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samedi 16 octobre 2010

Arturo Pérez Reverte, El maestro de esgrima

Antes de salir de casa se había acicalado con esmero, resuelto a causar buena impresión en la que, sin duda, era madre de un futuro alumno. Al llegar a la puerta se arregló cuidadosamente la corbata, golpeando después la pesada aldaba de bronce que pendía en las fauces de una agresiva cabeza de león. Extrajo el reloj del bolsillo del chaleco y consultó la hora : siete menos un minuto. Aguardó, satisfecho, mientras escuchaba el sonido de unos pasos femeninos que se acercaban por un largo pasillo. Tras un rápido correr de cerrojos, el rostro agraciado de una doncella le sonrió bajo una cofia blanca. Mientras la joven se alejaba con su tarjeta de visita, entró don Jaime en un pequeño recibidor amueblado con elegancia. Las persianas estaban bajas y por las ventanas abiertas se oía el rumor de los carruajes que circulaban por la calle, dos pisos más abajo. Había testeros con plantas exóticas, un par de buenos cuadros en las paredes y sillones ricamente tapizados en terciopelo de seda carmesí. Pensó que se las iba a ver con un buen cliente, y ello le hizo sentirse optimista. No estaba de más, habida cuenta de los tiempos que corrían.

La doncella regresó al cabo de un momento para rogarle que pasara al salón tras hacerse cargo de sus guantes, bastón y chistera. La siguió por la penumbra del pasillo. La sala estaba vacía, así que cruzó las manos a la espalda e hizo un breve reconocimiento de la estancia. Deslizándose entre las cortinas semiabiertas, los últimos rayos del sol poniente agonizaban despacio sobre las discretas flores azul pálido que empapelaban las paredes. Los muebles eran de extraordinario buen gusto ; sobre un sofá inglés campeaba un óleo de firma, mostrando una escena dieciochesca : una joven vestida de encajes se columpiaba en un jardín, mirando expectante por encima del hombro, como si aguardase la inminente llegada de alguien muy deseado. Había un piano con la tapa del teclado abierta y unas partituras en el atril. Se acercó a echar un vistazo : Polonesa en fa sostenido menor. Federico Chopin. Sin duda, la poseedora del piano era una dama enérgica.

***

Avant de sortir de chez lui, il s’était pomponné avec soin, résolu à faire bonne impression à celle qui, vraisemblablement, était la mère d’un futur élève. En arrivant devant la porte, il arrangea sa cravate avec précaution, frappant ensuite le lourd heurtoir de bronze, qui pendait entre les  mâchoires d’une tête de lion agressive. Il sortit sa montre de la poche de son gilet et consulta l’heure : dix-huit heures et cinquante neuf minutes. Il patienta, satisfait, tout en entendant le bruit de pas féminins qui s’avançaient dans un long couloir. Après un rapide tour de verrou, sous une coiffe blanche, le visage ravissant d’une domestique lui sourit. Alors que la jeune fille s’éloignait avec sa carte de visite, don Jaime pénétra dans un petit vestibule meublé avec élégance. Les persiennes étaient abaissées et par les fenêtres ouvertes, on entendait la rumeur des coches qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait des pots de plantes exotiques, deux jolis tableaux sur les murs et des fauteuils richement tapissés de velours de soie cramoisie. Il songea qu’il allait avoir affaire à un bon client, et ceci le rendit optimiste. Ce n’était pas de trop, compte tenu des temps qui couraient.

Au bout d’un moment, la domestique revint pour lui prier d’entrer dans le salon après l’avoir débarrassé de ses gants, de sa canne, ainsi que de son chapeau haut de forme. Il la suivit dans la pénombre du corridor. La pièce était vide : il croisa donc les mains derrière son dos et il procéda à une brève reconnaissance des lieux. Comme ils se glissaient entre les rideaux entrouverts, les derniers rayons du soleil couchant mouraient doucement sur les discrètes fleurs bleu pâle qui couvraient les murs. Les meubles étaient d’un bon goût extraordinaire ; sur un canapé anglais ressortait une peinture à l’huile, qui représentait une scène du dix-huitième : une jeune femme vêtue de dentelle chaloupait dans un jardin, en regardant de façon expectante par-dessus son épaule, comme si elle attendait l’arrivée imminente de quelqu’un qu’elle estimait beaucoup. Un piano avec le couvercle du clavier ouvert et des partitions sur le pupitre se trouvait là. Il s’approcha pour jeter un coup d’œil : Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. Sans doute la propriétaire du piano était-elle une dame énergique.

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