger devait tout simplement être un artiste qui préférait vivre reclus. Ses œuvres ne pouvaient faire de mal à personne.
Ce qu’ils ignoraient cependant, c’est que cette chambre n’était pas la sienne…


mardi 16 novembre 2010

Domingo F. Sarmiento, El Chacho (1898)

Voici un texte qui m'a donné du fil à retordre...
N'hésitez pas à commenter et à critiquer!

En septiembre de 1842, cuando todavía no dan paso las nieves que se acumulan durante el invierno sobre la areta central de los Andes, un grupo de viajeros pretendía desde Chile atravesar aquellas blancas soledades, en que valles de nieve conducen a crestas colosales de granito que es preciso escalar a pie, apoyándose en un báculo, evitando hundirse en abismos que cavan ríos corriendo a muchas varas debajo; y con los pies forrados en pieles, a fin de preservarse del contacto de la nieve que, deteniendo la sangre, mata localmente los músculos haciendo fatales quemaduras.
Los Penitentes ; columnas y agujas de nieve que forma el desigual deshielo, según que el aire o el sol hieren con más intensidad, decoran la escena, y embarazan el paso cual escombros y trozos de columnas de ruinas de gigantescos palacios de mármol. Los declives que el débil calor del sol no ataca, ofrecen planos más o menos inclinados, según la montaña que cubren, y descenso cómodo y lleno de novedad al viajero, que sentado se deja llevar por la gravitación, recorriendo a veces en segundos distancias de miles de varas. Este es quizá el único placer que permite aquella escena, en que lo blanco del paisaje sólo es accidentado por algunos negros picos demasiado perpendiculares para que la nieve se sostenga en sus flancos, formando contraste con el cielo azul-oscuro de las grandes alturas.
Los temporales son frecuentes en aquella estación, y aunque hay de distancia en distancia casuchas para guarecerse, si no se ha tenido la precaución de examinar el aspecto del campanario, que es el más elevado pico vecino, y asegurarse de que ninguna nubecilla corona sus agujas, o vapores cual lana desflecada empiezan a condensarse a sus flancos, grave riesgo se corre de perecer, perdido el rumbo entre casucha y casucha, casi cegadas por la caída de copos de nieve tan densa que no permite verse las manos.
Aquella vez no eran los viandantes ni el correísta que lleva la valija a espaldas de un mozo de cordillera, ni transeúntes, de ordinario extranjeros que buscan este arriesgado paso del Atlántico al Pacífico. Eran emigrados políticos que, a esa costa, regresaban a su patria contando con incorporarse al ejército del general La Madrid, antes que se diese la batalla que venía a librarle el general Oribe a marchas forzadas desde Córdoba.

***

En septembre 1842, quand les neiges qui s’accumulent pendant l’hiver sur l’arête centrale des Andes n’ont pas encore fondu, un groupe de voyageurs prétendait traverser ces blanches solitudes depuis le Chili. Là où des vallées de neige conduisent à des crêtes colossales de granit qu’il faut escalader à pied, en s’appuyant sur une canne et en évitant de s’enfoncer dans des abîmes que creusent des rivières qui coulent de nombreux mètres plus bas ; et avec les pieds recouverts de cuir, afin de se préserver du contact de la neige qui, en stoppant le sang, tue localement les muscles au moyen de fatales brûlures.
Les Pénitents : des colonnes et des aiguilles de neige formées par le dégel imparfait, selon si l’air et le soleil meurtrissent plus intensément. Ces décombres et ces morceaux de colonnes de ruines de gigantesques palais en marbre décorent la scène et gênent le passage. Les pentes que la faible chaleur du soleil n’attaque pas, offrent des plans plus ou moins inclinés, selon la montagne qu’elles couvrent, ainsi qu’une descente pratique et pleine de nouveauté au voyageur qui, assis, se laisse porter par la gravitation, parcourant parfois en quelques secondes, des dizaines de milliers de mètres. Cela est sans doute l’unique plaisir que permet cette scène, où le blanc du paysage n’est accidenté que par quelques pics noirs trop perpendiculaires pour que la neige demeure sur leurs flancs, formant un contraste avec le ciel bleu foncé des grandes altitudes. Les tempêtes sont fréquentes en cette saison-là. Bien qu’il y ait, entre chaque distance parcourue, des bicoques pour s’abriter, si on n’a pas pris la précaution d’examiner l’aspect du Campanario, qui est la pointe voisine la plus élevée, et de s’assurer qu’aucun petit nuage ne couronne ses aiguilles, ou que des vapeurs à la laine effrangée ne commencent à se condenser sur ses flancs, on court un grand risque de périr, la direction perdue de bicoque en bicoque, presque effacées par la chute de flocons de neige, si dense, qu’elle ne permet pas de voir ses mains. Cette fois-là, il ne s’agissait pas des promeneurs ou du facteur qui emmène sa sacoche sur le dos d’un porteur de cordillère, ni de passants, d’ordinaire des étrangers qui recherchent ce passage risqué de l’Atlantique au Pacifique. C’était des émigrés politiques qui, à ce prix, retournaient dans leur patrie avec l’intention d’entrer dans l’armée du Général La Madrid, avant de mettre les bouchées doubles pour livrer la bataille qui allait libérer le Général Oribe depuis Córdoba.

