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lundi 31 janvier 2011

Deuxième cours avec Stéphanie Benson.


Vendredi 28 janvier, 10h30.

C'est avec impatience que je me dirige vers la salle de cours...
Qu'allons-nous faire aujourd'hui?
Après avoir appris comment créer un personnage pour débuter un récit, nous allons apprendre à donner un peu de corps à ce personnage.
J'entends par là une personnalité, de la profondeur. Il faut que le lecteur puisse se l'imaginer autrement que comme "un être de papier". 
Cet exercice m'a toujours semblé très difficile. Comment créer un personnage qui ne vit pas? Comment est-il possible d'imaginer sa "vie", ses "sentiments", ses "réactions"...
On écrit un peu de nous, forcément. Stéphanie Benson nous explique que l'écriture est un exercice qui nous oblige à être, en quelque sorte, schizophrènes. Nous devons être auteur et lecteur à la fois pour apprécier le personnage et le rendre le plus "vrai" possible. Mais comment prendre assez de distance? Comment faire pour écrire et être juge de ses écrits presque immédiatement après...? 

Ensuite, Stéphanie nous demande d'écrire un dialogue insignifiant entre notre personnage et un autre personnage (humain, animal, végétal, robot...). Il ne faut pas qu'il ait un lien avec l'intrigue. Il faut que ce soit insignifiant mais que ça fournisse tout de même des indices au lecteur sur l'état du personnage et sur sa "personnalité". C'est grâce à ce petit dialogue que nous lui construisont un peu plus.
Comme en traduction, attention aux "dit-il" trop répétitifs! Nous devons varier sous peine de rendre la lecture peu agréable!
A la fin de nos deux heures de cours, nous avons lu nos passages (dont nous avions modifié légèrement modifié le début).

Voici le mien :

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle se persuadait que son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses quinze ans et elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir intense aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait jolie. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. « C’est le plus beau jour de ta vie ! » lui répétait une voix, à la fois douce et angoissante.
— Lune, que fais-tu encore ici ? – lui lança une petite femme ronde avec un sourire réconfortant.
— Je me demandais où était mon collier en or. Je crois l’avoir perdu…
— Voyons ma Lune, ne pleure pas pour ça ! Lève-toi, nous allons le chercher – dit la petite femme en se penchant de tous côtés et en défaisant les draps du lit.
Lune ne bougeait pas. Elle observait sa nourrice qui s’agitait autour d’elle sans vraiment la voir. Elle s’était laissée absorber par ses pensées. La voix revenait, lancinante. Un petit cri aigu lui fit retrouver ses esprits.
— Je m’en doutais ! Il a du tomber quand tu dormais ! Tiens ma Lune, mets-le. Comme tu as grandi… – murmura la nourrice avec une pointe de nostalgie dans la voix.
— Aide-moi à attacher mon collier, s’il te plaît – demanda la jeune fille. Puis elle se remit à pleurer de plus belle.

samedi 22 janvier 2011

Premier cours avec Stéphanie Benson. Atelier d'écriture

Hier, vendredi 21 janvier 2010, nous avons eu notre premier atelier d'écriture avec Stéphanie Benson (son site ici).
En deux heures, Stéphanie nous a expliqué comment, tout d'abord, créer un personnage de roman ou de nouvelle (nous auront une nouvelle à rendre pour la cinquième et dernière séance).
Nous avons découvert le thème commun à toute la classe : Liberté (et donc, contraintes) et cherché des sous-thèmes pouvant s'y référer (par exemple, la loi, la couple, la politique, les lieux géographiques, les voyages, le sujet et le corps. Ces sous-thèmes renfermant aussi d'autres sous-thèmes!).
Il a fallu que chacun crée son personnage et écrive un premier paragraphe pour le présenter et commencer l'histoire.
Le personnage était soit un homme, soit une femme, on pouvait choisir son âge, le nommer ou non (tâche ardue!), dire s'il est actif ou passif, seul ou entouré d'autres personnages, clair ou sombre...
Après avoir rédigé son petit début de texte, chacun l'a lu devant les autres.
La principale difficulté que j'ai rencontrée était de trop donner de détails au lecteur dès le début... Il aurait fallu que je cache certaines choses pour le moment afin que le lecteur ne sache pas très bien à quoi s'attendre, qu'il se pose des questions.

