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vendredi 8 octobre 2010

Almudena de Artega del Alcázar, La vida privada del emperador

En cualquier fortaleza de Castilla, a mediodía, los ruidos de caballerizos, cocinas, niños jugando y demás servidumbre suelen proporcionar vida a la casa fuerte, pero, cuando entramos en aquel patio, el silencio lo asolaba de tal modo que el sonido de los cascos de Nuestros caballos se dijera el de campanas que tocaran a muerte.
Desmontamos.
Una dama que ni se presentó nos condujo escaleras arriba, abrió una puerta y nos dejó solos ante una mujer completamente vestida de negro cuya toca de viuda hacia resaltar aún más aquellos ojos rasgados y oscuros.
Carlos se acercó a ella, se inclinó respetuosamente y le besó la diestra cerrada.
Madre se mantuvo un largo rato en silencio.
—¡Qué cambiados estáis! —dijo abriendo la mano—. ¿Habéis ido a ver a vuestro padre? Si os he reconocido es por esta moneda. ¿Sabéis?, ya acuñan los escudos con nuestras caras enfrentadas. La verdad es que no sé por qué no ponen también a nuestro lado a Fernando.
En su impasibilidad, Carlos no pudo evitar un respingo.
Supongo que sus pensamientos eran los míos.
¿La enfermedad de mi madre habría sido aprovechada por nuestro hermano para hacerle firmar algún papel que no conocíamos?
Porque no podía referirse a nuestro abuelo Fernando.
¿O acaso estaba tan recluida en sí misma que no sabía que su padre había muerto de lesión cardiaca y, después de ser amortajado con el hábito de dominico, había sido enterrado en Granada, junto a la abuela Isabel?

***
Dans n'importe quelle forteresse de Castille, à midi, le bruit des palefreniers, des cuisines, des enfants en train de jouer et du reste des domestiques fait habituellement vivre la demeure fortifiée. Mais, lorsque nous entrâmes dans cette cour, elle était si ravagée par le silence qu'on eût dit que le son des sabots de nos chevaux était celui de cloches qui annonceraient la mort.
Nous mîmes pied à terre.
Une dame qui ne se présenta même pas nous conduisit en haut des escaliers, ouvrit une porte et nous laissa seuls devant une femme totalement vêtue de noir et dont le voile de veuve faisait d'autant plus ressortir les yeux sombres et en amande.
Carlos s'approcha d'elle, s'inclina avec respect et lui baisa la main droite qu'elle maintenait fermée.
Mère garda le silence un long moment.
- Comme vous avez changé! -dit-elle en ouvrant la main-. Vous êtes allés rendre visite à votre père? Si je vous ai reconnus, c'est grâce à cette pièce. Le savez-vous? On frappe déjà les écus avec nos visages disposés face à face. Je dois avouer que je ne sais pas pourquoi ils ne mettent pas aussi Fernando à nos côtés.
En dépit de son impassibilité, Carlos ne put réprimer un sursaut.
J'imagine que nous songions à la même chose.
Notre frère aurait-il profité de la maladie de ma mère pour lui faire signer quelque document que nous ne connaissions pas?
Car elle ne pouvait pas faire allusion à notre grand-père Fernando.
Ou peut-être était-elle si renfermée sur elle-même qu'elle ne savait pas que son père était mort des suites d'une lésion cardiaque et que, après avoir été mis en bière en habit dominicain, il avait été enterré à Grenade, près de grand-mère Isabel?

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