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samedi 5 novembre 2011

Sujet de mémoire...

...trouvé!

Mon mémoire de cette année portera sur le statut du traducteur.
Un titre bien général pour des tooooonnes de choses à dire, de problèmes à poser, de recherches à faire et de témoignages à récolter!

Un sujet passionnant en lien avec ma formation et un projet que j'espère mener à bien.

Affaire à suivre...

Encre Blanche

Deux mois sans écrire...
Il faut dire que nous avons tant de chose à faire, à lire, à penser cette année!!
Aujourd'hui, j'ai terminé mon premier stage en librairie. Deux semaines (passées trop vite) à Encre Blanche, petite librairie généraliste de Pessac, auprès de Bertrand Frouin.
Un vrai bonheur :)
Après la théorie, la pratique!
Le fonds, les commandes, les fournisseurs, les factures, les litiges, les clients, le rangement... Grâce au libraire, j'ai eu un aperçu de la vie de ce commerce pas comme les autres.
Nous avons, entre autres, fait des recherches pour le festival international du film d'histoire (qui a lieu du 14 au 21 novembre), dans le but de constituer une bibliographie en lien avec le thème proposé.
Cette première expérience a vraiment été bonne mais le métier de libraire ne s'improvise pas!
Gestion, lecture, connaissance des œuvres (et des goûts des lecteurs!), mémoire des noms et du fonds...
J'ai découvert un lieu chaleureux, où il fait bon vivre et flâner, où les gens sont toujours écoutés et où on se dit que finalement, le livre n'est pas encore mort.

Vivement le prochain stage pour en apprendre d'avantage...

Rendez-vous en février-mars!

Je vous laisse lire cet article du Télérama, paru hier. Et j'ai envie de dire... Même pas peur! 

jeudi 8 septembre 2011

C'est la rentrée!

Ce matin, j'ai fait ma rentrée à l'IUT Michel de Montaigne Bordeaux III.
Pour ce D.U.T Année spéciale (deux années en une), nous sommes 29. Un nombre qui va me changer de l'année passée!
Les intitulés des cours sont parfois flous, nous nous demandons tous ce qui nous attend.

Nous avons pu en avoir un aperçu cet après-midi car les cours on commencé dès 14h!
Il est encore trop tôt pour donner des détails (j'ai beaucoup à faire en cette rentrée) mais je reviendrai poster mes impressions très bientôt.
Ce que je peux dire c'est que l'année s'annonce remplie entre les cours, les stages et les rencontres (dont Carlos Fuentes!). Le rythme sera sans doute le même que celui que j'avais durant mon M2.

Allez, on respire un bon coup et on y va!!!

Cette rentrée en D.U.T ne signifie pas que j'abandonne la traduction, loin de là. Cette année, les traducteurs ont apparemment leur place au programme et j'en suis bien contente!
Et puis d'ailleurs, ma soutenance pour le M2 n'a pas encore eu lieu.
Je saurai vendredi 16 ce que vaut ma traduction et le travail que j'ai fourni durant de longs mois.

Je vous laisse pour ce soir et vous dit à très bientôt!!!

jeudi 1 septembre 2011

Entretien avec Renaud Caillat, imprimeur

Je remercie encore Renaud Caillat pour ses réponses à mes questions.
Renaud Caillat est directeur général de l'imprimerie des Deux-Ponts à Grenoble. 

1) Quels types de documents imprimez-vous?
Nous imprimons des livres, des catalogues, des dépliants, des affiches, PLV, Pack…

2) Quelle part représentent les livres?
Sur un chiffre d’affaire de 22 M d’euros, le livre représente 20%.

3) Travaillez-vous avec des éditeurs? Les rencontrez-vous?
Oui. Oui, nous les rencontrons.

4) Quels sont les différents postes que l'on trouve dans l'imprimerie?
Du créatif, Directeur Artistique, Infographiste, Ingénieur, BTS Imprimerie, Monteur, Conducteur, Plieur, Massicotier, Encarteur, Couturière, Emboîteur, Papetière, Livreur…

5) Quelles sont les techniques que vous utilisez?
Impressions : Numériques / Sérigraphie / Offset UV / Offset Traditionnelle / Flexo.

6) Quel est le parcours que suit le livre, de la demande de devis à la distribution?
D'un fichier PDF: Epreuve de contrôle, Epreuves de chromie, Imposition, Gravure de plaques, Impression, Pliage, Assemblage, Couture, Emboîtage, Mise sous film, Expédition.

7) Sous quelle forme vous fait-on parvenir le document à imprimer?
On nous fait parvenir le document à imprimer sous PDF haute définition.

8) Quel tirage quotidien moyen peut tirer votre entreprise?
??? 60.000 livres.

mercredi 3 août 2011

Ma traduction longue et moi

Parker_Pen par MattTheSamourai

Hier soir, en bouclant la mise en page de ma traduction longue, les paroles de Caroline ont pris tout leur sens : notre traduction est comme un bébé.
On n’est pas certes l’auteur du livre mais on est un peu auteur tout de même !
Pour cette traduction longue, projet de fin d’année, nous avons tous travaillé de longs mois.
J’ai eu la chance d’être en contact avec l’auteur, Jaime Casas. Il a su me donner une vision de son texte que j’ai rarement lors de mes lectures. J’ai aimé ce livre dès le début et je l’aime encore plus aujourd’hui. Est-ce grâce à l’auteur, à l’histoire, à l’écriture, au dépaysement… Je ne saurais le dire. Peut-être est-ce un mélange de tout cela.
Une relation s’est installée entre l’auteur et moi, pleine de respect et de tendresse. J’ai retrouvé cette chaleur qui m’a fait tant aimer le Chili et les Chiliens que j’ai pu y rencontrer. Il a toujours été là, prenant de mes nouvelles, me souhaitant bon courage sans jamais trop s’immiscer dans mon travail. Il s’est dit honoré et m’a même offert un cadeau, un livre numérique sur la Patagonie pour que je découvre « sa terre » (les décors du Maquillador de cadáveres y apparaissent et les photos sont juste magnifiques).
Cependant, il est vrai que je n’ai pas tout le temps été motivée pour travailler le texte. Fatigue, trop plein, prise de distance difficile voire quasi-impossible certains soirs. Après une journée intense au stage, l’envie n’était pas toujours là.
La tâche est ardue mais il faut tenir bon.
Être en contact avec l’auteur m’a poussée à donner le meilleur de moi-même. J’ai eu envie de rendre cette traduction aussi bonne que la version originale.
Bon, le résultat n’est sans doute pas là car il s’agit d’une première traduction. J’entends par là une première traduction de tant de feuillets, à tenir sur le long terme. Et puis d’ailleurs, désirer qu’une traduction soit aussi bonne que l’original, n’est-ce pas une utopie ? Il y a toujours des défauts, des choix à faire, des choses à sacrifier…
En tout cas, jamais une traduction ne m’avait donné de telles sensations. J’ai placé beaucoup d’espoirs dans ce travail, j’ai voulu voir ce texte grandir, je l’ai poussé, je l’ai malmené, j’ai eu du mal à ne pas l’idéaliser, j’ai dû prendre sur moi pour éviter de trop m’emballer et de ne pas voir la réalité. J’ai voulu qu’il soit le meilleur possible, le plus beau. Et j’ai eu du mal à voir ses défauts.
Il paraît que les parents voient toujours les défauts des enfants. Enfin des enfants des autres, jamais des leurs. C’était un peu ça avec cette traduction.
On a pointé du doigt des tics que j’avais, des erreurs de débutant (mais ne suis-je pas une débutante ? Cela n’excuse rien !). Je me suis vexée quelquefois, mais j’ai appris à écouter, à me remettre en question.
Nicolas Boileau ne disait-il pas dans L’Art Poétique :
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Comme je l’ai dis, le texte ne nous appartient pas, mais nous sommes comme des auteurs. Ces mots, si sages, me semblent tout à fait appropriés pour un traducteur.
Modestie, endurance et travail sont les maîtres mots.
 Il doit rester bien des erreurs malgré mes relectures (que je n’ai pas pu voir à cause de mon inexpérience et de ce manque de distance). Mais je vais devoir laisser ce texte prendre son envol…
Il va être examiné par des yeux experts, jugé et je devrai justifier mes choix et expliquer ma démarche.
            Cet exercice aura été une expérience magnifique. Douloureuse mais magnifique.

J’espère maintenant que mon travail ne décevra pas et qu’il sera à la hauteur du texte d’origine. Le choc de fin de traduction est passé, je ne peux plus rien faire, je dois prendre encore plus de distance. Il n’y a plus qu’à attendre septembre pour savoir ce que vaut vraiment cette traduction.
Alors, rendez-vous à la soutenance ! 

mardi 2 août 2011

La fin approche...



Ça y est, mon stage a pris fin jeudi 28 juillet.

Je ne me rends pas tout à fait compte que c'est terminé et pourtant... Les chansons de Brassens à St Lazare sur la ligne 3, les fous-rires et les moments de stress à La Compagnie Littéraire, les découvertes littéraires et les rencontres d'auteurs vont me manquer.
D'autres choses plus privées également...

Mais il faut bien s'y faire! Une nouvelle année va s'offrir à moi et je compte bien en profiter!

C'est également avec un pincement au cœur que je viens de boucler la mise en page de ma traduction longue. El maquillador de cadáveres de Jaime Casas.
Il faut bien terminer un jour et je ne pensais pas être si triste...
J'ai aussi extrèmement peur d'avoir oublié des fautes, de n'avoir pas fait les meilleurs choix de traduction... A moi de me défendre le jour de la soutenance! Exercice bien difficile malgré les apparences.
Mais après tant de temps passé à travailler le texte jusqu'à en connaître certains passages, j'espère réussir à expliquer ma démarche.

