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jeudi 7 octobre 2010

Première version

Voici la première version que nous avons eu à rendre après avoir été admis au M2 Métiers de la traduction littéraire (espagnol) de Bordeaux III.
De nombreuses autres traductions suivront, n'hésitez pas à laisser des avis grâce aux commentaires.
Ces versions sont aussi disponibles sur le blog du master : TRADABORDO. Sur ce blog, vous trouverez tous les travaux de notre promotion et des deux précédentes ainsi que des références culturelles, des chansons, etc.


Mi difunta hermana Eloína, que gloria haya, veinte años mayor que yo, guisaba primorosamente, pero a la antigua. Nunca utilizó otro procedimiento que la cocina económica. Mediante la leña y el carbón y una sabia manipulación del tiro, conseguía el punto de los alimentos. Ése era todo su secreto. Y no se piense usted, señora, que en nuestra casa se condimentaran selectos manjares, porque lo que hace de la cocina un arte es precisamente lo contrario, halagar el paladar con lo sencillo, darle un punto requerido a lo cotidiano: un cocido castellano, unas sopas o unas lentejas. ¡­Qué cocidos preparaba mi difunta hermana Eloína!
El jueves pasado, en casa de mi fiel amigo Baldomero Cerviño, compañero del periódico, me obsequiaron con un cocido y no voy a decirle a usted que estuviera malo pero allí faltaba algo esencial y ¿sabe usted qué era?: el relleno. ¿Concibe usted, señora, un cocido castellano sin relleno? A mi entender, el relleno es la quintaesencia del cocido, el cocido mismo. Un relleno esponjoso, tierno, sabroso, empapado de la sustancia del guiso, es lo que nos da la medida de este plato. Otro error, muy frecuente en este punto: sustituir el repollo por coliflor. Costumbres, dirá usted, pero eso no es un argumento; yo creo que hay que resistir contra estos atentados, los sucedáneos no deben prevalecer, no podemos permitirlo. En la cocina, no es lícito saltarse a la torera la tradición como no es lícito prescindir del punto. Ambos son indispensables; sin ellos no hay cocina. ¿Admitiría usted, señora, una paella del interior sin chorizo ni pimientos morrones?
Pensará usted, a la vista de lo escrito, que su corresponsal es un glotón insaciable, un ser que solamente piensa en comer, cuando a mi la comida me agrada con mesura y discreción. Aborrezco a los tragones, quizá por despecho, porque desde joven tuve un estómago delicado, tal vez porque mi profesión no haya sido la más indicada para gozar de los placeres gastronómicos. Desde niño fui sobrio para comer, pero como hombre de paladar me gustan los alimentos sazonados y en su punto.

Miguel Delibes, Cartas de amor de un sexagenario voluptuoso

***
Feu ma sœur Eloina, bénie soit-elle, de vingt ans mon aînée, cuisinait à merveille, mais à l'ancienne. Elle n'a jamais utilisé une autre méthode que la cuisine économique. Grâce au bois et au charbon ainsi qu'à une savante manipulation de l'air, elle réussissait des aliments parfaits. C'était là tout son secret. Et ne pensez pas, madame, que l'on assaisonne chez nous des plats nobles, car ce qui fait que la cuisine est un art est précisément le contraire, flatter le palais avec simplicité, privilégier le quotidien : un pot-au-feu espagnol, des soupes ou des lentilles. Quels pots-au-feu que ceux que préparait ma défunte sœur Eloina!
Jeudi dernier, chez mon fidèle ami Baldomero Cerviño, collègue du journal, on m'offrit un pot-au-feu et je ne vous dirai pas qu'il fût mauvais mais il y manquait une chose essentielle et savez-vous ce que c'était?: la farce. Vous imaginez, madame, un pot-au-feu espagnol sans farce? A mon avis, la farce est la quintessence du pot-au-feu, le pot-au-feu lui-même. Une farce spongieuse, tendre, savoureuse, imbibée de la substance du mets, est ce qui nous donne la mesure de ce plat.
Autre erreur, très fréquente sur ce point : remplacer le chou vert par du chou fleur.
Des habitudes, direz-vous, mais ceci n'est pas une raison : je crois qu'il faut résister contre ces atteintes, les substituts ne doivent pas prévaloir, nous ne pouvons pas le permettre.
Dans la cuisine, il n'est pas licite de faire fi de la tradition comme il n'est pas licite de faire abstraction de la perfection. Tous deux sont indispensables : sans eux il n'y a pas de cuisine. Vous accepteriez, madame, une paella typique sans chorizo ni poivrons rouges?
Peut-être pensez-vous, en voyant ce qui est écrit, que votre correspondant est un glouton insatiable, un être qui pense seulement à manger, quand la nourriture me plaît avec modération et discrétion. Je déteste les goinfres, peut-être par dépit, car depuis ma jeunesse j'ai eu un estomac délicat, sans doute parce que ma profession n'ait été la mieux indiquée pour jouir des plaisirs gastronomiques. Depuis tout petit j'ai mangé sobrement, mais en tant que fin gourmet j'apprécie les aliments assaisonnés et fameux.

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