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dimanche 27 février 2011

Présentation de Pancho Veloso.

Voici une petite présentation de Pancho Veloso, personnage principal du roman que je traduis cette année pour le master : El Maquillador de cadáveres de Jaime Casas (LOM, 2007 pour la 4e édition).

Que vous inspire-t-il?


Avec ses dix doigts, Pancho Veloso touche à tout. Il tripote, trifouille, malaxe, caresse, tâte, palpe, manipule, tripatouille, triture, manie, attrape, effleure…
Il est distant, insaisissable mais voit le monde tel qu’il est vraiment.
Panchito se fie à ses sens et il ne se trompe presque jamais. Il arrive à déterminer le caractère des gens, à percer à jour leurs vices et leurs qualités. Mais surtout leurs vices, il faut l’avouer !
Le plus fou est qu’en touchant leur visage, il arrive à percevoir ce que les morts ont ressenti juste au moment de leur décès. Pour développer ce don et rendre les cadavres « plus vivants », il apprendra l’anatomie aux côtés de don Juan Robles, médecin légiste du Sud du Chili.
Dans ces contrées lointaines, balayées par le pampero, Velosito va découvrir son corps, les plaisirs charnels, la vie…
La mort est omniprésente mais elle rend ce jeune adolescent encore plus vivant. On s’y attache à ce gamin difficile, curieux et un peu bizarre même si on ne le comprend pas toujours et qu’il nous dégoûte parfois. Il est surprenant et profond. Un héros atypique, dans un monde trop peu connu. Tout semble magique et terre à terre à la fois.
L’apprentie traductrice que je suis s’y est peut-être trop attachée. Trop et trop vite.
La séparation risque d’être difficile…

jeudi 24 février 2011

Traduction longue, 1er jet!

Ouf, plus qu'un chapitre!
J'en vois le bout!
J'aurais pu avoir terminé plus tôt mais j'ai un peu traîné et je ne boucle mon premier jet qu'aujourd'hui...
Je crois que j'ai dépassé la limite des 150.000 signes mais je ne pouvais pas m'arrêter en plein milieu de chapitre.
Il y en a quinze en tout mais je n'en ai traduis que onze... (Ô frustration!)

Vous me direz que je n'ai qu'à traduire les quatre derniers! Mais quatre chapitres, ce n'est pas rien et je ne peux pas me permettre de me surcharger de travail. Notre "mère" spirituelle nous en donne déjà bien assez (et c'est aussi pour cela qu'on l'aime! ;) )

Aujourd'hui, pour finir en beauté, mon onzième chapitre se passe dans la salle d'un médecin légiste avec don Juan Robles, le médecin et Pancho Veloso (Panchito ou Velosito), l'élève.
Pancho est un gamin un peu spécial et en grandissant, il désire travailler avec les cadavres.
Il se trouve que le jeune homme a un don, un toucher très développé qui lui permet de "détecter" ce que les gens qui sont morts ont pu ressentir dans leur vie. Joie, tristesse, mensonges, trahisons, rêves...
Dans le chapitre précédent, Robles a ordonné à Pancho d'apprendre tous les noms des muscles du visage ainsi que leur fonction. Le jeune homme ne pourra revenir le voir que lorsqu'il maîtrisera tous ces termes compliqués.
Dans cette partie du livre, c'est chose faite. Nous avons pu suivre l'apprentissage de Pancho et là, il nous montre ce qu'il sait faire. Si tel muscle est contracté, Pancho peut dire que l'homme a ressenti du dégoût lors de sa mort... Ce genre de choses...

Alors voilà, cet après-midi, je me suis plongée avec plaisir (et un peu de regret) dans ce dernier chapitre de mon premier jet ainsi que dans des dictionnaires médicaux et autres coupes du visage.
J'en apprends tous les jours et j'ai vraiment hâte de me lancer dans mon deuxième jet.
Le maître mot sera organisation.

Mais ne jamais oublier la curiosité, le plaisir, la découverte, la musique des mots et le rythme.

J'espère pouvoir rendre en français toute la saveur de ce texte et son originalité.