Voici mon début de texte après modification : 

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle se persuadait que son avenir serait sans doute heureux. Elle était ravissante du haut de ses quinze ans et elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir intense aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait belle. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. « C’est le plus beau jour de ta vie ! » lui soufflait une voix, tout près de son oreille. C’est alors que la porte de sa chambre s’ouvrit. 


vendredi 21 janvier 2011

Coupure d'électricité


Grottes de Majolan, Blanquefort. Julie Sanchez
Grégoire vivait seul. En hiver, les journées étaient courtes, mais peu lui importait. Il adorait rentrer chez lui à la nuit tombée et s’allumer un bon feu. Se reposer dans son fauteuil, laisser ses muscles se détendre et son corps s’imprégner de la chaleur que dégageait le bois… Quel bonheur ! Quand il faisait bien chaud, il allait en cuisine pour préparer son dîner.
Une vie simple, sans grands mystères. Toutefois, Grégoire aimait cette routine qui s’était installée et qui le rassurait.
Il était seul dans sa petite maison de campagne et même si la présence d’une femme lui manquait, il était heureux de vivre à son rythme dans un endroit si tranquille. Les soirs de tempête, il se délectait du bruit que faisait le vent en glissant sur les volets. On aurait dit un sifflement. Comme si un esprit l’appelait de sa douce voix pour le convaincre de le suivre dans les limbes… Cela ne l’inquiétait pas outre mesure. Son poulet rôti sentait délicieusement bon, ce soir-là, mais une coupure d’électricité l’ôta de ses pensées. Surpris, Grégoire ne perçut plus les sifflements du vent de la même façon. Il se mit en quête d’une lampe de poche. Il se leva de son fauteuil, et marcha en frôlant les murs pour ne pas trébucher. Le vent soufflait et l’orage grondait. À la recherche de sa lampe, il avançait dans ce qui lui semblait être une grotte, désormais. Le feu, au centre, aurait tout aussi bien pu lui servir de four. Il pensa d’ailleurs à son poulet rôti, qui ne serait jamais cuit si l’électricité ne se rétablissait pas. Qu’importe, il le ferait revenir dans une poêle sur la gazinière…
Les murs étaient froids et les flammes, qui se reflétaient dans le grand miroir de l’entrée, donnaient une ambiance chaleureuse à la pièce sombre.
En levant les yeux, il aperçut des stalactites ça et là. De petites gouttes de cristal perlaient à leur extrémité. Même si le feu était vif, Grégoire se mit à frissonner. Après avoir enfin trouvé sa lampe, il chercha sa couverture à poils longs dans le placard. Sa tanière était certes confortable mais elle se refroidissait vite. La pluie ne cessait pas et, curieux, Grégoire avait entrouvert un volet. En sécurité, emmitouflé dans sa couverture, il pouvait observer les éléments déchaînés. De gros éclairs se perdaient dans les champs alentours et le faisaient sursauter.
Grégoire prit conscience qu’il avait faim. Il ne devait pas être très tard mais il se dirigea tout de même vers la cuisine, la lampe de poche à la main. Afin d’avoir les mains libres pour pouvoir faire cuire son poulet, il attacha sa lampe au niveau du front avec un énorme élastique. Les flammes bleues se reflétaient sur la poêle et Grégoire avait l’air d’un spéléologue qui, prit dans un ouragan, se serait réfugié dans une cavité à l’abri du vent.
Se prenant au jeu, Grégoire décida de vivre comme dans une caverne ce soir-là. Histoire de briser la routine. Pour une fois, une toute petite fois…
En attendant que le poulet cuise dans la poêle, il installa sa couverture sur le sol du salon, tout près du feu, et se dit que ce soir, il mangerait sans couverts.
Quand le poulet fut bien grillé, il se dirigea dans le salon pour disposer le plat et de quoi boire sur son tapis de poils, tout en prenant soin d’éviter les stalactites de cristal.
Mais tout d’un coup, l’électricité revint, gâchant tout son plaisir d’aventurier affamé. Grégoire ne se laissa pas abattre. Il appuya sur l’interrupteur et revint pour déguster son dîner.

mercredi 19 janvier 2011

Quien sera - Polo Montañez

Une petite chanson de Polo Montañez, auteur-compositeur et interprète de son cubain.
Cet artiste, qui nous a quittés en 2002 comptait trois albums à son actif :
Guajiro Natural (2000), Guitarra Mía (2002) et Memoria (2004-posthume).


Très bonne journée!! 

mardi 18 janvier 2011

03:34 de Juan Pablo Ternicier

Le 27 février 2010, à 3h34 du matin très précisément, la terre a tremblé au Chili.
Un film a été fait il y a peu sur ce sujet.
Je ne crois pas que sa sortie soit déjà prévue en France mais je voulais partager ce lien.
J'ai lu plusieurs commentaires de chiliens ayant vécu la catastrophe qui n'iront pas le voir. C'est compréhensible... Des amis ont vécu le tremblement à Concepción et rien que de voir la bande-annonce, j'ai eu des frissons et les larmes aux yeux. (L'un deux, pompier apparaît même dans le film!!)
Je pense que si le film sort en France, j'irai tout de même le voir.


Je vous laisse regarder la vidéo et réagir sur ce thème si le cœur vous en dit.


