Rechercher dans ce blog

samedi 26 mars 2011

Mario Benedetti, Buzón de tiempo

CONCILIAR EL SUEÑO

Lo que ocurre, doctor, es que en mi caso los sueños vienen por ciclos temáticos. Hubo una época en que soñaba con inundaciones. De pronto los ríos se desbordaban y anegaban los campos, las calles, las casas y hasta mi propia cama. Fíjense que en sueños aprendí a nadar y gracias a eso sobreviví a las catástrofes naturales. Lamentablemente, esa habilidad tuvo una vigencia sólo onírica, ya que un tiempo después pretendí ejercerla, totalmente despierto, en la piscina de un hotel y estuve a punto de ahogarme.
Luego vino un período en que soñé con aviones. Más bien, con un solo avión, porque siempre era el mismo. La azafata era feúcha y me trataba mal. A todos les deba champán, menos a mí. Le pregunté por qué y ella me miró con un rencor largamente programado y me contestó: «Vos bien sabes por qué». Me sorprendió tanto aquel tuteo que casi me despierto. Además, no imaginaba a qué podía referirse. En esa duda estaba cuando el avión cayó en un pozo de aire y la azafata feúcha se desparramó en el pasillo, de tal manera que la minifalda se le subió y pude comprobar que abajo no llevaba nada. Fue precisamente ahí que me desperté, y, para mi sorpresa, no estaba en mi cama de siempre sino en un avión, fila 7 asiento D, y una azafata con rostro de Gioconda me ofrecía en inglés básico una copa de champán. Como ve, doctor, a veces los sueños son mejores que la realidad y también viceversa. ¿Recuerda lo que dijo Kant? El sueño es un arte poético involuntario.
En otra etapa soñé reiteradamente con hijos. Hijos que eran míos. Yo, que soy soltero y no los tengo ni siquiera naturales. Con el mundo como está, me parece un acto irresponsable concebir nuevos seres. ¿Usted tiene hijos? ¿Cinco? Excuse me. A veces digo cada pavada.
Los niños de mi sueño eran bastante pequeños. Algunos gateaban y otros se pasaban la vida en el baño. Al parecer, eran huérfanos de madre, ya que ella jamás aparecía y los niños no habían aprendido a decir mamá. En realidad, tampoco me decían papá, sino que en su media lengua me llamaban «turco». Tan luego a mí, que vengo de abuelos coruñeses y bisabuelos lucenses. «Turco, vení», «Turco, quero la papa», «Turco, me hice pipí». En uno de esos sueños, bajaba yo por una escalera medio rota, y zás, me caí. Entonces el mayorcito de mis nenes me miró sin piedad y dijo: .Turco, jodete.. Ya era demasiado, así que desperté de apuro a mi realidad sin angelitos.
En un ciclo posterior de fútbol soñado, siempre jugué de guardameta o gotero o portero o goalkeeper o arquero. Cuántos nombres para una sola calamidad. Siempre había llovido antes del partido, así que las canchas estaban húmedas y era inevitable que frente a la portería se formara un laguito. Entonces aparecía algún delantero que me fusilaba con ganas, y en primera instancia yo atajaba, pero en segunda instancia la pelota mojada se escabullía de mis guantes y pasaba muy oronda la línea del gol. A esa altura del partido (nunca mejor dicho), yo anhelaba con fervor despertarme, pero todavía me faltaba escuchar cómo la tribuna a mis espaldas me gritaba unánimemente: traidor, vendido, cuánto te pagaron y otras menudencias.
En los últimos tiempos mis aventuras nocturnas han sido invadidas por el cine. No por el cine de ahora, tan venido a menos, sino por el de antes, aquel que nos conmovía y se afincaba en nuestras vidas con rostros y actitudes que eran paradigmas. Yo me dedico a soñar con actrices. Y qué actrices: digamos Marilyn Monroe, Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson y otras maravillas. (A los actores, mi Morfeo no les otorga visa.) Como ve, doctor, la mayoría son veteranas o ya no están, pero yo las sueño tal como aparecían en las películas de entonces. Verbigracia, cuando le digo Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson y otras maravillas. (A los actores, mi Morfeo no les otorga visa.) Como ve, doctor, la mayoría son veteranas o ya no están, pero yo las sueño tal como aparecían en las películas de entonces. Verbigracia, cuando le digo Claudia Cardinale, no se trata de la de ahora (que no está mal) sino la de La ragazza con la valiglia, cuando tenía 21.
Marilyn, por ejemplo, se me acerca y me dice en un tono tiernamente confidencial: «I don’t love Kennedy. I love you. Only you. Sepa usted que en mis sueños las actrices hablan a veces en versión subtitulada y otras veces dobladas al castellano. Yo prefiero los subtítulos, ya que una voz como la de Glenda Jackson o la de Catherine Deneuve son insustituibles.
Bueno, en realidad vine a consultarle porque anoche soñé con Anouk Aimée, no la de ahora (que tampoco está mal) sino la de Montparnasse 19, cuando tenía unos fabulosos 26 años. No piense mal. No la toqué ni me tocó. Simplemente se asomó por una ventana de mi estudio y sólo dijo (versión doblada): «Mañana de noche vendré a verte, pero no a tu estudio sino a tu cama. No lo olvides».
Cómo voy a olvidarlo. Lo que yo quisiera saber, doctor, es si los preservativos que compro en la farmacia me servirán en sueños?.Porque ¿sabe? no quisiera dejarla embarazada.