C'est avec émotion et une grande crainte que je vais envoyer mon "mémoire" et mon rapport de stage aux membres du jury. Comment vais-je vivre ces moments d'attente, à me dire que Caroline est en train de lire, de juger mon travail. Ce travail qui a pris des mois et qui vient de s'achever.

Enfin, il est temps pour moi de laisser ce "bébé" aux mains du jury et de me reposer le temps d'une semaine.

Cette expérience aura été l'une des plus belles que j'ai vécues. Elle m'a appris énormément de choses sur moi, sur la traduction, le rapport au texte et l'amour qu'on peut avoir pour les mots.

mercredi 6 juillet 2011

¡¡¡San Fermín!!!


 Il y a une heure à peine, les pétards annonçant le début des fêtes de la San Fermin résonnaient dans Pampelune.

Étant en stage et sans le sou, je ne pourrai pas assister à cette semaine magique.

Je souhaite de très bonnes fêtes à tous ceux qui pourront y participer :)

Profitez bien!!

lundi 27 juin 2011

En cette chaude journée du 27 juin 2011...

... J'ai reçu les résultats de mes tests d'entrée à l'IUT de Bordeaux 3 ( DUT Année spéciale édition/librairie).

Et... JE SUIS PRISE!!!

Cette après-midi se termine merveilleusement bien! :)
Une nouvelle année plein de découvertes et de savoir s'ouvre à moi.

J'ai vraiment hâte d'y être! 

En attendant le grand jour de la rentrée, je peaufine ma traduction longue et commence à rédiger (laborieusement) mon rapport de stage.
De quoi occuper de longues soirées :)

A très bientôt!

lundi 20 juin 2011

Tests I.U.T

Ça y est, c'est passé.
Je ne sais pas trop à quoi m'attendre... L'écrit n'était pas simple.
Une phrase à commenter et à mettre en relief avec la situation des grandes maisons d'éditions type Flammarion ou Albin Michel. Il s'agissait d'une citation de Gaston Gallimard "Être épicier pour être mécène".
Quarante lignes.
Ensuite, nous avions un questionnaire. Plusieurs questions m'ont surprise, je ne m'attendais pas à voir ici ce genre de choses.

L'oral était agréable finalement, malgré mon stress et quelques petits cafouillages :/
J'espère que le jury a été convaincu...

En attendant les résultats, je repars demain pour Paris, la ligne 3 et les chansons de Brassens sur le quai qui bercent mes matinées.
Cette petite escapade bordelaise m'a fait du bien mais on m'attend à la Compagnie Littéraire! :)

Très bonne soirée, je file profiter du soleil avant de reprendre ma semaine de travail.

mercredi 15 juin 2011

Comme le temps passe vite!

Presque un mois et demi!
Déjà!

J'en suis à la moitié de mon stage et je ne vois pas le temps passer.
Chaque jour, nous recevons des manuscrits et nous n'avons donc pas le temps de nous ennuyer.
De plus, nous sommes peu de petites mains!
Je trouve l'édition de plus en plus intéressante, j'en apprends encore chaque jour et Denis, mon "chef" et tuteur me fait énormément confiance. Il me laisse de grandes marges de manoeuvre et me confie des travaux très intéressants.
J'ai pu rédiger ma première quatrième de couverture, faire plusieurs corrections...
Malgré quelques petits désagréments  (comiques pour certains, il faut le dire) comme entre autres des auteurs mécontents, des auteurs qui ont pris la grosse tête et qui vous font tourner en bourrique, des délais de temps très courts parfois, j'arrive à m'adapter et je fais de mon mieux.
L'équipe est toujours aussi agréable et je redoute déjà la fin du stage.
Tout ce petit monde va me manquer...
Mais c'est avec plaisir que je reviendrai Porte de Champerret!

Cela dit, il me reste encore un mois et demi et j'aurai bien le temps de réfléchir à tout ça après.
Ce stage, qui est mon premier en entreprise (j'en ai fait un en télé-travail mais il n'y a pas de comparaison possible...) est une réussite pour le moment (réussite personnelle, du point de vue de mon développement, de ma maturité, de mon apprentissage...).
Je fais de belles rencontres, j'ai des responsabilités et je me plais à lire tous ces manuscrits, à les travailler, à les voir évoluer jusqu'à ce qu'ils soient publiés un jour.

En ce qui concerne ma traduction longue, elle avance. Doucement mais sûrement.
Denis, intrigué, a voulu y jeter un oeil. Il a l'air d'apprécier le texte pour le moment et me fait part de petites remarques fort intéressantes.
Je me rends compte qu'il faut que je travaille ma "vision critique" pour réussir à l'adapter à mes propres travaux. Comme il est simple de voir les défauts des autres et de survoler les siens sans même les remarquer!
Mon stage a aussi cette utilité. Je tente d'appliquer certaines choses, que je découvre petit à petit, à mon propre travail.

Dans le domaine des études, lundi, je passe les tests d'entrée à l'I.U.T de Bordeaux 3 Métiers du livre Edition/Librairie.
Une autre étape...
J'espère les réussir, je suis vraiment motivée. Mais ça ne fait pas tout...
Je vous tiendrai au courant dans un post lundi soir.

Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit. Demain, une longue journée m'attend!

jeudi 26 mai 2011

Bilan de trois semaines à la Compagnie Littéraire

Trois semaines déjà...
Comme le temps passe vite!
Il faut dire que je ne m'ennuie pas. Je trouve les travaux qu'on me confie de plus en plus passionnants. De quoi me motiver pour l'année prochaine :)
(J'ai postulé pour des formations en métiers du livre, j'attends les réponses pour le mois de juin...).

En trois semaines, j'ai appris beaucoup de choses et je rencontre des personnes vraiment intéressantes. Auteurs, graphistes, correctrice...
J'ai pu corriger deux manuscrits et deux autres sont en cours :) Vraiment contente que l'on me fasse confiance!
Je me revois en atelier de traduction et j'entends parfois une petite voix (serait-ce le spectre Lepagien?) me souffler les bons mots, la bonne ponctuation à mettre, la mélodie à suivre...

Avec les deux auteurs que j'ai rencontrées, j'ai pu assister à une signature de contrat (une dame d'origine russe a écrit ses mémoires. On voyage entre la Russie et Paris à la découverte d'une famille prestigieuse et on part à la rencontre de personnalités russes. Passionnant!).
 Aujourd'hui, j'ai rencontré Annie Galliano qui a publié "Le Maroc au fil du temps"
Un très joli livre illustré qui parle de l'histoire de ce pays, de sa géographie, des coutumes de ses habitants... J'avais pour mission de chercher des organismes parisiens qui pourraient être intéressés par cet ouvrage. Je dois les appeler dans la semaine et envoyer des courriers pour en faire la promotion. 

Nous recevons beaucoup de manuscrits en ce moment et j'ai donc l'occasion de lire beaucoup de textes. Je dois dire qu'il y a de la qualité et que c'est très agréable.
J'espère rencontrer bientôt les auteurs pour qui j'ai eu un coup de cœur!!
En tout cas, il me reste encore deux mois de stage et je pense qu'ils seront bien remplis. Je vais sans doute avoir la chance de concevoir plusieurs livres de la lecture de manuscrit jusqu'au B.A.T en passant par l'envoi de courrier, la rencontre avec l'auteur, les corrections (à part pour les illustrations bien sûr...).
J'ai hâte de voir le résultat!

Si vous cherchez quoi lire en ce moment, je vous conseille Les danseurs de Monique Baum de Nut Monegal. Il s'agit de quatre nouvelles. A chaque fois, le personnage principal est une femme. J'ai trouvé ces textes troublants et touchants. L'auteur est uruguayenne et elle a déjà publié en Espagne chez Seix Barral notamment. Si vous voulez plus d'informations sur le livre et son auteur, tout est sur le catalogue de la Compagnie Littéraire, rubrique Romans.

Très bonne soirée!

samedi 21 mai 2011

Jorge Volpi, En busca de Klingsor

A pesar de sus grandes centros de enseñanza, Princeton era una ciudad insípida. Demasiado pequeña, demasiado norteamericana, demasiado candorosa e hipócrita. En contra de su tradición universitaria, o quizás justamente por ella, había cierta sobriedad artificial en todas las relaciones que se mantenían ahí, cierta grisura, cierta moralidad incómoda (incluso la Universidad tenía fama de racista y antisemita). Para colmo, la guerra en Europa impedía que la alegría se manifestase con la naturalidad habitual.Para escabullirse de estos inconvenientes, hacía tiempo que Bacon se había convencido de que el único campo en el cual la teoría -convertida en mera fantasía privada- no sólo era infructuosa, sino perversa, era en el relacionado con el sexo. Lo trágico era que prácticamente todos los habitantes de la ciudad, el rector y los diáconos, las esposas de los profesores y el alcalde, los policías y los médicos, y muchos de los estudiantes, no habían llegado a comprender esta premisa fundamental. Ellos se conformaban con llevar a cabo experimentos mentales relacionados con este asunto en los lugares menos pensados: en la iglesia y en sus conferencias, en las reuniones familiares y a la hora de llevar a sus hijos a los jardines de niños, mientras almorzaban o al pasear a sus caniches al atardecer. A imitación de su Instituto de Estudios Avanzados, la opalina sociedad de Princeton se limitaba a imaginar los placeres que no se atrevía a consumar. Por esta razón Bacon detestaba a sus vecinos. Le parecían mendaces, necios, pusilánimes... En esta materia, él no podía conformarse con la abstracción y la fantasía: ningún cerebro -ni siquiera el de Einstein-, bastaba para descubrir la diversidad del mundo ofrecida por las mujeres. El pensamiento era capaz de articular leyes y teorías, de fraguar hipótesis y corolarios, pero no de rescatar, en un instante, la infinita variedad de olores, sensaciones y estremecimientos que lleva consigo la lujuria. Hay que decirlo abiertamente: acaso debido a su imposibilidad para relacionarse con las mujeres de su nivel social, desde hacía un par de años Bacon se había aficionado a invertir su dinero en la profesión más antigua del mundo.