Traduire, traduire, traduire...

Piedra del Indio, Coyhaique par Carlo Rocuant.

Le livre que j'ai choisi de traduire pour le mois d'août est (pour ceux qui ne seraient pas au courant :) ) El Maquillador de cadáveres de Jaime Casas (Chili).
L'histoire se passe à Chile Chico, une commune du Sud du Chili.
Ne connaissant pas cette région, je dois sans cesse faire des recherches.
Et j'en apprends tous les jours!!

Comment ne pas être passionné par une activité qui nous permet de découvrir, presque à chaque page, de nouveaux endroits, de nouvelles coutumes, de nouveaux mots...

Dernièrement, je recherchais quelques photos de paysages pour voir à peu près dans quel milieu évoluaient les personnages.
Eh bien, je n'ai qu'une chose à dire, JE VEUX RETOURNER AU CHILI :)

Magnifique, je vous laisse admirer les photos d'un homme très doué nommé Carlo Rocuant. Je suis tombée sur ses photos par hasard en cherchant la "Piedra del Indio" et des photos du lac General Carrera.
Il n'y a rien à dire, juste à admirer...

http://www.panoramio.com/user/774542?with_photo_id=7413374

samedi 15 janvier 2011

Manuel L. Alonso, Juego de adultos

Por la noche, Gonzalo llamó a Ramón.
—He estado pensando. Tengo una idea, un buen desafío para ti. Pero creo que es demasiado fuerte.
—Te escucho.
—Bueno, si no te atreves lo comprenderé. No es tan fácil como irse de un sitio sin pagar. Puede ser peligroso.
—¿Y qué es?
—Bah, nada, olvídalo. Nos veremos mañana en clase.
—Te conozco —dijo Ramón sonriendo—, sé que haces todo esto para intrigarme. Suéltalo de una vez.
—No, en serio, primero quiero pensarlo despacio, y después será mejor que lo hablemos entre los tres. No quiero pasarme y que te ocurra algo por mi culpa.
—Escucha —se impacientó Ramón—, estoy en pijama, descalzo, y se me están quedando los pies helados. Me has sacado de la cama y ahora no me vas a dejar intrigado sin saber qué es lo que se te ha ocurrido. Así que dilo de una vez. ¡Ahora!
—En serio, no sería un juego. Podría acabar mal. Es... bueno, te lo digo y luego lo olvidas, ¿de acuerdo? Es como una prueba de supervivencia. Un plazo no muy largo, pongamos tres días. Tienes que sobrevivir tres días por tus propios medios. No vale pedir ayuda a tus padres ni a nadie que conozcas. Tú solo, tres días y tres noches.
—¿Quieres que me vaya a la selva a pasar tres días como Tarzán? —ironizó Ramón—. No sé qué habrás cenado, pero te ha sentado mal.
—A la selva no. A una gran ciudad.
Con el teléfono en la mano, Ramón se paseaba por el pasillo para combatir el frío. Se detuvo ante el espejo del recibidor, que le devolvió la imagen de un chico despeinado con un aspecto corriente, ni demasiado alto ni muy bajo, ni guapo ni feo. No era un atleta ni un héroe, y lo del restaurante había sido la primera cosa excepcional que hacía en su vida.
Comprendió que su amigo hablaba en serio. Sintió como un escalofrío anticipado. Por supuesto que sería peligroso. Sería una locura.
—Tengo que colgar —dijo Gonzalo sin darle tiempo a responder.
Y así fue como empezó todo.

***

Dans la nuit, Gonzalo appela Ramón.
— J’ai réfléchi. J’ai une idée, un super défi pour toi. Mais je crois que c’est trop risqué.
— Je t’écoute.
— Bon, si t’oses pas le faire, je comprendrai. C’est pas aussi simple que de partir d’un endroit sans payer. Ça peut être dangereux.
— Et c’est quoi ?
— Boh, rien, oublie. On se verra demain en classe.
— Je te connais – dit Ramón en souriant –, je sais que tu fais tout ça pour me mettre l’eau à la bouche. Lâche le morceau, une bonne fois pour toute !
— Non, sérieusement, je veux d’abord prendre mon temps pour y penser, et après il vaudra mieux qu’on en parle tous les trois ensemble. Je ne veux pas insister et qu’il t’arrive quelque chose à cause de moi.
— Écoute – s’impatienta Ramón –, je suis en pyjama, pieds nus et ils sont glacés. Tu m’as sorti du lit et maintenant, tu ne vas pas me laisser intrigué sans que je sache ce à quoi tu as pensé. Alors dis-le une fois pour toute. Maintenant !
— Sérieusement, ça ne serait pas un jeu. Ça pourrait mal se terminer. C’est… bon, je te le dis et puis tu oublies, d’accord ? C’est comme une épreuve de survie. Ça ne durerait pas très longtemps, disons trois jours. Tu dois survivre pendant trois jours par tes propres moyens. Tu ne peux pas demander de l’aide à tes parents ni à aucune de tes connaissances. Juste toi, trois jours et trois nuits.
— Tu veux que j’aille dans la jungle pour passer trois jours comme Tarzan ? – ironisa Ramón –. Je ne sais pas ce que tu as mangé, mais ça ne t’a pas réussi.
— Dans la jungle, non. Dans une grande ville.
Le téléphone à la main, Ramón se promenait dans le couloir pour lutter contre le froid. Il s’arrêta devant le miroir de l’entrée, qui lui renvoya l’image d’un garçon décoiffé à l’air banal, ni trop grand ni trop petit, ni beau ni laid. Il n’était ni un athlète ni un héros, et en ce qui concernait le restaurant, ça avait été la première chose exceptionnelle qu’il faisait dans sa vie.
Il comprit que son ami parlait sérieusement. Il eu comme un frisson anticipé. Bien sûr que ce serait dangereux. Ce serait une folie.
— Je dois raccrocher – dit Gonzalo sans lui donner le temps de répondre.
Et c’est ainsi que tout a commencé.

jeudi 6 janvier 2011

Saut de grenouille

Grenouille par Julie Sanchez

Le Saut de Grenouille était un petit restaurant situé dans la vieille ville de Dinan. Pour s’y rendre, il suffisait de remonter la rue du Pressoir et de s’arrêter devant la porte rouge en bois ouvragé. Il n’y avait aucun numéro sur le mur de pierre ; mais si on levait les yeux, on pouvait voir l’enseigne pendue à une barre de fer forgé. Elle était en bois et, à ce qu’on raconte, elle n’avait pas été changée depuis que le restaurant avait été ouvert. On pourrait dire depuis une éternité !
Sur l’enseigne, une grenouille était peinte. Elle était d’une couleur vert clair et portait une toque de cuisinier sur la tête et une cuillère en bois dans sa patte.
Les touristes étaient enchantés lorsqu’ils découvraient ce petit restaurant par hasard. Les fenêtres étaient toujours ornées de jolies fleurs et de lierre grimpant le long des vieilles pierres. Tout avait l’air minuscule et mystérieux comme s’il s’agissait d’une maison de poupée. Seuls les anglais évitaient d’y entrer. Le nom de « Saut de Grenouille » et l’enseigne plutôt comique leur faisaient penser aux cuisses dodues des batraciens, qu’ils abhorraient.
            Mais au Saut de Grenouille, il n’était point question de servir de tels plats. Lorsqu’on y entrait, ça fleurait bon le beurre et le caramel. De grandes tablées en bois occupaient le centre de la salle et sur les côtés, on trouvait de petites tables pour les couples désireux de plus d’intimité. Un petit bar en bois sculpté était posé sur la gauche. Toute la maisonnée était éclairée grâce à des lampes à huile et des chandelles. Cela lui donnait un air encore plus chaleureux que ce qu’on pouvait imaginer en la voyant de l’extérieur.
            On pouvait y manger à toute heure du jour ou de la nuit. On y trouvait de bons petits plats typiques de la région comme, par exemple, les galettes aux champignons et à la crème ou bien celles aux saucisses, le tout accompagné de lait ribot. Lorsque la pêche avait été bonne, le chef préparait les plus beaux plateaux de fruits de mer du coin. Et que dire des desserts de Nolwenn… Ses petits kouign-amanns encore tièdes surmontés d’une boule de glace à la vanille et ses crêpes au caramel au beurre salé faisaient saliver les plus gourmands. Au bar, Nolwenn proposait également toutes sortes de boissons délicieuses. Celles qui avaient le plus de succès étaient le cidre doux (fait maison !) et le chouchen.
            Nolwenn se faisait souvent courtiser et pour cause. Avec ses longs cheveux roux bouclés et ses yeux verts, on aurait dit une fée. Son petit air mutin calmait immédiatement les clients un peu éméchés qui s’emportaient trop vite.
            Au Saut de Grenouille, il y avait toujours de la musique, des gens avec lesquels discuter, chanter et danser. On partageait ses souvenirs, ses expériences. Les jeunes filles se laissaient séduire par les jeunes hommes en faignant l’indignation. Les vieux racontaient, à qui voulait les écouter, leurs légendes de marins.
Il y faisait bon vivre et parfois, on y trouvait même l’amour.
            Je n’ajouterai qu’une chose… Si d’aventure vous passez à Dinan, arrêtez vous dans la rue du Pressoir. Laissez-vous guider par votre imagination. L’odorat et l’ouïe. Le beurre et l’accordéon. La vue. La porte rouge en bois et l’enseigne à la grenouille.
Un petit paradis sur terre. Qui malheureusement n’existe plus…