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samedi 30 octobre 2010

Carmen Laforet, La mujer nueva

Había sido educado para vivir aquí, en el pueblo. Para dirigir prosaicamente la fábrica de quesos y mantequilla que tenía su padre, y cuidar de sus tierras. Tenía un título de ingeniero industrial. Le gustaba el campo... Había sido educado también para vivir con una gran comodidad y con todas las satisfacciones materiales que su familia exigía a la vida. Y se le había dotado de muchas cosas más. Tenía una enorme fuerza física y la cultivó. Le gustaba vivir bien, pero desde muchacho había sido cazador y excursionista y sabía soportar penalidades y hacer frente a muchas situaciones... La guerra le lanzó fuera del pueblo y luego fuera de España. Cuando su hijo Miguel iba a nacer, al terminarse la guerra civil, tuvo que dejar a Paulina en Barcelona, casi abandonada a su suerte... Y aunque pensaba volver en seguida a España, las cosas se arreglaron de tal manera que embarcó hacia América Central, y no hacía ni año y medio que estaba otra vez en su país. Recordó cómo había tenido ocasión de enriquecerse en dos o tres momentos, y no lo logró por algo, una especie de destino extraño que acababa desbaratando todos sus planes ambiciosos. Podía recordar el peor de aquellos momentos, aquella ocasión en que pensó divorciarse en Méjico aprovechando ciertas leyes arbitrarias, para poder casarse con una millonada histérica. Con este matrimonio le parecía que hubiese llegado a una cumbre de poder económico fabuloso... La millonaria se aburrió de él antes de que hubiese terminado de decidir tal proyecto. Paulina no lo supo nunca... Las mujeres no habían sido factor muy fuerte en el destino de Eulogio. Sólo aquel afán de triunfo, de hacer cosas, de moldear la vida. Y es claro, siempre recordaba que tenía un hijo. Él era un hombre muy viril, con un profundo instinto paternal. Al fin creyó que era necesario encontrar otra vez el hogar y el hijo... Pero aún después de su regreso estuvo más de un año empeñado, con aquella ambición de siempre, en una lucha áspera en Madrid, metidos él y la familia en un piso modesto, alquilado con muebles, aguardando la gran ocasión de llegar a dirigir las Empresas Comerciales Nives, en las que trabajaba. Fue un año de dureza, de mal humor, de exigencias con Paulina, que tenía que vivir adaptándose a un sueldo pequeño y que estaba enferma... Un año durante el que se hizo el sordo a las llamadas, a las visitas y a las cartas de su madre... Al fin, cuando Paulina se vino a Villa de Robre, casi secuestrada por Mariana, y le nació aquí un hijo prematuro y muerto, él consintió en venir por obligación... Y solamente darle el olor del valle en la nariz, oír el habla especial de las gentes, encontrar los cómodos sillones de Mariana y ver la chimenea de ladrillos que sobresalía del edificio de la fábrica, supo que aquello era su destino. El destino que desde siempre le estaba aguardando. Y... se quedaba. Ahora mismo, esta tarde, había decidido quedarse. Mariana había tenido razón desde el primer día. Era lógico que al terminar el plazo de arrendamiento de la fábrica el la tomase en sus manos. Tenía que levantar lo que era suyo. Cuidar de aquellas tierras y de la ganadería. Y hasta, ¿por qué no?, sus grandes y emocionantes bosques de Las Duras podían ser una aventura más grande que ninguna de las que le pudieran haber sucedido por el mundo. Su verdadera finalidad estaba en el trabajo que le gustaba y quería hacer. En ese olor de la lluvia de tempestad, en todas estas ramas agitadas encontraba un sentido, nuevo y viejo. Había cosas que empezaron sus abuelos y él tenía que continuar, y cosas que podía empezar a hacer él mismo, allí en su propia tierra, y que sus hijos continuarían...