 ***

Malgré ses grands centres d’enseignement, Princeton était une ville insipide. Trop petite, trop nord-américaine, trop candide et hypocrite. À l’encontre de sa tradition universitaire, ou peut-être justement à cause d’elle, régnait une certaine sobriété artificielle dans toutes les relations qui s’y nouaient, un certain terne, une certaine moralité gênante (l’Université avait aussi la réputation d’être raciste et antisémite). Pour couronner le tout, la guerre en Europe empêchait la joie de se manifester avec le naturel coutumier. Pour fuir ces inconvénients, cela faisait longtemps que Bacon s’était convaincu que l’unique domaine dans lequel la théorie – convertie en une simple fantaisie privée – n’était pas seulement infructueuse, mais aussi perverse, était celui en rapport avec le sexe. Ce qui est tragique, c’est que pratiquement tous les habitants de la ville, le recteur et les diacres, les épouses des professeurs et le maire, les policiers et les médecins ainsi qu’un grand nombre d’étudiants, n’avaient pas réussi à comprendre cette prémisse fondamentale. Ils se contentaient de réaliser des expériences mentales en lien avec ce sujet dans les lieux où on s’y attend le moins : à l’église et lors de leurs conférences, aux réunions de famille et à l’heure d’emmener leur progéniture au jardin d’enfants, pendant qu’ils déjeunaient ou en promenant leurs caniches en début de soirée. À la manière de son Institut d’Études Avancées, l’opaline société de Princeton se limitait à imaginer les plaisirs qu’elle n’osait pas consommer. C’est pour cette raison que Bacon détestait ses voisins. Ils lui semblaient menteurs, sots, peureux… À ce sujet, il ne pouvait pas s’en tenir à l’abstraction et à l’imagination : aucun cerveau – pas même celui d’Einstein –, ne suffisait à découvrir la diversité du monde offerte par les femmes. La pensée était capable d’articuler des lois et des théories, d’établir des hypothèses et des corollaires, mais pas de sauver, en un instant, l’infinie variété d’odeurs, de sensations et de frémissements que la luxure porte avec elle. Il faut le dire ouvertement : depuis deux ou trois ans, peut-être à cause de son impossibilité à fréquenter les femmes de son niveau social, Bacon avait pris goût à l’investissement de son argent dans la profession la plus vieille du monde.

mardi 17 mai 2011

Zoé Valdes, Café nostalgia

Entre le stage et ma traduction longue, mes journées (et mes soirées) sont bien remplies!
Caroline propose quelques versions à rendre sur Tradabordo et c'est avec plaisir que je m'y colle.
Il ne faudrait pas que je perde la main....

Voici la première qui était à rendre pour le 10 mai. Je suis en train de faire celle du 20 :)

El muchacho de fragancia a Vetiver de 1874 ligada con cebollinos, preguntó en tono meloso si yo era hermana de Lucio y de Andró. Este último no pudo ocultar su hechizo y dejó el terreno libre, esa misma madrugada siguió viaje a Berlín. Sin duda le caí en gracia al barman de Montpellier. Al punto averigüé que de día trabajaba de maestro de cocina en Priscilla Delicatessen, restaurante antes situado en la calle Jane con la Sexta Avenida o Avenida de las Américas; ya no existe: en su lugar han abierto una dulcería fina. De noche lo contrataban para servir en fiestas. Terminé de tirar los rollos, los invitados fueron esfumándose por el pórtico, o por las puertas de las habitaciones. El camarero y yo nos escabullimos a la parte trasera de la residencia. Nos perdimos a través de una ventana en la madrugada olorosa, no sé por qué, a jazmines quemados. Nos arrebujamos en la escalera exterior del edificio, igualita a la que aparece al final de la película Pretty woman, por donde sube Richard Gere a rescatar a Julia Roberts de los malos vicios, mejor dicho, de la putería; una de esas escaleras de servicio que hay en Nueva York hasta para hacer pudines, nos pusimos a matearnos el camarero y yo.

***

Le jeune homme, au parfum de Vétiver de 1874 mêlé à de la ciboule, demanda d’un ton mielleux si j’étais la sœur de Lucio et d’Andró. Ce dernier n’a pas pu dissimuler son envoûtement et a laissé le champ libre ; il est parti en voyage pour Berlin ce matin même, très tôt. J’ai sans doute plu au barman de Montpellier. Immédiatement, j’ai réussi à savoir qu’en journée, il travaillait comme chef cuisinier à Priscilla Delicatessen, restaurant qui était auparavant situé au croisement de la rue Jane et de la Sixième Avenue ou Avenue des Amériques. Elle n’existe plus : à la place, on a ouvert une pâtisserie fine. La nuit, on l’employait pour servir lors de fêtes. J’ai arrêté de lui faire du charme, les invités se sont peu à peu volatilisés par le portail ou par les portes des habitations. Le serveur et moi, on s’est éclipsés à l’arrière de la résidence. On s’est perdus à travers une fenêtre dans la matinée qui sentait, je ne sais pourquoi, les jasmins brûlés. On s’est blottis l’un contre l’autre dans l’escalier extérieur du bâtiment, exactement le même que celui qui apparaît à la fin du film Pretty Woman et par où monte Richard Gere pour sauver Julia Roberts des horribles vices, ou plutôt, de la vie de prostituée ; un de ces escaliers de service qu’on trouve à New York même pour faire des puddings. On s’est mis à s’embrasser langoureusement, le serveur et moi.

samedi 7 mai 2011

Un petit concert? Avec plaisir!

Mardi 31 mai, Oscar de Leon sera au Bataclan.
Et... j'ai acheté mes places aujourd'hui!!! Ô joie :)

Oscar de Leon est un monument de la salsa. Ce Vénézuelien, né en 1943 à Caracas a environ une cinquantaine d'albums à son actifs.
Il est énormément repris et fait figure de référence dans le monde entier. Il est notamment surnommé "el Sonero del Mundo", "el Sonero Mayor", "el Faraón de la salsa" ou encore "El Diablo de la salsa".

Je ne pouvais pas rater ça...

Je vous laisse le découvrir sur Deezer avec quelques extraits de son dernier album (sorti en 2006) : Fuzionando. D'autres morceaux sont en écoute.

Et pour terminer, une chanson que j'aime beaucoup, Lloraras.

Ma première semaine aux éditions de La Compagnie Littéraire

Alors voilà, ma première semaine de stage est passée... Déjà!
Il y a beaucoup de travail alors nous n'avons pas le temps de nous ennuyer!
Je travaille en compagnie de Denis, le directeur éditorial, Evelyne, qui s'occupe du côté financier et Audrey, une autre stagiaire (elle va bientôt partir malheureusement...).
Il y a deux autres associés : Monique, qui fait le travail de correction et d'écriture de quatrièmes de couverture et Bernard, l'autre gérant (que je n'ai pas encore rencontré!).

Une toute petite équipe mais une équipe passionnée :)
Chacun s'évertue à satisfaire les auteurs (je précise que la maison est à compte d'auteurs : les auteurs payent pour publier leur livre. Ceci permet à des gens de publier alors qu'ils seraient refusés dans le circuit traditionnel de l'édition).

Au cours de cette semaine, j'ai pu lire quatre manuscrits et en rédiger les fiches de lectures (ainsi que des lettres d'acceptations envoyées aux auteurs).
J'ai appris à calibrer des textes sur Quark Xpress et à travailler sur Mac (non, non, ce n'est pas si simple que ça quand on en n'a jamais touché auparavant!).
J'ai également fait la seconde correction d'un manuscrit (la première ayant été faite sur Prolexis par Audrey). J'ai tout repris sur papier, travaillé la ponctuation, les fautes d'orthographe, la grammaire et la fluidité de certaines phrases. L'auteur aura bien sûr son mot à dire et une dernière correction sera ensuite réalisée.
Depuis vendredi, je transpose mes corrections sur l'ordinateur ce qui prend beaucoup de temps (il y a presque 300 pages).
Finalement, c'est un peu ce qu'on fait pour nos traductions longues. Je ne suis pas dépaysée! ^^

Je suis vraiment satisfaite de cette première semaine. L'équipe est très sympathique, je peux poser toutes les questions qui me passent par la tête et j'ai déjà appris pas mal de choses.
Il a aussi été question d'une possible traduction... Mais je n'en dirai pas plus pour l'instant (on ne sait jamais, si ça me porte malheur...).
Vivement lundi (et en attendant, je profite du merveilleux soleil parisien pour me reposer un peu, quand même!)

Bon week-end à tous!

lundi 2 mai 2011

Juan Luis Guerra, Las avispas

Il fait moche mais rien de tel qu'un peu de Juan Luis Guerra pour être heureux!

Juan Luis Guerra est un auteur-compositeur-interprète très populaire sur la scène musicale hispanophone. Originaire de la République Dominicaine, ce maître du merengue a exploré tous les styles musicaux de son île natale.
Cette chanson est extraite de l'album Para ti, sorti en 2004. 




Très bonne soirée!!