jeudi 11 novembre 2010

Entretien avec Nathalie Mege, traductrice (anglais)

Nathalie Mege est traductrice littéraire de l’anglais vers le français.
Elle a traduit (entre autres) Insoupçonnable de Lynda La Plante, Les Délaissés de  Richard Van Camp et L'Oiseau Moqueur de Sean Stewart.
Elle a gentiment accepté de répondre à mes questions que voici…

1) Comment en êtes vous venue à la traduction?
Enfant, j'ai toujours voulu comprendre et traduire les paroles de chanson en anglais, et j'écrivais déjà. Plus tard, ayant beaucoup de temps libre en licence, j'ai commencé à écrire et traduire pour des fanzines. Un auteur que j'adorais, James Tiptree Jr, venant de se suicider, j'ai traduit pour mon plaisir (et pour prolonger quelque chose de ma relation avec ses textes, j'imagine) ses deux dernières novellas parues dans une revue américaine. Puis, le déclic a été ma rencontre avec ma condisciple de l'époque, Nathalie Duport Serval, elle aussi étudiante en licence d'anglais à Bordeaux, mais déjà traductrice pour la revue Fiction. Nathalie m'a introduite auprès de la rédaction et m'a ainsi permis de proposer ces deux textes de Tiptree, qui ont été acceptés.

2) Quelle a été votre première traduction et quel souvenir en gardez-vous aujourd'hui?
Le premier ouvrage que j'ai "traduit" était un roman sentimental pseudohistorique sans intérêt pour moi, sinon qu'il fallait couper 40% du texte alors que l'intrigue se déroulait sur vingt ans et que l'héroïne irlandaise pondait une flopée d'enfants. Cet aspect là des choses (trancher dans le texte) s'est révélé assez jouissif puisque j'ai pu supprimer plusieurs personnages secondaires inutiles et que j'ai carrément dû imaginer toute une scène pour que l'intrigue tienne debout  malgré tout. Mais c'est sans doute un cas extrême en traduction et je ne recommanderais ce genre d'expérience à personne. 

Le premier ouvrage que j'ai traduit sans avoir à le charcuter "pour son bien" à la demande de l'éditeur était un polar de Sandra Scoppettone, pour la collection des Noirs de Natalie Beunat au Fleuve Noir. Le souvenir que j'en garde, c'est que je ne trouvais pas de titre à proposer alors que j'aimais beaucoup ce quatrième opus de la série des Lauren Laurano.  Et puis, au dernier moment, à deux heures du matin, la veille de la réunion avec les commerciaux, je me suis réveillée sur une trouvaille : "Toute la mort devant nous", et j'ai laissé un message sur la boîte vocale de Natalie. Tout le monde a aimé et mon unique proposition de titre a été adoptée.