***

Il avait été élevé pour vivre ici, au village. Juste pour diriger la fabrique de fromages et de beurre que possédait son père et s’occuper de ses terres. Il avait un diplôme d’ingénieur industriel. Il appréciait la campagne… Il avait également été élevé pour vivre dans un grand confort et avec toutes les satisfactions matérielles que sa famille exigeait de la vie. Il avait aussi hérité de beaucoup d’autres choses. Il avait une énorme force physique qu’il cultiva. Il aimait vivre aisément, mais depuis son adolescence, il avait été chasseur et randonneur et il savait supporter des contraintes et faire face à de nombreuses situations… La guerre l’expulsa hors du village et ensuite, hors d’Espagne. Quand son fils Miguel allait naître, à la fin de la Guerre Civile, il dut laisser Paulina à Barcelone, presque abandonnée à son sort… Et bien qu’il pensât revenir de suite en Espagne, les choses s’organisèrent de telle sorte qu’il embarqua pour l’Amérique Centrale, alors que ça ne faisait pas encore un an et demi qu’il était de nouveau dans son pays. Il se rappela comment il avait eu l’occasion de s’enrichir à deux ou trois reprises, sauf qu’il n’y parvint pas, pour une raison bien précise : une espèce de destin étrange qui finissait par bouleverser tous ses plans ambitieux. Il pouvait se souvenir du pire de ces moments : cette fois où il pensa divorcer au Mexique en profitant de certaines lois arbitraires, afin de pouvoir se marier avec une millionnaire hystérique. Grâce à ce mariage, il lui semblait qu’il aurait atteint le sommet d’une puissance économique fabuleuse… La millionnaire se lassa de lui avant qu’il n’eût pris la décision de réaliser un tel projet. Paulina ne le sut jamais… Les femmes n’avaient pas été un facteur très déterminant du destin d’Eulogio. Il y avait uniquement cette soif de triomphe, d’accomplir des choses, de modeler sa vie. Ce qui est sûr, c’est qu’il se rappelait tout le temps qu’il avait un fils. C’était un homme très viril, doté d’un fort instinct paternel. Tout compte fait, il pensa qu’il lui fallait retrouver son foyer et son fils… Néanmoins, même après son retour, il s’engagea pendant plus d’un an, avec cette ambition éternelle, dans une lutte acharnée à Madrid, coincé avec sa famille dans un modeste appartement meublé, attendant l’opportunité de pouvoir diriger les Entreprises Commerciales Nives, où il travaillait. Ce fut une année faite de dureté, de mauvaise humeur, d’exigences envers Paulina, qui devait vivre en s’adaptant à un bas salaire et qui était malade… Une année durant laquelle il fit la sourde oreille face aux appels, aux visites et aux lettres de sa mère. Finalement, quand Paulina alla vivre à la Villa de Robre, quasiment séquestrée par Mariana et que ce fut ici qu’elle mit au monde prématurément un enfant mort-né, il consentit à venir par obligation… C’est seulement au contact de l’air de la montagne avec son nez, en entendant le parler particulier des gens, en retrouvant les fauteuils douillets de Mariana et en voyant la cheminée en briques qui se dressait sur le bâtiment de la fabrique, qu’il sut que tout ceci, c’était son destin. Le destin qui l’attendait depuis toujours. Ainsi donc…il restait. Maintenant, cet après-midi, il avait décidé de rester. Mariana avait eu raison dès le premier jour. Il était logique qu’à la fin du crédit de location de la fabrique, ce soit lui qui la reprenne. Il devait faire fructifier ce qui était à lui. S’occuper de ses terres et du bétail. Et ses grands et touchants bois des Duras pouvaient même, pourquoi pas, représenter une aventure plus importante que toutes celles qui auraient pu lui arriver en ce monde. Son véritable but résidait dans le travail qu’il aimait et qu’il voulait faire. Dans cette odeur de la pluie d’orage, dans toutes ces branches agitées il trouvait un sens, à la fois neuf et ancien. Il y avait des choses que ses grands-parents avaient commencé et qu’il devait poursuivre, ainsi que des choses que lui-même pouvait commencer à faire, là-bas sur ses propres terres et que ses fils poursuivraient.

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