1er jour de stage à La Compagnie Littéraire



Ce matin, c'est stressée que j'arrive devant la porte de la maison d'édition.
Une demi-heure en avance... Bon, avec les bus à Paris, j'ai préféré prévoir large. J'embaucherai désormais à 9h30 et aurai largement le temps! Le bus a été plus rapide que prévu.
A peine arrivée, Denis Ravel me briefe un peu et me demande de lire un manuscrit. Manuscrit que j'ai beaucoup apprécié. J'ai ensuite rédigé une petite fiche de lecture (courte mais qui va droit au but).
En milieu de matinée, deuxième manuscrit et deuxième fiche de lecture. Ces deux livres sont prometteurs je crois :)

J'ai terminé tout ceci vers 12h45 et nous avons repris le travail à 14h.
Cet après-midi, j'ai commencé à réaliser une base de données sur Excel. La maison souhaite développer les livres numériques pour la fin d'année. Il faut donc tous les répertorier!
Travail fastidieux mais qui me permet de voir de quoi est composé le catalogue!
J'ai travaillé sur Mac mais finalement, on s'y fait vite :)

L'équipe est très sympathique et je suis enchantée de ce premier jour.
Je vais pouvoir me consacrer à ma traduction le soir! Motivation, motivation, car on bosse pas mal en journée =)
Ma traduction avance en tout cas, bientôt le 4e jet! Et je me fait plutôt bien à ma vie parisienne malgré quelques appréhensions. Je verrai bien comment tout évolue avec le temps. 3 mois dans la capitale, ce n'est pas rien pour la petite provinciale que je suis!

Voici le lien menant au site de La Compagnie Littéraire. Petite maison à compte d'auteurs tenue par des passionnés. A visiter d'urgence!! (le site va changer pour être encore plus beau en septembre il me semble).

dimanche 1 mai 2011

Bilan de ma formation

Aujourd’hui, à la veille de mon premier jour de stage aux éditions de La Compagnie Littéraire, je dois réfléchir au bilan de ma formation.
Cette tâche – qui n’est pas des plus aisées, croyez-le – a suscité en moi un peu de mélancolie. Une autre étape est là, juste devant moi. La première chose que je voudrais dire sur ma formation est qu’elle est passée trop rapidement. Un an tout juste (enfin, quelques mois !). Toutes les bonnes choses ont une fin, certes, mais quand une chose nous passionne autant, il est dur de s’arrêter d’un coup.
J’ai énormément apprécié ce master. Et je ne comprends toujours pas pourquoi il va être supprimé. Nous nous sommes tant investis… Mais j’ai déjà traité ce sujet dans un autre post, je ne voudrais pas m’égarer...
Je disais donc que cette formation m’a passionnée. Quoi de mieux que de traduire chaque jour, de construire un véritable projet et de s’y tenir pendant des mois.
J’ai été passionnée (et je le suis toujours) mais j’ai aussi douté (et je doute encore). Énormément. Peut-être trop. Le contact avec les professeurs m’a été bénéfique. Et je n’aurais jamais songé avoir ce genre de relation à l’université. Nous étions peu nombreux et donc mieux suivis. Ne plus être considéré comme une simple élève, quel plaisir !
Quelle angoisse aussi… La fin est proche et on attend beaucoup de nous. Je devrai faire mes preuves, mais curieusement je suis moins effrayée vis-à-vis du monde professionnel.
Je n’ai plus peur d’appeler, de prendre des contacts, de poser des questions ni même de discuter avec l’auteur du livre que je traduis !
Comme m’a dit Caroline un jour : « Tu n’es pas une fille de la jungle toi ? ». Eh bien, si. Enfin, petit à petit je tente de faire mon trou, de montrer que j’existe. Encore trop discrète, il faut persévérer. Encore une chose que ma formation m’a apprise : l’image que les gens ont de moi est très importante. Je dois prendre confiance et me faire remarquer. Cela a été difficile à encaisser et ça l’est encore aujourd’hui. Mais je ne remercierai jamais assez mes professeurs de m’avoir fait comprendre cela.
Dans ce milieu fermé je ne suis pas sûre de trouver une place. Cependant, je refuse désormais de me fermer des portes et d’être trop peu visible.
Il n’est jamais trop tard pour se rendre compte de certaines choses…
En plus de ce développement au niveau personnel, la formation m’a apporté des connaissances. Elle m’a aussi permis d’aiguiser ma curiosité et de ne jamais prendre un savoir pour acquis. Se remettre en question, je savais déjà le faire mais j’ai enfin compris l’importance de ce processus dans la traduction.
Tout sujet m’apparaît désormais comme passionnant. J’ai envie d’apprendre encore et encore et de traduire pour faire connaître. Mon amour des livres est encore plus fort qu’auparavant et il me semble que sans ce master, je n’aurai pas tant grandi.


dimanche 24 avril 2011

Entretien avec Marie Dubois, correctrice

Aujourd'hui, je publie l'entretien que j'ai réalisé avec Marie Dubois, une correctrice.
Je la remercie encore de m'avoir accordé de son temps.

Bonne lecture!

1)      Pouvez-vous vous présenter rapidement ? Avez-vous un site personnel ?

Non, je n’ai pas de site.
Après une licence de lettres modernes, j’hésitais à devenir professeur de lettres, quand j’ai finalement opté pour l’édition.
Je suis depuis près de vingt ans préparatrice de copie et correctrice à domicile à employeurs multiples (on dit simplement « TAD » pour « travailleur à domicile »). Le travail en profondeur sur le texte (ou « manuscrit », que l’on appelle « copie » en édition) est assuré par le préparateur de copie. Le correcteur, lui, intervient sur le premier jeu d’épreuves de façon beaucoup plus légère : il complète le travail du préparateur en corrigeant les fautes qui ont pu lui échapper, qu’elles soient d’orthographe ou de typographie (ce que l’on appelle des « coquilles »).
Ce sont deux métiers à part entière, rémunérés en salaires, à cette nuance près que les salaires ne sont pas fixes, puisque je suis payée à la tâche. Mais il s’agit bien de salaires, avec cotisations sociales et bulletins de paie, je le précise car nombreux sont ceux qui s’imaginent que ce ne sont que des revenus d’appoint, qui s’ajouteraient à ceux d’un autre métier, enseignant ou journaliste par exemple.


2)      Comment êtes-vous arrivée au métier de correctrice ?

J’ai découvert ce métier de l’ombre, dont j’ignorais jusqu’à l’existence – comme la plupart des lecteurs –, en rédigeant des fiches de lecture pour une maison d’édition quand j’étais étudiante. Le principe était de confier la lecture de manuscrits à des passionnés (souvent profs ou étudiants), qui en faisaient un compte rendu, avec résumé de l’histoire et répartition détaillée des points forts et des points faibles du texte, en échange d’une modique rémunération. L’éditrice qui me remettait les manuscrits, sachant que j’hésitais à passer les concours de l’Education nationale, m’a expliqué le métier de correcteur, proposé une courte formation en interne avec étude des règles typographiques indispensables, et m’a donné une première chance : se retrouvant un jour sans possibilité de trouver rapidement un remplaçant à un correcteur tombé malade alors qu’il devait travailler sur un livre dont on ne pouvait différer la publication, elle m’a confié l’ouvrage, qu’elle a elle-même supervisé ensuite. Le résultat lui a convenu, et je suis ainsi tout naturellement entrée peu à peu dans son équipe de correcteurs. C’était chose courante à l’époque (début des années 1990), on vous demandait juste une excellente maîtrise de la langue et de la ponctuation, ainsi qu’une bonne culture générale ; pour le reste, on vous formait « sur le tas ». Les choses ont bien changé depuis, les formations aux métiers de l’édition se sont multipliées, et je ne crois pas qu’on puisse encore entrer durablement dans une maison d’édition de cette manière.
Par la suite, j’ai aussi choisi de travailler comme préparatrice de copie. Des deux postes, c’est de loin celui que je préfère, même si je continue à avoir les deux « casquettes », ce qui n’est pas le cas de tous : certains souhaitent ne faire que de la préparation de copie, d’autres que de la correction d’épreuves. Précision importante : en principe, une même personne ne fait pas les deux sur un livre, car il est important que le correcteur ait un œil neuf sur le texte, déjà connu du préparateur qui risquerait donc de ne pas repérer certaines erreurs ou coquilles.


3)      Quel genre de documents corrigez-vous ?

Tous, ou presque ! Cependant, les éditeurs ont l’intelligence de me confier des ouvrages correspondant à mon profil. Je suis une littéraire, on va donc éviter de me demander de corriger des livres scientifiques. Mais je travaille aussi bien en littérature, française ou étrangère, que sur des textes traitant de cinéma, musique, peinture, sculpture, politique ou même cuisine (puisqu’on publie de plus en plus de livres de cuisine). Il m’arrive aussi de corriger des essais, rédigés par des historiens ou des philosophes entre autres.


4)      Y a-t-il une façon de procéder différente selon le document à corriger ?

Oui, bien sûr : on ne va pas corriger un roman, œuvre de fiction, comme on pourrait corriger une biographie, pour ne prendre que cet exemple. La marge de manœuvre est donnée par l’éditeur. Selon la qualité de la plume de l’auteur, le préparateur de copie aura plus ou moins de travail en profondeur à effectuer sur le texte – ce travail pouvant aller jusqu’à la réécriture de certains passages. Cependant, il y a toujours une base commune à tous les documents : on chassera les répétitions et les tournures maladroites ou ambiguës, et on veillera, entre autres, à l’ « unification » – par exemple, en cas d’orthographes multiples, un même terme devra toujours être écrit de la même manière : « clé » ou « clef », « saoul » ou « soûl »…


5)      Quelle relation entretenez-vous avec les éditeurs ? Et avec les traducteurs ?

Je ne comprends pas cette question  : qu’entendez-vous par « quelle relation » ? Une relation professionnelle – celle qui lie tout employeur et ses salariés –pour ce qui concerne les éditeurs, et de collaboration (directe ou indirecte) avec les traducteurs. L’éditeur, le traducteur, le préparateur de copie et le correcteur ont tous le même objectif : publier un livre aussi bien fini que possible.


6)      Pour corriger un feuillet de 1500 signes, de combien de temps disposez-vous ?

C’est variable selon les maisons d’édition. Disons qu’en moyenne on doit corriger 10 000 signes par heure en préparation de copie, et 12 000 en correction.


7)      Quelles sont les erreurs les plus fréquentes que vous avez à corriger ?

Difficile à dire. Il y a souvent des erreurs concernant les traits d’union (il faut dire que ce n’est pas toujours évident : beaucoup ignorent qu’il faut écrire « un tête-à-tête », mais « dîner en tête à tête » !), ou encore les accents : par exemple, on écrivait autrefois « événement », et presque tout le monde se trompait sur le deuxième « é », à cause de la prononciation de ce mot ; heureusement, l’orthographe « évènement » est désormais admise – suivre l’évolution de la langue et de l’orthographe fait partie intégrante du travail du correcteur, qui doit pour cette raison renouveler régulièrement ses dictionnaires.
Quant à la conjugaison, elle est de moins en moins bien maîtrisée, en particulier le passé composé, dont les accords laissent parfois les auteurs ou les traducteurs perplexes – voir « ils se sont aimés », mais « ils se sont plu » !
La ponctuation pose aussi pas mal de problèmes, les virgules semblent parfois avoir été placées au hasard.


8)      De quels outils disposez-vous pour faire au mieux votre travail ?

Une longue liste de dictionnaires, encyclopédies et autres ouvrages liés à la langue, en ligne ou pas, ainsi que quelques sites professionnels, tels ceux de certaines universités (Caen) ou de l’Office québécois de la langue française. Il faut être très prudent avec Internet, où le pire côtoie le meilleur : faire le tri des informations fiables et des autres n’est pas toujours évident, une encyclopédie comme « Wikipédia » par exemple a une certaine utilité, mais véhicule beaucoup d’erreurs…
Quand la préparation de copie se fait sur écran, on peut avoir recours à des outils professionnels d’aide à la correction, même si rien ne vaut la réflexion et l’œil du préparateur. Mais elle ne se fait pas toujours sur écran, certains éditeurs tiennent encore au travail sur papier avec stylo rouge (pour les corrections définitives et indiscutables) et crayon à papier (pour les suggestions à faire valider par l’auteur ou par le traducteur) : dommage par exemple pour le copier-coller et autres recherches automatiques de telle ou telle expression, qui font tout de même gagner beaucoup de temps.


9)  Faites-vous plusieurs « jets » ou vérifiez-vous plusieurs choses à la fois ?

Là encore, tout dépend des ouvrages et du nombre d’interventions qui a été prévu.
La plupart du temps, il faut quand même bel et bien vérifier plusieurs choses à la fois, surtout en préparation de copie, où on s’occupe en même temps du sens, des informations données (dates, références…), de l’orthographe, de la grammaire, de la ponctuation, et des questions à soumettre à l’auteur ou au traducteur ! C’est moins vrai pour la correction d’épreuves (à condition que l’étape « préparation de copie » ait été bien faite), où l’on s’occupe essentiellement des coquilles, de l’orthographe et de l’unification (tous les titres et intertitres doivent être présentés à l’identique par exemple, et tous les mots ayant plusieurs orthographes doivent être écrits de la même manière dans un même ouvrage).


10)  Corriger des textes a-t-il fait de vous une lectrice différente ? Êtes-vous plus attentive aux tournures de phrases, à l’évolution de l’orthographe dans le temps ?

Une lectrice différente, certes : finalement, je lis moins pour le plaisir, puisque la lecture professionnelle occupe l’essentiel de mon temps. Du coup, j’ai plutôt tendance à (re)lire les classiques, à aller vers des « valeurs sûres », étant donné que mon métier m’amène à être chaque jour ou presque en contact avec la littérature actuelle ; en dehors des livres qui me passent entre les mains, je ne suis pas forcément tentée de lire ce qui se publie aujourd’hui. Mais j’ai lu et corrigé plusieurs centaines de livres contemporains… Pour ce qui est de suivre l’évolution de l’orthographe dans le temps, c’est une évidence : aucun correcteur ne peut faire autrement que de suivre non seulement l’évolution de l’orthographe, mais plus généralement l’évolution de la langue, sous peine de ne pas faire correctement son travail – et c’est bien l’un des plaisirs de ce métier, que l’on exerce aussi entre autres parce que l’on s’intéresse à la langue et à son époque.


11)  Comment faites-vous face à des néologismes, des fautes volontaires présentes dans un texte ? Avez-vous la V.O. comme appui ? Ou bien un contact avec le traducteur ou l’éditeur ?

Le préparateur de copie a toujours un contact avec l’éditeur, voire directement avec l’auteur ou le traducteur dans les petites maisons d’édition qui n’ont pas autant de personnel que les maisons de plus grande taille, où il y a souvent un intermédiaire entre le préparateur et l’auteur ou le traducteur (il peut s’agir d’un éditeur ou d’un assistant d’édition, d’un directeur de collection…). Pour les néologismes ou les fautes voulues, l’idéal est que l’auteur ait pris la précaution d’en avertir l’éditeur, qui le signale au préparateur de copie au moment où il lui confie le travail. Sinon, c’est moi qui signale directement à l’auteur, ou à l’éditeur qui transmettra, les passages qui m’ont posé problème ou sur lesquels il y a doute. Sur papier, la règle est simple : on écrit à l’encre rouge toutes les corrections « obligatoires » et on rédige au crayon tout ce qui est à soumettre à l’auteur, lequel tranchera ensuite avec l’éditeur (voir réponse à la question 9). Ne seront au final enregistrées que les corrections en rouge : si les modifications au crayon sont acceptées, elles sont confirmées en rouge ; dans le cas contraire, elles restent en gris et on n’en tient pas compte dans la version définitive. C’est très important pour les traducteurs en particulier : il peut arriver que je les alerte sur un problème, qu’ils reconnaissent comme tel, mais si la solution que je leur propose ne leur convient pas, ils en trouvent une autre et le problème est réglé en bonne intelligence. Selon les maisons d’édition, on me confie ou pas la V.O. : certains éditeurs ne le souhaitent pas, pour diverses raisons – soit ils préfèrent régler eux-mêmes les problèmes de traduction avec le traducteur (on peut repérer un contresens même sans avoir la V.O. sous les yeux), soit ils craignent que le préparateur de copie ne se laisse trop distraire à force de se référer au texte original.
En fait, contrairement aux apparences, le métier de préparateur de copie a de multiples facettes, et peut être très variable d’un livre à l’autre, voire d’une maison d’édition à l’autre. Le métier de correcteur, lui, est plus uniforme et se pratique partout de la même manière.

vendredi 15 avril 2011

Aujourd'hui, vendredi 15 avril 2011

C'était mon dernier jour de cours.
Rien de bien grave mais je suis un peu nostalgique. En quittant l'université, je lui ai même dit au revoir.
Quitter un endroit où on a passé cinq ans à étudier, à rire, à rencontrer des gens passionnants, ça fait quelque chose...

Mais mon aventure dans la traduction n'est pas terminée!!
Je commence mon stage le 2 mai aux éditions de La Compagnie Littéraire (à Paris) et ma traduction du livre de Jaime Casas est loin d'être parfaite.

J'ai hâte de me lancer pleinement dans mon aventure parisienne (et éditoriale!) et de continuer de me plonger dans ce livre que j'aime tant.

A suivre donc, car vous aurez souvent de mes nouvelles!!

C'est officiel, notre formation va être fermée l'année prochaine. 
Il n'y a pas assez d'argent alors qu'elle en vaut la peine. Nous faisons partie des meilleurs masters de France et on gâche tout pour ouvrir des masters de danse et de chanson française (je n'ai rien contre la danse mais franchement... La chanson française, je préfère ne pas soulever le sujet -_-').
La traduction n'est pas si bien vue, cette formation n'offre pas de postes. Depuis quand les traducteurs sont des employés à plein temps? Triste décision et je me sens bien impuissante...

dimanche 10 avril 2011

Entretien avec Marie Christine Vila, traductrice du catalan.

 Je remercie encore Marie Christine Vila pour le temps qu'elle m'a accordé et pour sa sympathie!


01)   Je me demandais d'abord comment vous en étiez venue à la traduction?
Française et catalane (donc de nationalité française et espagnole), j’ai toujours évolué dans les deux langues, trois en réalité avec le castillan, et je traduisais depuis longtemps occasionnellement. J’ai décidé, il y a quelques années, de me lancer professionnellement dans la traduction par goût de la littérature, un peu déçue peut-être de ne pas voir davantage de littérature catalane traduite en français. Étonnée également de constater que, dans certains cas, les romans catalans étaient en réalité traduits en français à partir de leur traduction en espagnol. 

02) Quelle était votre première traduction et quelle image en avez-vous gardée aujourd'hui? 
Ma première traduction littéraire publiée était Un regard innocent [ Amb ulls de nena] d’Encarnació Martorell, publié aux éditions Anne-Marie Métailié. J’ai aimé traduire ce journal de la guerre civile en Espagne,  rédigé par une petite fille âgée de 12 ans en 1936, un texte difficile à traduire à de multiples égards, mais principalement parce qu’il fallait réussir à conserver une écriture d’enfant (remarquablement correcte et inspirée) et suivre son évolution dont le rythme était imposé à la fois par les circonstances historiques violentes et douloureuses (l’obligation de « grandir » à une vitesse effrayante)  et par l’entrée dans l’adolescence. 

03) Comment choisissez-vous les textes que vous traduisez? (si vous les choisissez) 
L’honnêteté m’oblige à dire que je ne croule pas sous les propositions de traduction du catalan ! Et que je n’ai pas non plus de longues années d’expérience en ce domaine. Par ailleurs, c’est un luxe qui n’est pas si souvent offert, je crois, à la majorité des traducteurs. La situation la plus fréquente consiste à accepter ou non une traduction (sachant qu’il faut gagner sa vie, et que l’on accepte parfois pour cette raison). Pour en revenir aux critères de choix, et dans le cas où je propose à des éditeurs des livres dont je pense qu’ils devraient être traduits en français, le critère principal est tout simplement la qualité intrinsèque de l’ouvrage. Quel bonheur de passer ses journées en compagnie d’un bon roman, d’être dans l’intimité d’une écriture, de personnages, de situations qui vous émeuvent, vous bouleversent, vous surprennent, vous embarquent… !   

 04) Quels rapports vous entreteniez avec les auteurs? Prenez vous parfois contact avec eux? Jusqu’à présent, j’ai toujours été en contact avec les auteurs des ouvrages que j’ai  traduits. Je les rencontre, nous restons en contact, et nous entretenons des relations cordiales. Ensuite, chaque relation est singulière. Jusqu’à présent, j’ai toujours eu envie de m’entretenir directement avec les auteurs et j’ai eu la chance qu’ils manifestent également le souhait de me connaître. 

05) Vous êtes également écrivain, quel type de texte écrivez-vous? (j'ai fait quelques recherches, est-ce bien vous qui êtes musicologue?) 
J’écris des livres sur la musique, qu’il s’agisse de thèmes suggérés par un éditeur (si le projet m’intéresse, j’accepte) ou de sujets auxquels je décide de m’atteler et que je propose alors à un éditeur. J’ai donc publié à ce jour des livres dans des genres aussi différents que la biographie [Cathy Berberian Cant’actrice], l’histoire [Paris Musique, une histoire de la vie musicale parisienne], l’essai [Sotto voce, Mozart à Paris], le guide [Quatre siècles d’opéra], le livre de photo [Piaf, la môme de Paris], etc. 

06) En tant qu'écrivain mais aussi en tant que traductrice, quels rapports entretenez-vous avec les éditeurs ?
De très bons rapports en général. Je n’envisage pas de travailler avec un éditeur autrement que dans le cadre d’une collaboration fructueuse, cordiale si possible et dénuée de relation de subordination. 
Si ce rapport n’est pas satisfaisant, je cesse ma collaboration.    

07) Pensez-vous qu'un bon traducteur doit être un bon écrivain?
Il est bien difficile de répondre à cette question. Il faudrait commencer par définir ce que l’on entend par écrivain et bon écrivain, et l’on risque vite se s’embourber ! On peut toutefois avancer que traducteur est un métier à part entière, différent de celui d’écrivain (d’auteur, disons), que traduire n’est pas transcrire et mettre les mots de la langue originale en français, que ce n’est pas non réinventer le texte. Ceci étant, le traducteur n’a pas à « inventer » le texte, ce qui revient entièrement à l’auteur du texte. Alors non, le traducteur n’est pas un écrivain au sens où il n’est l’auteur de l’ouvrage ; il est tout au plus l’auteur de la traduction. Si le traducteur, comme l’écrivain, s’adresse à un lecteur, avec le souci que ce dernier prenne plaisir à lire l’ouvrage qu’il traduit, il n’est pas le maître du texte, il n’en est que le passeur (et c’est déjà beaucoup). Une chose à ce propos mérite réflexion, et demeure pour moi fascinante quant à ce qu’elle dit de la littérature et de la traduction : un texte littéraire peut traverser les siècles sans prendre une ride (Pantagruel, La divine comédie, Don Quichotte, Hamlet, Les Mille et une nuits…), mais sa traduction dans une autre langue ne survit en général pas plus d’une cinquantaine d’années… Sauf lorsque Baudelaire traduit Poe (mais s’agit-il alors de ce que nous entendons généralement par ‘traduction’ ?).  


08) Traduire a t-il fait de vous une lectrice différente? Et écrire?
Je ne m’étais jamais posé la question concernant le fait de traduire, mais peut-être, oui. Lorsqu’on traduit, on travaille une matière, la langue, comme un artisan travaille un matériau, et l’on acquiert une intimité, une familiarité avec la langue qui est celle-là même qu’on lit, comme lecteur. On devient peut-être également plus exigeant, car à entrer non seulement dans la langue mais également dans un texte (sa structure, par exemple), on aiguise sa perception du texte écrit, et l’on en voit plus rapidement, le cas échéant, les ficelles, les manquements, les facilités, indépendamment de l’histoire qu’il nous raconte. Mon activité de lectrice (de catalan et de castillan) pour des maisons d’édition a également modifié mon attitude vis-à-vis de la lecture : plus je dois lire, plus je lis, plus j’aime lire ; plus je lis et plus je mesure la difficulté d’écrire, et plus j’admire l’art d’écrire lorsque j’ai entre les mains un très beau roman (la perle rare !).  

09) Ecrire a-t-il changé votre conception de la traduction?
Je ne peux pas répondre à cette question car je suis venue tard à la traduction littéraire, je traduis des romans et n’en n’écris pas et je n’ai pas vraiment de conception établie de la traduction. Je n’ai pas fait d’études de traduction, je n’ai pas de diplôme de traduction, ni même de langues pour les deux que je traduis en français, et je n’ai jamais été en situation d’élaborer une/ma conception de la traduction. J’ai toutefois quelques grandes lignes de conduite auxquelles j’essaie de me tenir, comme le plus grand respect du texte original (lire à ce sujet ce qu’écrit Milan Kundera à propos de la traduction française de La Plaisanterie), le respect du lecteur auquel je m’adresse et la plus grande lisibilité en français (faire en sorte que l’on  oublie qu’il s’agit d’une traduction…). 

10) Quel est votre meilleur souvenir en tant que traductrice?
À ce jour, c’est la rencontre avec Encarnació Martorell, l’auteur d’Amb ulls de nena, ma première traduction publiée. Aujourd’hui âgée de 87 ans, Encarnació m’a reçue chez elle, à Barcelone, si heureuse de savoir que son journal (écrit alors qu’elle avait 12 ans !) allait être traduit et publié en France. Lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois, j’avais pratiquement terminé la traduction, et je me trouvais soudainement en compagnie de la petite fille que j’avais appris à connaître au fils des semaines, dont je connaissais la famille, les rêves, les pensées, les premiers émois…  C’était très troublant. Finalement, elle a sorti d’un carton rangé en haut d’une grosse armoire les cahiers d’écolière sur lesquels elle avait écrit ce journal. C’était émouvant. Et j’ai pu constater par moi-même que l’éditeur du texte et le découvreur de ces cahiers, Salvador Domènech, avait respecté à la lettre l’original, sans chercher à « améliorer » ou « corriger » le texte d’une petite fille de 12 ans. Un élément très instructif pour moi. Depuis, je rends visite régulièrement à Encarnació, une dame d’une remarquable intégrité, courageuse, simple, intelligente et attentive aux autres.

11) Enfin, quel conseil donneriez-vous à un(e) apprenti(e) traducteur(trice)?
Un conseil ? Utile, je l’espère : lire et relire sa traduction après l’avoir laissée décanter une semaine, un mois, deux ou plus (un luxe !), en l’ayant oubliée en quelque sorte. Lire comme une lectrice qui ignore l’original, pour voir si ça « coule »… Si vous n’accrochez pas comme lectrice, c’est que la traduction n’est pas satisfaisante ! La lecture à haute voix met souvent en évidence des barbarismes, des maladresses, des lourdeurs, des incohérences…
(ah, un autre petit conseil : ne jamais se dire « c’est pas clair, ça ne veut pas dire grand-chose, mais l’original est comme cela »…  À vous de vous débrouiller pour que le texte soit entièrement lisible !)

mercredi 6 avril 2011

Dernière version de ma nouvelle

Stéphanie Benson a revu nos nouvelles une par une et a noté ses remarques.
Celles que j'ai eu m'ont été très bénéfiques. J'ai compris que certains passages n'apportaient pas grand chose au texte, que certains adjectifs plutôt plats ne servaient pas à grand chose.
Je la remercie pour ses conseils et sa présence lors des ateliers d'écriture. 
Ce fut un de mes ateliers préférés cette année. 
Il ne nous reste d'ailleurs plus qu'une semaine et demi de cours... Je commence à être nostalgique et à me dire que tout est passé trop vite.
Mais bon, l'aventure n'est pas terminée. Ma traduction est loin d'être parfaite, le stage n'est pas encore commencé... Que de choses à vivre cet été!!

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture de ma nouvelle enfin achevée. Elle s'appelle Lune.
Pas très original. Mais il faut dire que trouver un titre n'est pas une mince affaire!!