En attendant, si vous voulez en savoir plus sur le héros du livre, Pancho Veloso, un article à son sujet arrivera très bientôt. :)

lundi 21 février 2011

Quatrième atelier avec Stéphanie Benson

 Vendredi 18 février, 10h30

Nouvel atelier d'écriture avec l'écrivain Stéphanie Benson.
Pour aujourd'hui, nous devions avoir réfléchi à la fin de notre nouvelle. 
Nous commençons l'atelier par un petit rappel important : Qu'est ce qui différencie la narration, la description, les dialogues? Nous avons cité des types de verbes, la présence ou non d'adverbes, d'adjectifs ou encore de figures de style. Nous avons vu les différents types de discours (direct, indirect, indirect libre) et appris qu'il faut penser à les varier dans un dialogue (selon sa longueur) pour que le lecteur ne s'ennuie pas. 
Pour rendre le dialogue tonique, on insère des verbes, de courtes descriptions qui permettent au lecteur de percevoir ce que ressent le lecteur. Nous devons vraiment imaginer notre scène comme sur un tournage.
Et avec ce petit commentaire, nous en venons aux différents plans, les mêmes que ceux du cinéma. 
Plan rapproché, plan moyen, plan large, panoramique. Nous devons maîtriser ces trois plans, savoir ce que l'on voit dans chacun d'eux : le visage du personnage principal ou bien les deux personnages ensemble, un paysage...
Nous devons ensuite pouvoir imaginer notre nouvelle avec ces différents plans et nous servir de cela pour insérer des descriptions, savoir si on se concentre sur les mouvements ou les expressions, un geste brusque ou un sourcil relevé...
Ces plans nous permettent aussi de jouer avec le rythme. Phrases courtes, longues, saccadées, listes. 
Stéphanie nous explique que lorsque nous commençons à écrire, nous écrivons d'après ce que nous avons lu. Cependant, chacun a un style qui lui est propre. Il faut travailler ce style, l'étoffer, l'enrichir. En fait, nous sommes comme de petits artisans!

Après avoir noté toutes ces infos et ces petits conseils (petits mais utiles!!), chacun de nous doit se demander qui fait quoi dans sa nouvelle et pour quelle raison.
Notre but aujourd'hui est de prendre un passage de l'histoire (situé juste après la description de préférence cf deuxième atelier) et de le développer, de créer une nouvelle scène.
La nouvelle n'est pas terminée, je vais devoir refaire cet exercice pour d'autres parties du texte. Nous devons avoir fini pour le vendredi 4 mars. 

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture!!

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle se persuadait que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses quinze ans et elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir intense aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait jolie. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. Elle percevait des voix éloignées qui répétaient, à la fois douces et angoissantes : « C’est le plus beau jour de ta vie ! ».
— Lune, que fais-tu encore ici ? – lui lança une petite femme ronde avec un sourire réconfortant.
— Je me demandais où était mon collier en or. Je crois l’avoir perdu…
— Voyons ma petite Lune, ne pleure pas pour ça ! Lève-toi, nous allons le chercher – dit la petite femme en se penchant de tous côtés et en défaisant les draps du lit.
Lune ne bougeait pas. Elle observait sa nourrice qui s’agitait autour d’elle sans vraiment la voir. Elle s’était laissée absorber par ses pensées. Les voix revenaient, lancinantes. Un petit cri aigu lui fit retrouver ses esprits.
— Je m’en doutais ! Il a du tomber quand tu dormais ! Tiens ma Lune, mets-le. Comme tu as grandi… – murmura la nourrice avec une pointe de nostalgie dans la voix.
— Anne, aide-moi à attacher mon collier, s’il te plaît – demanda la jeune fille. Puis elle se mit à pleurer de plus belle.
Anne prit Lune dans ses bras. Une lumière dorée auréolait les deux femmes. Le lit à baldaquins, majestueux, donnait l’impression que Lune était minuscule lorsqu’elle se trouvait à côté. Le soleil se reflétait sur les draps délicats en créant des reflets moirés. Tout autour d’elle était sublimé. La chambre était exigüe et même si elle était confortable, Lune s’y sentait généralement à l’étroit. Parfois, l’ombre d’un oiseau dansait sur les murs de pierre, glissant à travers les barreaux de la fenêtre. Il se retrouvait ainsi piégé, malgré lui, dans une petite cage dorée faite de dorures, de pierres froides et de tissus raffinés. Lune se sentait comme ces ombres fuyantes. Depuis un mois, elle errait dans la grande maison familiale, sans appétit, absente, presque invisible. Sa chambre était devenu son seul refuge mais elle ne l’empêchait pas de penser à ce qui l’attendait d’ici peu.
Un bruissement d’ailes lui fit tourner la tête vers la petite fenêtre. Un corbeau se trouvait sur le rebord et avait passé sa tête à travers les barreaux. La nourrice se précipita vers lui pour l’effrayer. 
— Va t-en, oiseau de malheur !
Anne faisait de grands gestes désordonnés. Elle avait beau s’égosiller et remuer comme une démente, elle ne parvenait pas à faire fuir le corbeau. Celui-ci restait stoïque, sur la fenêtre, et l’observait.
Lune ne put réprimer un petit rire au spectacle de sa nourrice échevelée et du corbeau indifférent.
— Va t-en ! Va t-en ! Et toi Lune, ne ris pas ! Je suis toute décoiffée et cet imbécile d’animal me regarde sans bouger.
— Laisse-le donc, nous avons autre chose à faire. On nous attend.
Lune sentait un nœud se former dans sa gorge à mesure qu’elle prononçait ces paroles. Son sourire s’effaça.
Anne répondit à Lune que celle-ci avait raison et elle trottina jusqu’au miroir pour tenter de redonner un peu d’allure à son chignon. Le corbeau croassa et s’envola dans le ciel bleu. Une petite brise fraîche, très agréable par la chaleur qu’il faisait, pénétra dans la pièce. Lune respira profondément pour s’imprégner de l’air pur chargé de l’odeur subtile et rassurante de l’herbe fraîchement coupée. Elle regarda par la fenêtre et sa nourrice vint se placer derrière elle. « C’est une belle journée, une fête grandiose nous attend ». À ces mots, la gorge de Lune devint plus étroite encore et ses mains moites cherchèrent un support sur lequel s’appuyer.
La jeune femme ne pouvait rien dire. Pas aujourd’hui, il était trop tard.
Anne savait. Depuis toujours, elle était au courant du secret qui rongeait sa protégée. Mais elle non plus, elle ne dirait rien.
La vie était faite ainsi. Des promesses, des compromis, des engagements…
Pour les hommes de haut rang, l’amour était une chose futile et il ne devait, en aucun cas, venir à l’encontre de leurs intérêts.
Après une dernière étreinte, sa nourrice proposa à Lune de la suivre jusqu’au jardin. Les invités étaient arrivés et il ne manquait plus qu’elle à la fête.
Lune descendit les escaliers en s’agrippant au bras de celle qui l’avait vue grandir. Elle se dirigea ensuite vers le jardin, faisant abstraction de tout ce qui l’entourait. Mais bien vite, la réalité reprit le dessus.
Au bout d’un petit chemin parsemé de roses, un jeune homme de dos attendait sa promise. Lune avança, fébrile. Les musiciens avaient déjà commencé à jouer. Tout le monde avait l’air heureux mais la jeune femme se sentait mal à l’aise. Le futur marié se retourna et fit un sourire dans sa direction. Rougissant, elle le lui rendit et alla se placer à sa gauche. Ensemble, ils regardèrent la mariée qui avançait en rythme. Vêtue d’une belle robe blanche, ses cheveux blonds tressés et ornés d’une couronne de fleurs d’oranger, Amandine, la sœur de Lune, était rayonnante. Elle s’arrêta devant l’autel aux côtés de l’homme qu’elle allait épouser.

Assise sur son lit dans sa robe d’un noir profond, Lune pleurait. Elle se persuadait que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses vingt ans et désormais, elle était une femme. Cela faisait cinq ans qu’elle était entrée au couvent des Capucines. Parfois, l’ombre d’un oiseau passait entre les barreaux de sa cellule et semblait voltiger sur les murs de pierre. Pour oublier sa vie d’avant et tenter de sécher ses larmes, Lune entonnait une prière au nom de son nouvel Amour. 


lundi 14 février 2011

Troisième atelier avec Stéphanie Benson

Vendredi 11 février, 10h30.

Entre les deux derniers ateliers, nous avons du ajouter une description à notre texte en essayant de faire une métaphore. Il fallait en tout cas que le milieu décrit nous renvoie une image autre que la simple réalité.
Pour ce troisième atelier, il nous a fallu terminer notre nouvelle.
Déjà...
Enfin, terminer... Penser à la fin.
Nous avons chacun fait une sorte de fiche pour chacun des personnages en nous posant des questions comme : Qui est-il? Qu'a-t-il fait? Que va-t-il faire? Pourquoi?
Perrine et moi devions partir plus tôt pour assister à notre tutorat en compagnie de Marianne Millon. Nous n'avons donc pas pu entendre les idées de la classe.
Stéphanie nous a guidées pour que l'on puisse faire durer le suspense jusqu'à la fin.
A retenir donc : ne jamais trop en dire pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture.

Je vous propose une dernière version de ma nouvelle.
Elle est terminée et je la trouve plutôt courte. Mais nous verrons sans doute, dans nos derniers ateliers, comment étoffer nos textes... La suite au prochain épisode!!

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle se persuadait que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses quinze ans et elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir intense aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait jolie. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. Elle percevait des voix éloignées qui répétaient, à la fois douces et angoissantes : « C’est le plus beau jour de ta vie ! ».
— Lune, que fais-tu encore ici ? – lui lança une petite femme ronde avec un sourire réconfortant.
— Je me demandais où était mon collier en or. Je crois l’avoir perdu…
— Voyons ma Lune, ne pleure pas pour ça ! Lève-toi, nous allons le chercher – dit la petite femme en se penchant de tous côtés et en défaisant les draps du lit.
Lune ne bougeait pas. Elle observait sa nourrice qui s’agitait autour d’elle sans vraiment la voir. Elle s’était laissée absorber par ses pensées. Les voix revenaient, lancinantes. Un petit cri aigu lui fit retrouver ses esprits.
— Je m’en doutais ! Il a du tomber quand tu dormais ! Tiens ma Lune, mets-le. Comme tu as grandi… – murmura la nourrice avec une pointe de nostalgie dans la voix.
— Aide-moi à attacher mon collier, s’il te plaît – demanda la jeune fille. Puis elle se remit à pleurer de plus belle.
La nourrice prit Lune dans ses bras. Une lumière dorée semblait auréoler les deux femmes. Le lit à baldaquins, majestueux, donnait l’impression que Lune était minuscule lorsqu’elle se trouvait à côté. Le soleil se reflétait sur les draps délicats en créant des reflets moirés. Tout autour d’elle était sublimé. La chambre était exigüe et même si elle était confortable, Lune s’y sentait généralement à l’étroit. Parfois, l’ombre d’un oiseau dansait sur les murs de pierre, glissant à travers les barreaux de la fenêtre. Ils se retrouvaient ainsi piégés, malgré eux, dans une petite cage dorée faite de dorures, de pierres froides et de tissus raffinés. Lune se sentait comme ces ombres. Depuis un mois, elle errait dans la grande maison familiale, sans appétit, absente, presque invisible. Sa chambre était devenu son seul refuge mais ne l’empêchait pas de penser à ce qui l’attendait d’ici peu.
Un bruissement d’ailes lui fit tourner la tête vers la petite fenêtre. Un corbeau se trouvait sur le rebord et avait passé sa tête à travers les barreaux. La nourrice se précipita vers lui pour l’effrayer.
Après une dernière étreinte, sa nourrice dit à Lune de la suivre jusqu’au jardin. Les invités étaient arrivés et il ne manquait plus qu’elle à la fête.
Lune descendit les escaliers en s’agrippant au bras de celle qui l’avait vue grandir. Elle se dirigea ensuite vers le jardin, faisant abstraction de tout ce qui l’entourait. Mais bien vite, la réalité reprit le dessus.
Au bout d’un petit chemin parsemé de roses, un jeune homme de dos attendait sa promise. Lune avança, fébrile. Les musiciens avaient déjà commencé à jouer. Tout le monde avait l’air heureux mais la jeune femme se sentait mal à l’aise. Le futur marié se retourna et fit un sourire dans sa direction. Rougissant, elle le lui rendit et alla se placer à sa gauche. Ensemble ils regardèrent la mariée qui avançait en rythme. Vêtue d’une belle robe blanche, ses cheveux blonds tressés et ornés d’une couronne de fleurs d’oranger, Amandine, la sœur de Lune, était rayonnante. Elle s’arrêta devant l’autel aux côtés de l’homme qu’elle allait épouser.

Assise sur son lit dans sa robe d’un noir profond, Lune pleurait. Elle se persuadait que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses vingt ans et désormais, elle était une femme. Cela faisait cinq ans qu’elle était entrée au couvent des Capucines. Parfois, l’ombre d’un oiseau passait entre les barreaux de sa cellule et semblait voltiger sur les murs de pierre. Pour oublier sa vie d’avant et tenter de sécher ses larmes, Lune entonnait une prière au nom de son nouvel Amour. 

N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez...

samedi 12 février 2011

Mes mains de traductrice ont une vie autonome.

Pendant un de nos ateliers de traduction, j'ai fait référence à une nouvelle (française ou sud-américaine, je ne sais plus...) qui racontait l'histoire d'un homme dont la main se met à vivre indépendamment de lui et qui finalement se jette sur lui pour l'étrangler. Caroline Lepage, notre professeur à l'imagination foisonnante m'a donc demandé d'écrire un texte sur la vie autonome de mes mains.
Voici ce que ça a donné : 


Je me présente :
Julie, apprentie traductrice. Qu’ai-je de si particulier ? me direz-vous. Eh bien, mes mains ont une vie autonome.
Ne riez pas, cela arrive, quelquefois.
Tout le monde pense que je suis une fille maladroite. Mon père se moque sans cesse de moi : « Tu as des patates à la place des mains, ma pauvre Julie ! ». Des patates tiendraient sûrement mieux en place que ces deux effrontées. Il suffit que je porte fermement quelque chose pour qu’elles décident de l’envoyer par terre.
Et ce, même avec de la nourriture ! Comment voulez-vous que je me tienne bien à table si ces deux petites pestes me jouent des tours ? Mes camarades de classe pourront en témoigner, mes mains me font parfois passer pour un petit goret en société…
Et que dire de tous les dessins dont elles maculent mes leçons ? Je dis mes leçons mais n’importe quel bout de papier en fait les frais. Des petits soleils, des étoiles, des hippocampes… Elles gribouillent, écrivent, raturent, font des pâtés, des arabesques, c’est selon. Tout y passe, sauf les tables. Ça non ! Je les ai dressées d’une main de fer pour qu’elles ne touchent pas aux tables.
Et mes traductions, que dire de mes traductions… Dès qu’elles aperçoivent un texte, elles sont incontrôlables. Elles barrent, soulignent, commentent mais elles sont si excitées que, dans la précipitation, elles font des fautes souvent honteuses.
Elles aiment toucher à tout. Les tissus, la peau, l’eau, le bois, la pierre... Elles peuvent difficilement se contrôler.
La cohabitation n’est pas toujours aisée, je dois toujours être sur le qui-vive. Mais sans elles et leur vie autonome, je ne serai pas moi. Et ça, il faut l’avouer, ce serait bien dommage.