***

TROUVER LE SOMMEIL

En fait, docteur, dans mon cas les rêves surgissent par cycles thématiques. À une époque, je rêvais d’inondations. Tout à coup les rivières débordaient et inondaient les champs, les rues, les maisons et même mon propre lit. Figurez-vous qu’en rêve j’ai appris à nager et que grâce à cela, j’ai survécu à des catastrophes naturelles. Malheureusement, cette habileté n’eut qu’une application onirique ; parce qu’un moment plus tard, j’ai tenté de la mettre en pratique, totalement éveillé, dans la piscine d’un hôtel et j’ai été sur le point de me noyer.
Ensuite, il y eut une période durant laquelle j’ai rêvé d’avions. Du moins, d’un seul avion, parce que c’était toujours le même. L’hôtesse était très laide et elle me maltraitait. Elle donnait du champagne à tout le monde, sauf à moi. Je lui ai demandé pourquoi et elle m’a regardé avec une rancœur programmée depuis longtemps avant de me répondre : « Tu sais bien pourquoi ». Ce tutoiement m’a tellement surpris qu’il a failli me réveiller. En plus, je ne savais pas à quoi elle pouvait faire allusion. J’étais en train de me le demander quand l’avion chuta dans un trou d’air et que l’hôtesse très laide s’étala dans le couloir, de telle façon que sa minijupe est remontée et que j’ai pu constater qu’en dessous, elle ne portait rien. C’est à cet instant précis que je me suis réveillé, et, à ma surprise, je n’étais pas dans mon lit habituel mais dans un avion, rangée 7 siège D, et une hôtesse au visage de Joconde m’offrait une coupe de champagne dans un anglais approximatif. Comme vous le voyez docteur, quelquefois les rêves sont mieux que la réalité et vice-versa. Vous vous souvenez de ce qu’a dit Kant ? Le rêve est un art poétique involontaire.
Lors d’une autre étape, j’ai rêvé à plusieurs reprises d’enfants. Des enfants qui étaient à moi. Moi, qui suis célibataire et qui n’en ai même pas de naturels. Avec le monde tel qu’il est, cela me semble être un acte irresponsable que de concevoir de nouveaux êtres. Vous avez des enfants ? Cinq ? Excuse me. Parfois je dis de belles sottises. Les enfants de mon rêve étaient assez petits. Certains marchaient à quatre pattes tandis que d’autres passaient leur vie aux toilettes. Apparemment, ils étaient orphelins de mère, vu qu’elle n’apparaissait jamais et que les enfants n’avaient pas appris à dire « maman ». En réalité, ils ne me disaient pas non plus « papa », mais, dans leurs balbutiements ils m’appelaient « turc ». À moi, dont les grands-parents viennent de La Corogne et les arrières grands-parents de Lugo. « Turc, viens », « Turc, je veux à manger », « Turc, j’ai fait pipi ». Dans un de ces rêves, je descendais par un escalier à moitié cassé, et vlan, je suis tombé. C’est alors que le plus grand de mes petits m’a regardé sans pitié et a dit : Turc, bien fait pour ta gueule… C’en était trop, et par conséquent je me suis réveillé en vitesse pour rejoindre ma réalité vide de petits anges.