Assise sur son lit dans sa robe d’un rouge intense, Lune pleurait. Elle n’arrivait pas à croire que malgré tout, son avenir serait heureux. Pourtant ravissante du haut de ses quinze ans, elle devenait une femme. Ses cheveux, d’un noir de jais aux reflets presque bleutés contrastaient avec ses grands yeux verts. Son corps n’avait plus l’air d’être celui d’une enfant. Sa taille s’affinait à mesure que ses hanches s’élargissaient, ses seins étaient devenus ronds et fermes. Plus elle se regardait, plus elle se trouvait jolie. Mais elle ne parvenait pas à sécher ses larmes. Les fleurs d’oranger dégageaient tout autour d’elle une odeur sucrée, qui lui rappelait ses jeunes années passées dans les champs voisins. Elle percevait des voix éloignées qui répétaient, à la fois douces et angoissantes : « C’est le plus beau jour de ta vie ! ».
— Lune, que fais-tu encore ici ? , lui lança une petite femme ronde avec un sourire réconfortant.
— Je me demandais où était mon collier en or. Je crois l’avoir perdu…
— Voyons, ma petite Lune, ne pleure pas pour ça ! Lève-toi, nous allons le chercher, dit la femme en se penchant de tous côtés et en défaisant les draps du lit.
Lune ne bougeait pas. Elle observait sa marraine qui s’agitait autour d’elle sans vraiment la voir. Les voix revenaient, lancinantes : « C’est le plus beau jour de ta vie ! ». Un petit cri aigu lui fit retrouver ses esprits.
— Je m’en doutais ! Il a dû tomber quand tu dormais ! Tiens ma chérie, mets-le. Comme tu as grandi…, murmura la marraine avec une pointe de nostalgie.
— Anne, aide-moi à l’attacher, s’il te plaît, demanda Lune. Puis elle se mit à pleurer de plus belle.
Anne la prit dans ses bras. Une lumière dorée auréolait les deux femmes. Le lit à baldaquins, majestueux, donnait l’impression que Lune était encore toute petite. Le soleil se reflétait sur les draps délicats en créant des reflets moirés. Tout autour d’elle était sublimé. Parfois, l’ombre d’un oiseau dansait sur les murs de pierre, glissant à travers les barreaux de la fenêtre. Il se retrouvait ainsi piégé, malgré lui, dans une petite cage faite de dorures, de pierres froides et de tissus raffinés. Lune se sentait comme ces ombres fuyantes. Depuis un mois, elle errait dans la grande maison familiale, sans appétit, absente, presque invisible. Sa chambre était devenue son seul refuge.
Un bruissement d’ailes la fit se retourner vers la fenêtre. Un corbeau se trouvait sur le rebord et avait passé sa tête à travers les barreaux. La marraine se précipita vers lui pour l’effrayer.
— Va-t’en oiseau de malheur !
Anne faisait de grands gestes désordonnés. Elle avait beau s’égosiller et remuer comme une démente, elle ne parvenait pas à faire fuir le corbeau. Celui-ci, stoïque, l’observait.
Lune ne put réprimer un petit rire au spectacle de sa marraine échevelée et du corbeau indifférent.
— Va-t’en ! Va-t’en ! Et toi Lune, ne ris pas ! Je suis toute décoiffée et cet imbécile d’animal me regarde sans bouger.
— Laisse-le donc, nous avons autre chose à faire. On nous attend.
Lune sentait un nœud se former dans sa gorge à mesure qu’elle prononçait ces paroles. Son sourire s’effaça.
Anne trottina jusqu’au miroir pour tenter de redonner un peu d’allure à son chignon. Le corbeau croassa et s’envola dans le ciel bleu. Une petite brise pénétra dans la pièce. Lune respira profondément pour s’imprégner de l’air pur chargé de l’odeur subtile et rassurante de l’herbe fraîchement coupée. Elle regarda par la fenêtre et sa marraine vint se placer derrière elle. « C’est une belle journée, une fête grandiose nous attend ».
À ces mots, la gorge de Lune devint plus étroite encore et ses mains moites cherchèrent un support sur lequel s’appuyer. Elle ne pouvait rien dire. Il était trop tard.
Anne savait. Depuis toujours. Mais elle non plus ne dirait rien.
La vie était faite ainsi. Des promesses, des compromis, des engagements…
Pour les hommes de haut rang, l’amour était une chose futile et il ne devait, en aucun cas, venir à l’encontre de leurs intérêts.
Après une dernière étreinte, sa marraine proposa à Lune de la suivre jusqu’au jardin. Les invités étaient arrivés et il ne manquait plus qu’elle à la fête.
Lune descendit les escaliers en s’agrippant au bras de celle qui l’avait vue grandir. Elle se dirigea ensuite vers le jardin, faisant abstraction de tout ce qui l’entourait. La douleur viendrait bien assez vite.

Au bout d’un petit chemin parsemé de roses, un jeune homme de dos attendait sa promise. Lune avança, fébrile. Les musiciens avaient déjà commencé à jouer. Tout le monde avait l’air heureux mais la jeune femme était de plus en plus angoissée. Cela se voyait-il ? Le futur marié se retourna et fit un sourire dans sa direction. Rougissant, elle le lui rendit et alla se placer à sa gauche. Ensemble, ils regardèrent la mariée qui avançait en rythme. Vêtue d’une magnifique robe blanche, ses cheveux blonds tressés et ornés d’une couronne de fleurs d’oranger, Amandine, la sœur de Lune, était rayonnante. Elle s’arrêta devant l’autel aux côtés de l’homme qu’elle allait épouser.


Assise sur son lit dans sa robe d’un noir profond, Lune pleurait. Elle tentait de se persuader que malgré tout, son avenir serait heureux. Elle était ravissante du haut de ses vingt ans et désormais, elle était une femme. Cela faisait cinq ans qu’elle était entrée au couvent des Capucines. Parfois, l’ombre d’un oiseau passait entre les barreaux de sa cellule et semblait voltiger sur les murs de pierre. Pour oublier que l’homme dont elle était éprise avait épousé sa sœur, Lune entonnait une prière au nom de son nouvel Amour.

lundi 28 mars 2011

Une autre étape dans ma vie d'apprentie traductrice : le premier contact avec l'auteur...


Ce week-end, un peu stressée, je me suis demandé s’il fallait que je joigne l’auteur du livre que je traduis ou non. Sur les conseils de Caroline, j’ai foncé hier soir.
Je ne trouvais presque rien à propos du livre sur internet (El maquillador de cadáveres, LOM) et encore moins de choses sur l’auteur, Jaime Casas.
Je l’ai trouvé sur facebook (je me suis dis que j’allais voir au cas où mais je ne pensais pas que ça aboutirait…) Il y a énormément de Jaime Casas mais j’avais vu son visage sur un article.
Je lui ai écrit timidement. Je me suis présentée, lui ai dit que je traduisais son livre pour mes études et lui ai expliqué en quoi consistaient ces études. Pour finir, je lui ai demandé s’il aimerait que nous correspondions. J’ai essayée d’être brève et de ne pas l’agresser.
Je ne m’attendais pas à recevoir une réponse si rapide et positive de surcroît ! Ce matin, il avait déjà répondu. Il m’a dit qu’il était enchanté que je lui aie écrit, qu’il avait un tas de questions à me poser (ce que j’ai trouvé assez drôle) et qu’il me remerciait de traduire les aventures de Pancho, le personnage principal.
Pour l’instant j’ai uniquement répondu à ses questions et je verrai où ces échanges de messages nous mènerons. Je n’ai pas de gros problèmes de traduction pour l’instant, plutôt des problèmes de mise en français. J’aimerais parler du texte avec lui, ce qu’il représente pour lui, son histoire (je possède la quatrième édition qui date de 2007. La première date de 1996).

J’ai fait des recherches sur lui car j’ai envie d’en savoir plus sur ce livre qui m’intrigue (oui, même en le traduisant, il m’intrigue encore. Pourquoi ce thème, pourquoi cette région… J’ai déjà quelques idées mais j’aimerais que l’auteur me l’explique).

Caroline m’a demandé si je ne craignais pas de créer une relation "personnelle" qui pourrait me faire perdre ma distance critique. Je dois dire que c’est encore tout frais et que je n’y ai pas vraiment songé… Je vais tenter d’éviter que cet échange influence trop ma traduction mais je pense qu’elle peut aussi l’enrichir. Je ne sais pas trop de quoi nous allons parler par la suite, j’attends son prochain mail. Je vais être prudente et je verrai au fil du temps…