Ascenseur


Ascenseur Lafayette par NemusLoren
Assis sur son canapé, Tim semblait éreinté. Il avait disposé tout son attirail sur la table basse et était prêt à se mettre au travail. Colle, ciseaux, cahier, journaux, photos. Cela faisait deux ou trois semaines – il ne savait plus très bien – que c’était arrivé. Il ne réalisait pas ou ne semblait pas vouloir le faire. Il avait toujours eu tendance à se bercer d’illusions. Mais qu’y avait-il de mal à ça ? La vie était si cruelle…
D’abord, il découpa consciencieusement les articles puis il entreprit de les coller dans son cahier. Mais pas dans n’importe quel ordre. Il fallait que tout soit net, droit, organisé. Tim avait toujours été perfectionniste, parfois même jusqu’à l’obsession. Depuis ce qui s’était passé dans son immeuble, son état psychologique avait empiré. Sa petite amie avait été tuée et il ne savait plus où il en était. L’incident avait eu lieu à deux pas de sa porte, dans l’ascenseur. Tout avait été très rapide et il n’y avait pratiquement pas eu de bruit. L’appartement dans lequel vivait le jeune homme était au cinquième étage d’un beau bâtiment de style haussmannien. Il était placé dans un quartier tranquille et très agréable, non loin du centre de Paris. Un large escalier permettait l’accès aux étages supérieur mais, dans les années trente, on avait ajouté un bel ascenseur aux grilles de fer forgé, joliment ouvragées. Cet ascenseur était certes beau, il n’en restait pas moins dangereux. Il fallait être prudent avec les vieilles grilles qui s’ouvraient trop facilement.
Ce soir là, Coline avait du les ouvrir trop tôt mais pour les enquêteurs, cette hypothèse n’était pas acceptable. D’après le peu d’indices dont ils disposaient, la jeune fille avait été assassinée et il ne s’agissait en rien d’un accident.
C’était Tim qui avait prévenu la police. En prenant l’ascenseur, il avait perçu un énorme craquement lorsqu’il était arrivé au rez-de-chaussée. Il avait expliqué qu’il attendait Coline depuis un bon moment déjà et qu’il avait eu envie de patienter dans la rue, en fumant une cigarette. Ce bruit, qu’il n’avait jamais entendu auparavant, lui avait glacé le sang. Avec l’aide du concierge, il avait fait remonter l’ascenseur et avait découvert le corps de sa petite amie, ou du moins ce qu’il en restait. Le pauvre garçon était en pleurs et jurait que si ce n’était pas un accident qui avait tué Coline, il retrouverait l’ordure qui avait commis cette horreur. C’est d’ailleurs en partie pour cela que Tim récupérait tout ce qui était en lien avec l’enquête et son avancée. Il faisait chaud. Une chaleur humide qui vous épuise en moins de deux. Tim se leva et alla se servir un verre quand quelqu’un sonna à la porte. Il regarda discrètement par le judas et souffla, l’air excédé.
 — J’arrive bébé ! – cria-t-il en s’efforçant d’avoir l’air enjoué.
Tout en maugréant, Tim ferma son cahier plein de coupures de journaux, glissa le tout sous son lit et abaissa l’écran de son ordinateur. Il prit soin de cacher les photos de Coline dont certaines étaient criblées de trous, à moitié brûlées ou recouvertes d’insultes avant d’aller ouvrir.

samedi 5 février 2011

Francisco Ayala Historia de Macacos

Voici la version tombée à l'agrégation interne d'espagnol cette année.
Et ma traduction...

Un mazazo, capaz de alurdir a un buey: eso había sido la revelación de Robert. Su famoso dirscurso nos había dejado tontos. Ya, ya irían brotando, como erupción cutánea, las ronchas que en cada cual levantaría tan pesada broma: pues -a unos más y a otros menos- ¿ a quién no había de indigestársele el postre que en aquella cena debimos tragarnos? Cuando al olro día, pasado el estupor de la sorpresa y disipados también con el sueño los vapores alcohólicos que tanto entorpecen el cerebro, amaneció la gente, para muchos era increíble lo visto y lo oído: andábamos todos desconcertados, medio huidos, rabo entre piernas. Tras vueltas, reticencias y tanteos que ocuparían las horas de la mañana, sólo al atardecer se entró de lleno a comentar lo sucedido; y entonces, ¡ qué cosas peregrinas no pudieron escucharse! Por lo pronto, y aunque parezca extraño (yo tenía miedo a los excesos de la chabacanería), aunquo parezca raro, la reaccón furiosa contra la mujer, de que Ruiz Abarca ofreciera en el acto mismo un primer y brutal ejemplo, no fue la actitud más común. Hubiera podido calcularse que ella constituiría el blanco natural de las mayores indignaciones, el objeto de los dicterios más enconados: pero no fue así. La perfidia femenina – corroborada, una vez más, melancólicamente- no sublevaba tanto como la jugarrreta, de Robert, ese canalla que ahora -pensábamos- estaría burlándose de nosotros, y riendo tanto mejor cuanto que era el último en reír. Durante meses y meses nos había dejado creer que le engañábamos, y los engañados éramos nosotros: esto sacaba de tino, ponía rojos de rabia a muchos. Pues, en verdad, la conducta del señor director de Expediciones y Embarques resultaba el bocado de digestión más difícil; pensar que se había destapado con desparpajo inaudito -mejor aún, con frío y repugnante cinismo- como un chulo vulgar, rufián y proxeneta, suscitaba oleadas de rabia y tardío coraje, quizás no tanto por el hecho en sí como por la vejación del chasco.


***


Un coup de massue, capable d’étourdir un bœuf : telle avait été la révélation de Robert. Son fameux discours nous avait laissés abasourdis. Déjà, comme une éruption cutanée, les boutons que chez les uns et les autres une plaisanterie aussi assommante provoquerait, se mettraient à bourgeonner : car – ce fut plus le cas pour certains que pour d’autres – qui n’allait pas trouver indigeste le dessert que nous avons du avaler à ce dîner ? Quand, le lendemain, la stupeur de la surprise est passée et que les vapeurs alcooliques, qui engourdissent tant le cerveau, se sont aussi dissipées, les gens se réveillèrent. Pour beaucoup d’entre eux, ce qu’ils avaient vu et entendu était incroyable : nous étions tous déconcertés, à moitié méfiants, la queue entre les jambes. Après réflexions, réticences et essais qui ont du prendre toute la matinée, c’est seulement à la tombée du jour qu’on se mit vraiment à commenter ce qui était arrivé. Et alors, que de choses étonnantes n’a-t-on pas entendu ! Pour le moment, et même si cela paraît étrange (je craignais les excès de la vulgarité), même si cela paraît bizarre, la réaction furieuse contre la femme, dont Ruiz Abarca offrit, dans son acte même, un premier et brutal exemple, ne fut pas l’attitude la plus commune. On aurait pu prévoir que celle-ci constituerait la cible naturelle des plus grandes indignations, l’objet des insultes les plus enflammées : mais ce ne fut pas le cas. La perfidie féminine – confirmée, une fois de plus, mélancoliquement – ne révoltait pas autant que le sale coup, de Robert, cette canaille qui désormais – pensions-nous – devait être en train de se moquer de nous, riant d’autant plus qu’il était le dernier à rire. Durant des mois et des mois, il nous avait laissé croire que nous le trompions, et c’est nous qui étions les trompés : ceci exaspérait, rendait fou de rage beaucoup de monde. Mais, en réalité, la conduite de monsieur le directeur des Expéditions et des Embarquements était le morceau le plus difficile à avaler ; penser qu’il s’était dévoilé avec un manque de gêne inédit – ou encore mieux, avec un cynisme froid et répugnant – comme un insolent vulgaire, crapule et proxénète, suscitait des vagues de colère et un courage tardif, peut-être pas tant pour le fait en lui-même que pour la vexation de la farce.

vendredi 4 février 2011

Entretien avec Alejandro Arciniegas Alzate, écrivain.

Alejandro Arciniegas Alzate est un jeune écrivain colombien actuellement en séjour en France. Son premier roman, Fondoblanco, a été publié en 2008 en Colombie.
Vous pourrez trouver un article à son propos sur le blog de ma formation, TRADABORDO. En attendant, voici quelques questions auxquelles il a bien voulu répondre par e-mail.
 
1) Bonjour, pouvez-vous vous présenter?
Je m'appelle Alejandro Arciniegas, né à Bogotá en 1979. Je suis en France pour poursuivre des études en philosophie. Maintenant j’habite à Toulouse.

2) Vous avez écrit votre premier roman il y a peu de temps (il a déjà obtenu un prix ! Prix National de littérature du Ministère de la Culture). De quoi parle-t-il ?
Ce sont des épisodes dans la vie de cinq ou six personnages jeunes qui partagent les mêmes rues de la ville et les mêmes drogues.  A Bogotá, il y a une substance faite à partir de la cocaïne que l’on appelle « bazuco. » Vous voyez, ce mot là on ne peut pas le traduire, car il s’agit d’un produit vraiment colombien.  

3) Pourquoi avez-vous choisi ce sujet ?
C’était plus qu’un choix. J’étais presque obligé de commencer ma carrière d’écrivain par ceci, puisqu’il s’agit d’un texte autobiographique qui raconte mes anciennes expériences avec la drogue, d’un point de vue littéraire. Il y a eu un tas de raisons qui m’ont convaincu de composer un roman avec ce matériau. Du coup, la Colombie est bien connue pour être un pays producteur des drogues, mais on connaît moins à propos de sa toxicomanie. 

4) Comment le désir d’écrire vous est-il venu ? Depuis quand écrivez-vous ?
Je viens d’une famille cultivée dans la connaissance des lettres et la culture a toujours été mon scénario naturel. Pourtant, j’ai commencé à écrire seulement lorsque je suis entré dans l’adolescence. Il y a certains écrivains qui, comme Nietzsche, pour n’en citer qu’un seul, vous forcent à le faire. À cette époque je n’avais aucune prétention littéraire, mais j’écrivais des poèmes et des graffitis partout.

5) Écrire un roman ne vous a pas semblé long ? Avez-vous trouvé cela difficile ?
La littérature n’est jamais une affaire de longueur et, de toute façon, Fondoblanco n’est pas si long. Vous vous rappelez cette idée de Gilles Deleuze quand il prend l’exemple de l’alcoolique pour formuler un problème présent dans la pensée de Spinoza : « Si vous faites quelque chose, faites le comme si vous deviez le faire un million de fois. Si vous n'arrivez pas à le faire comme ça, faites autre chose. ». En ce qui concerne l’écriture, je trouve que c’est pareil. Quant à si c’est difficile ou pas, je crois que non.

6) Aviez-vous déjà écrit des romans ? De longs textes… ?
Non, c’est mon premier livre.

7) Quelles sont vos relations avec les éditeurs ?
On a publié le roman avec « Icono Editorial » et j’ai eu de bons rapports avec son directeur, notamment, car il m’a fait confiance. On a participé ensemble dans la convocation du Ministère de la Culture, dont on a remporté le prix. Par bons rapports, je veux dire pas seulement de la camaraderie, mais aussi que, comme il s’agissait d’une petite maison d’édition, j’ai eu l’occasion de participer dans toutes les étapes de la publication (édition, corrections, design, etc.).

8) Et avec vos traducteurs ? Votre roman a déjà été traduit dans d’autres langues ?
Quant aux traducteurs, il y a une femme à Montréal, Jeanne, qui avait commencé l’année dernière à travailler sur le texte. Malheureusement, elle est tombée malade vers la fin 2010 et ce projet s’est arrêté pour l’instant. Qu’est-ce que je peux vous dire par rapport à un traducteur ? Il est essentiel d’affirmer la communication auteur-traducteur. Je vous donne un exemple. Lorsqu’on a traduit Sin remedio, le roman de Antonio Caballero, il y a eu un moment où Jean Marie Saint-Lu avait pris le mot « tinto » au sens de « vin rouge », puisqu’en Colombie on appelle ce dernier « vino tinto. » Mais « tinto » c’est juste le nom familier du café. Vous comprenez ce qu’on risque s’il n’y pas un certain niveau de communication. A Bogotá les gens boivent du café partout. Ignacio Escobar aurait pu être un alcoolique dans la version française.

9) Vous voulez que votre livre soit traduit en français. Pour quelles raisons ?
Il est toujours amusant d’avoir un public. La véritable histoire d’un livre s’écrit au-delà, lorsque les gens commencent à en parler.

10) Avez-vous une autre profession en dehors de l’écriture ?
J’écris depuis la France par un journal colombien qui s’appelle Ciudad Viva. 

11) Avez-vous d’autres projets de romans ?
Plusieurs.

Malheureusement, nous n’en saurons pas plus pour l’instant à propos de ces romans en projet !! :)