3) Comment choisissez-vous les textes que vous traduisez?
On ne choisit pas toujours. Parfois, on a cette liberté, parfois pas… pour des questions d'amitié, ou d'argent, par exemple. Mais quand j'ai toute latitude pour répondre, je me fie à mon plaisir de lectrice, et à mon intuition : si des formulations françaises ne me viennent pas naturellement quand je lis l'anglais, c'est signe que je risque de m'arracher les cheveux sur ce texte même si je l'aime. Or, je tiens à mes cheveux. :-)

4) Quel est votre rapport avec les auteurs?
Bon, voire très bon, en général. Il arrive que certains aient du mal à comprendre notre travail et vivent mal nos questions, mais, dans mon expérience, c'est assez rare, du moment que l'on attend la toute fin de la traduction pour synthétiser nos interrogations par courriel.

En dehors de cet aspect de travail de compréhension du texte, les relations suivent tous les cas de figure de l'amitié littéraire : coups de foudre, franches rigolades, parfois paranoïa ou bouderie. De ce point de vue, une relation auteur / traducteur ressemble beaucoup à une relation auteur / auteur.

5) Et au niveau de l'édition, quels rapports entretenez-vous avec les éditeurs?
Je pars du principe que 1) ce métier n'est pas assez rémunérateur pour m'obliger à bosser avec des gens dont je n'admire pas le travail et dont je n'apprécie pas la personnalité, et 2) nous sommes là pour collaborer dans l'intérêt du texte. Résultat, en général, ça se passe bien. 


6) Quels sont vos outils de travail lorsque vous traduisez?
MacMini sous Léopard, clavier et souris sans fil, écran de 21 pouces, navigateur Camino, GlimmerBlocker pour l'antipub sur le Net, Dropbox pour la sauvegarde, Evernote pour les prises de notes, Spotlight (outil de recherche du Mac qui plonge dans les glossaires que j'ai amassés sur mon disque dur au fil des années), ainsi que divers plugins de ma fabrication qui permettent des recherches personnalisées sur de nombreux sites de référence ou de vocabulaire anglais, français et anglais-français. Plus des ajouts spécialisés, souvent sous forme de livre ou, mieux, d'ebook, en fonction de chaque ouvrage à traduire. 

7) Lorsque vous rencontrez une difficulté, que vous êtes bloquée, comment-vous en sortez-vous?
Je vais me préparer un thé et si l'obstacle résiste :
en hiver, je rentre du bois,
en été, je vais piquer une tête,
à la mi-saison, je me balade.

8) Qu'aimez-vous le plus dans votre métier?
En dehors de mon plaisir de lectrice et du fait de le retransmettre : n'avoir pas d'horaires de bureau, pouvoir sacrifier à ma sieste quotidienne et ne pas devoir habiter en ville. Mes chats aussi sont ravis.


9) Exercer ce métier a-t-il fait de vous une lectrice différente?
Si l'on peut dire… Comme beaucoup d'auteurs, qui expliquent qu'en période d'écriture, la voix d'un autre auteur brouillerait la traduction sur le papier de la leur, je dois me concentrer sur la voix de quelqu'un d'autre et faire des acrobaties pour me l'approprier. Résultat : je lis pour l'essentiel entre deux contrats. (Sauf la poésie, que je peux avaler à n'importe quel moment de l'année et de la journée.)

Quant au roman que je lis pour le traduire, lors de la deuxième lecture, préalable au travail de traduction proprement dit, je le regarde plutôt avec un œil d'auteur que de simple lectrice, pour mieux comprendre sa construction au-delà de son ton et de son style. Mais il est vrai que je me lance dans l'écriture de roman ces temps-ci…

 10) Quel est votre meilleur souvenir en tant que traductrice?
Des fous rires de relecture d'épreuves avec des éditeurs complices.


11) Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un(e) apprenti(e) traducteur(trice)?
Si vous n'avez pas la fibre du livre et de la littérature, ne vous dirigez pas vers la traduction littéraire, qui implique un statut d'intello précaire.

mercredi 10 novembre 2010

"Crac...Badaboum. Bon sang! s'exclama l'inspecteur principal Dover"

Misfortune par Riolu19054


Crac…Badaboum.
— Bon sang ! – s’exclama l’inspecteur principal Dover – Mais vous faites quoi, Mills ??
— Rien, rien, je regardais…
— Bon… Reprenons. Je disais donc, victime ligotée à une chaise. Stigmates aux mains et aux pieds. Coupure dans le dos. Je dirais plutôt, entaille profonde. Aucune trace d’objet tranchant sur la table malgré le fait qu’on soit dans une cuisine. Impossibilité de détecter d’autres signes sur le corps de la victime : état de décomposition trop avancé. Couvert placés en croix. Verre rempli d’eau trouble.
Craaac ! Boum, boum, boum !
— Mills ! Nom de Dieu ! Vous avez tout foutu en l’air ! On vous a dit que ce fichu taudis menaçait de s’écrouler. Pourquoi faut-il que vous fourriez toujours vos sales pattes partout ? Et voilà, toutes les preuves sont perdues. Comment va-t-on faire maintenant, hein ?
— Désolé, chef.
— Et arrêtez d’être désolé ! Ça me met hors de moi !
— Mais…Chef…
— Taisez-vous et aidez-moi à dégager ce tas de bois pourri. Le corps était déjà bien bouffé par les vers. Il ne va plus rien nous rester…
— Chef ! Je crois qu’il a égaré sa tête, le malheureux.
— Je rêve… Tout ce qu’il nous fallait ! Mais cherchez-la, abruti, avant que je vous arrache la vôtre ! Non mais comment voulez-vous être efficace avec un débile pareil.
Plus qu’un an… – songea-t-il avec délice – Un an et je prends ma retraite… Ah… Comme je vais être bien dans mon jardin à ne déterrer que des fleurs…
— Chef ! Chef !
— Quoi ? Qu’est ce que vous avez cassé encore ?
— Rien, chef… J’ai retrouvé sa tête. Elle est dans un sale état par contre. Attendez, j’ôte les vers avant de vous la rendre. Ça grouille là-dedans ! Ah, il lui manque un œil. Vous pensez qu’il manquait déjà ou qu’on lui a enlevé ?
— Qu’est-ce que j’en sais moi ? Ne touchez pas à ces saloperies d’asticots ! C’est des preuves Mills, des preuves ! Et vous en avez suffisamment détruit comme ça ! Donnez-moi cette tête ! Je vais la mettre dans un sac plastique pour l’envoyer au labo. Il y a largement de quoi faire avec tout ça.
— Chef… C’est pas tout... Y a un papier dans le coin. Pile là où j’ai retrouvé le crâne.
— Eh bien, faites voir ! – s’emporta l’inspecteur Dover, impatient.
— Tiens, c’est bizarre… Y a une pièce scotchée sur le papier. Encore un objet comme dans l’enquête du mois dernier…
— Et vous pensez que c’est lié ?
— Laissez-moi réfléchir…
— Allez-y, prenez votre temps. Au point où on en est, je peux bien vous accorder cette faveur…
— « Cha-ri-té » – lut-il à haute voix – Mais oui !
— Un tueur rancunier ? – demanda l’inspecteur, perplexe.
— Mais non… C’est pourtant clair comme de l’eau de roche. Enfin dans ce cas-là, comme de l’eau bénite.
— Vous pouvez expliciter Mills ? Ce n’est pas que je sois bête, mais alors tous ces trucs de religion et moi, comment dire… Ça fait deux.
— Bon, pour faire court, la charité est une des sept vertus de la chrétienté. Le mot que nous avons trouvé le mois dernier indiquait « Foi » et était accompagné d’un chapelet. Vous pigez ? Ça fait deux vertus ! Manque plus que l’espérance, la prudence, la justice, la tempérance et la force ! Il reste cinq meurtres, chef. J’en suis pratiquement sûr…
Mais de là à savoir où ils se produiront, comment, pourquoi et par qui, c’en est trop pour moi…
— Ça, c’est mon boulot et celui des scientifiques, don’t worry. J’espère que la tête de ce pauvre homme suffira à nous aider pour traquer ce malade.
En tout cas, je dois dire que sur ce coup là, vous m’impressionnez… Vous n’êtes pas aussi bête que vous le laissez croire. Vous servez donc à quelque chose malgré vos conneries. Bien joué, Mills !