samedi 26 mars 2011

Mario Benedetti, Buzón de tiempo

CONCILIAR EL SUEÑO

Lo que ocurre, doctor, es que en mi caso los sueños vienen por ciclos temáticos. Hubo una época en que soñaba con inundaciones. De pronto los ríos se desbordaban y anegaban los campos, las calles, las casas y hasta mi propia cama. Fíjense que en sueños aprendí a nadar y gracias a eso sobreviví a las catástrofes naturales. Lamentablemente, esa habilidad tuvo una vigencia sólo onírica, ya que un tiempo después pretendí ejercerla, totalmente despierto, en la piscina de un hotel y estuve a punto de ahogarme.
Luego vino un período en que soñé con aviones. Más bien, con un solo avión, porque siempre era el mismo. La azafata era feúcha y me trataba mal. A todos les deba champán, menos a mí. Le pregunté por qué y ella me miró con un rencor largamente programado y me contestó: «Vos bien sabes por qué». Me sorprendió tanto aquel tuteo que casi me despierto. Además, no imaginaba a qué podía referirse. En esa duda estaba cuando el avión cayó en un pozo de aire y la azafata feúcha se desparramó en el pasillo, de tal manera que la minifalda se le subió y pude comprobar que abajo no llevaba nada. Fue precisamente ahí que me desperté, y, para mi sorpresa, no estaba en mi cama de siempre sino en un avión, fila 7 asiento D, y una azafata con rostro de Gioconda me ofrecía en inglés básico una copa de champán. Como ve, doctor, a veces los sueños son mejores que la realidad y también viceversa. ¿Recuerda lo que dijo Kant? El sueño es un arte poético involuntario.
En otra etapa soñé reiteradamente con hijos. Hijos que eran míos. Yo, que soy soltero y no los tengo ni siquiera naturales. Con el mundo como está, me parece un acto irresponsable concebir nuevos seres. ¿Usted tiene hijos? ¿Cinco? Excuse me. A veces digo cada pavada.
Los niños de mi sueño eran bastante pequeños. Algunos gateaban y otros se pasaban la vida en el baño. Al parecer, eran huérfanos de madre, ya que ella jamás aparecía y los niños no habían aprendido a decir mamá. En realidad, tampoco me decían papá, sino que en su media lengua me llamaban «turco». Tan luego a mí, que vengo de abuelos coruñeses y bisabuelos lucenses. «Turco, vení», «Turco, quero la papa», «Turco, me hice pipí». En uno de esos sueños, bajaba yo por una escalera medio rota, y zás, me caí. Entonces el mayorcito de mis nenes me miró sin piedad y dijo: .Turco, jodete.. Ya era demasiado, así que desperté de apuro a mi realidad sin angelitos.
En un ciclo posterior de fútbol soñado, siempre jugué de guardameta o gotero o portero o goalkeeper o arquero. Cuántos nombres para una sola calamidad. Siempre había llovido antes del partido, así que las canchas estaban húmedas y era inevitable que frente a la portería se formara un laguito. Entonces aparecía algún delantero que me fusilaba con ganas, y en primera instancia yo atajaba, pero en segunda instancia la pelota mojada se escabullía de mis guantes y pasaba muy oronda la línea del gol. A esa altura del partido (nunca mejor dicho), yo anhelaba con fervor despertarme, pero todavía me faltaba escuchar cómo la tribuna a mis espaldas me gritaba unánimemente: traidor, vendido, cuánto te pagaron y otras menudencias.
En los últimos tiempos mis aventuras nocturnas han sido invadidas por el cine. No por el cine de ahora, tan venido a menos, sino por el de antes, aquel que nos conmovía y se afincaba en nuestras vidas con rostros y actitudes que eran paradigmas. Yo me dedico a soñar con actrices. Y qué actrices: digamos Marilyn Monroe, Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson y otras maravillas. (A los actores, mi Morfeo no les otorga visa.) Como ve, doctor, la mayoría son veteranas o ya no están, pero yo las sueño tal como aparecían en las películas de entonces. Verbigracia, cuando le digo Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson y otras maravillas. (A los actores, mi Morfeo no les otorga visa.) Como ve, doctor, la mayoría son veteranas o ya no están, pero yo las sueño tal como aparecían en las películas de entonces. Verbigracia, cuando le digo Claudia Cardinale, no se trata de la de ahora (que no está mal) sino la de La ragazza con la valiglia, cuando tenía 21.
Marilyn, por ejemplo, se me acerca y me dice en un tono tiernamente confidencial: «I don’t love Kennedy. I love you. Only you. Sepa usted que en mis sueños las actrices hablan a veces en versión subtitulada y otras veces dobladas al castellano. Yo prefiero los subtítulos, ya que una voz como la de Glenda Jackson o la de Catherine Deneuve son insustituibles.
Bueno, en realidad vine a consultarle porque anoche soñé con Anouk Aimée, no la de ahora (que tampoco está mal) sino la de Montparnasse 19, cuando tenía unos fabulosos 26 años. No piense mal. No la toqué ni me tocó. Simplemente se asomó por una ventana de mi estudio y sólo dijo (versión doblada): «Mañana de noche vendré a verte, pero no a tu estudio sino a tu cama. No lo olvides».
Cómo voy a olvidarlo. Lo que yo quisiera saber, doctor, es si los preservativos que compro en la farmacia me servirán en sueños?.Porque ¿sabe? no quisiera dejarla embarazada.

***

TROUVER LE SOMMEIL

En fait, docteur, dans mon cas les rêves surgissent par cycles thématiques. À une époque, je rêvais d’inondations. Tout à coup les rivières débordaient et inondaient les champs, les rues, les maisons et même mon propre lit. Figurez-vous qu’en rêve j’ai appris à nager et que grâce à cela, j’ai survécu à des catastrophes naturelles. Malheureusement, cette habileté n’eut qu’une application onirique ; parce qu’un moment plus tard, j’ai tenté de la mettre en pratique, totalement éveillé, dans la piscine d’un hôtel et j’ai été sur le point de me noyer.
Ensuite, il y eut une période durant laquelle j’ai rêvé d’avions. Du moins, d’un seul avion, parce que c’était toujours le même. L’hôtesse était très laide et elle me maltraitait. Elle donnait du champagne à tout le monde, sauf à moi. Je lui ai demandé pourquoi et elle m’a regardé avec une rancœur programmée depuis longtemps avant de me répondre : « Tu sais bien pourquoi ». Ce tutoiement m’a tellement surpris qu’il a failli me réveiller. En plus, je ne savais pas à quoi elle pouvait faire allusion. J’étais en train de me le demander quand l’avion chuta dans un trou d’air et que l’hôtesse très laide s’étala dans le couloir, de telle façon que sa minijupe est remontée et que j’ai pu constater qu’en dessous, elle ne portait rien. C’est à cet instant précis que je me suis réveillé, et, à ma surprise, je n’étais pas dans mon lit habituel mais dans un avion, rangée 7 siège D, et une hôtesse au visage de Joconde m’offrait une coupe de champagne dans un anglais approximatif. Comme vous le voyez docteur, quelquefois les rêves sont mieux que la réalité et vice-versa. Vous vous souvenez de ce qu’a dit Kant ? Le rêve est un art poétique involontaire.
Lors d’une autre étape, j’ai rêvé à plusieurs reprises d’enfants. Des enfants qui étaient à moi. Moi, qui suis célibataire et qui n’en ai même pas de naturels. Avec le monde tel qu’il est, cela me semble être un acte irresponsable que de concevoir de nouveaux êtres. Vous avez des enfants ? Cinq ? Excuse me. Parfois je dis de belles sottises. Les enfants de mon rêve étaient assez petits. Certains marchaient à quatre pattes tandis que d’autres passaient leur vie aux toilettes. Apparemment, ils étaient orphelins de mère, vu qu’elle n’apparaissait jamais et que les enfants n’avaient pas appris à dire « maman ». En réalité, ils ne me disaient pas non plus « papa », mais, dans leurs balbutiements ils m’appelaient « turc ». À moi, dont les grands-parents viennent de La Corogne et les arrières grands-parents de Lugo. « Turc, viens », « Turc, je veux à manger », « Turc, j’ai fait pipi ». Dans un de ces rêves, je descendais par un escalier à moitié cassé, et vlan, je suis tombé. C’est alors que le plus grand de mes petits m’a regardé sans pitié et a dit : Turc, bien fait pour ta gueule… C’en était trop, et par conséquent je me suis réveillé en vitesse pour rejoindre ma réalité vide de petits anges.
Dans un cycle ultérieur de football rêvé, j’ai toujours joué comme gardien de but ou goal ou portier. Tant de noms pour une seule calamité. Il avait toujours plu avant la partie, de sorte que le terrain était humide et qu’il était inévitable qu’un petit lac se forme devant les cages. Alors, apparaissait un avant qui me fusillait avec verve. Dans un premier temps, je maîtrisais mais ensuite, la balle mouillée filait de mes gants et passait fièrement la ligne des buts. À ce niveau de la partie (jamais à vrai dire), je désirais vivement me réveiller mais je devais encore écouter de quelle manière la tribune criait unanimement dans mon dos : traître, vendu, combien ils t’ont payé et autres bricoles.
Ces derniers temps, mes aventures nocturnes ont été envahies par le cinéma. Pas par le cinéma d’aujourd’hui, qui a tant fait faillite, mais par celui d’avant, celui qui nous émouvait et qui s’appropriait nos vies avec des visages et des attitudes qui étaient des paradigmes. Je me consacre à rêver d’actrices. Et quelles actrices : Marylin Monroe, Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson et autres merveilles. (Mon Morphée n’octroie pas de visa aux acteurs). Comme vous pouvez le voir, docteur, la plupart sont âgées ou ne sont plus de ce monde, mais je les rêve telles qu’elles apparaissaient dans les films d’alors.
Par exemple, quand je vous dis Claudia Cardinale, il ne s’agit pas de celle de maintenant (qui n’est pas mal) mais de celle de La ragazza con la valiglia, lorsqu’elle avait 21 ans.
Marylin, notamment, s’approche de moi et me dit, sur un ton tendrement confidentiel : « I don’t love Kennedy. I love you. Only you ». Sachez que dans mes rêves, les actrices parlent parfois en version sous-titrée et d’autres fois doublées en espagnol. Je préfère les sous-titres, parce qu’une voix comme celle de Glenda Jackson ou celle de Catherine Deneuve sont irremplaçables.
Bon, en vérité, je suis venu vous consulter parce qu’hier soir j’ai rêvé d’Anouk Aimée, pas celle de maintenant (qui n’est pas mal non plus) mais celle de Montparnasse 1, quand elle avait environ 26 ans fabuleux. Ne pensez pas à mal. Je ne l’ai pas touchée et elle non plus. Elle a uniquement passé sa tête par la fenêtre de mon atelier et dit (version doublée) : « Demain soir je viendrai te voir. Pas à ton atelier mais dans ton lit. Ne l’oublie pas ».
Comment vais-je l’oublier. Ce que j’aimerais savoir, docteur, c’est si les préservatifs que j’achète en pharmacie me seront utiles dans les rêves ? Parce que, vous savez, je ne voudrais pas la mettre enceinte.