Dans un cycle ultérieur de football rêvé, j’ai toujours joué comme gardien de but ou goal ou portier. Tant de noms pour une seule calamité. Il avait toujours plu avant la partie, de sorte que le terrain était humide et qu’il était inévitable qu’un petit lac se forme devant les cages. Alors, apparaissait un avant qui me fusillait avec verve. Dans un premier temps, je maîtrisais mais ensuite, la balle mouillée filait de mes gants et passait fièrement la ligne des buts. À ce niveau de la partie (jamais à vrai dire), je désirais vivement me réveiller mais je devais encore écouter de quelle manière la tribune criait unanimement dans mon dos : traître, vendu, combien ils t’ont payé et autres bricoles.
Ces derniers temps, mes aventures nocturnes ont été envahies par le cinéma. Pas par le cinéma d’aujourd’hui, qui a tant fait faillite, mais par celui d’avant, celui qui nous émouvait et qui s’appropriait nos vies avec des visages et des attitudes qui étaient des paradigmes. Je me consacre à rêver d’actrices. Et quelles actrices : Marylin Monroe, Claudia Cardinale, Harriet Andersson, Sonia Braga, Catherine Deneuve, Anouk Aimée, Liv Ullmann, Glenda Jackson et autres merveilles. (Mon Morphée n’octroie pas de visa aux acteurs). Comme vous pouvez le voir, docteur, la plupart sont âgées ou ne sont plus de ce monde, mais je les rêve telles qu’elles apparaissaient dans les films d’alors.
Par exemple, quand je vous dis Claudia Cardinale, il ne s’agit pas de celle de maintenant (qui n’est pas mal) mais de celle de La ragazza con la valiglia, lorsqu’elle avait 21 ans.
Marylin, notamment, s’approche de moi et me dit, sur un ton tendrement confidentiel : « I don’t love Kennedy. I love you. Only you ». Sachez que dans mes rêves, les actrices parlent parfois en version sous-titrée et d’autres fois doublées en espagnol. Je préfère les sous-titres, parce qu’une voix comme celle de Glenda Jackson ou celle de Catherine Deneuve sont irremplaçables.
Bon, en vérité, je suis venu vous consulter parce qu’hier soir j’ai rêvé d’Anouk Aimée, pas celle de maintenant (qui n’est pas mal non plus) mais celle de Montparnasse 1, quand elle avait environ 26 ans fabuleux. Ne pensez pas à mal. Je ne l’ai pas touchée et elle non plus. Elle a uniquement passé sa tête par la fenêtre de mon atelier et dit (version doublée) : « Demain soir je viendrai te voir. Pas à ton atelier mais dans ton lit. Ne l’oublie pas ».
Comment vais-je l’oublier. Ce que j’aimerais savoir, docteur, c’est si les préservatifs que j’achète en pharmacie me seront utiles dans les rêves ? Parce que, vous savez, je ne voudrais pas la mettre enceinte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire